Le réalisateur Bernard Émond présente cette semaine le troisième volet de sa trilogie sur les vertus théologales, La donation. Après avoir été présenté au Festival de Cinéma en Abitibi-Témiscamingue, le film prendra l'affiche à travers le Québec ce vendredi. Émond a réunis ses comédiens sur le tapis rouge du cinéma Impérial pour la première montréalaise du film hier soir.
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Est-ce que La donation est un film nostalgique? « Nostalgique, non, mais douloureux, oui. Je ne suis pas nostalgique de l'époque où les femmes avaient douze enfants et que le curé disait à tout le monde quoi faire à partir de sa chaire. Par contre, je suis conscient qu'au Québec on est en train de perdre beaucoup de choses importantes. »
« On ne peut pas ne pas être heureux de la liberté qu'on a conquise depuis deux ou trois générations. Mais en conquérant cette liberté-là, on a coupé des liens, toutes sortes de liens, avec le passé, le milieu familial, qui fait qu'on est plus seul que jamais. »
A-t-on perdu une solidarité sociale? « Je pense que oui. Un certain sens de la solidarité. Dans notre obsession pour les droits, on a oublié que sans les devoirs, ça n'a aucun sens. Ce n'est pas un film réactionnaire qui souhaite revenir en arrière; c'est un film qui prend la mesure de nos pertes, qui s'interroge sur nos liens avec le passé. »
« À terme, l'égoïsme collectif qu'on vit est mauvais. » Avez-vous l'impression que cet égoïsme se manifeste davantage en milieu urbain? « La campagne change comme la ville... mais c'est certain que dans les régions rurales, il reste un réseau de solidarité plus dense. »
C'est un peu ce que vit Jeanne à son arrivée à Normétal. « Comme tout le reste de notre société, le travail du médecin s'est technicisé. Pourtant, le rapport humain est central dans un travail de guérison. L'attention pour l'humain est essentielle. »
On a parfois l'impression que les personnages secondaires utilisent une langue qui ne semble pas leur appartenir, une langue trop soutenue pour leur personnage. À l'exception des médecins, bien sûr... « Non, je ne crois pas. Il n'y a pas tant de dialogues que ça. Si vous repassez ce que les gens disent, c'est plutôt simple. Ce qui vous donne cette impression-là c'est peut-être que ce qui m'intéresse chez eux, c'est leur dignité. Pour ce qui est des dialogues, je fais très attention de respecter le niveau de langue. »
Le film prend l'affiche ce vendredi.