Le nouveau film de Jean Becker, Deux jours à tuer, prend l'affiche au Québec quelques mois seulement après sa sortie française. Dans le film, Marie-Josée Croze donne la réplique à Albert Dupontel, qui incarne un homme dans la quarantaine qui décide de tout abandonner : son travail, sa famille, ses amis, ses enfants.
Le réalisateur et l'actrice étaient sur le tapis rouge du cinéma Impérial, mercredi soir, pour présenter le film au public québécois.
Jean Becker
Comment avez-vous choisi d’adapter pour le cinéma Deux jours à tuer? « Quelqu’un m’a fait lire ce livre, et j’ai trouvé que le comportement du personnage principal était très important, peut-être pas nouveau mais très intriguant et très courageux. »
Votre film précédent aussi était tiré d’un roman... « C’est parce que je n’ai pas les idées moi-même alors je dois aller les chercher ailleurs! Le défi de l’adaptation, c’est que dans un livre, la littérature vous permet de dire ce que pensent les gens, alors il faut trouver des images qui correspondent. »
Faut-il avoir d’avantage recours aux dialogues? « Ça dépend des livres. Dans ce livre-ci, les dialogues ont étés plus travaillés parce qu’ils étaient moins fournis dans le livre. »
On a l’impression que votre film veut prendre le temps qu’il faut, certaines scènes durent parfois quinze minutes dans une seule pièce... « C’est l’histoire qui veut ça vous savez. Il y a des scènes qui nécessitent des explications. Moi, je raconte des histoires comme je le peux. C’est peut-être classique, mais en général, je raconte des histoires avec mes émotions, avec ce que je ressens. »
« Une chose est certaine : moins on remarque une mise en scène, mieux on suit une histoire. Quand on fait attention à la mise en scène, ça vous distrait. »
Allez-vous souvent au cinéma? « Oui, mais pas quand je travaille. Je ne veux pas être influencé par le travail de mes confrères. »
Au sujet d’Albert Dupontel dans le rôle principal... « C’est un homme très instinctif, c’est un homme qui ne joue pas, il se transforme. Pour être comédien il ne suffit pas d’apprendre un texte et d’être bien sur ses jambes, il faut aussi croire en ce qu’on dit. » Et Marie-Josée Croze? « Elle est pareille. »
Et il y a la chanson à la fin... « Ce n’est pas une chanson c’est plutôt un texte dit par Serge Reggiani, qui à mon avis résume énormément ce que pourrait dire le personnage central du film. » Et Jean Becker n’avait même pas terminé sa phrase qu’il s’enquérait déjà de si on avait avisé le projectionniste de laisser le générique jusqu’à la fin, porté par les mots de Jean-Loup Dabadie dits par Serge Reggiani...
Marie-Josée Croze
Comment le projet est-il arrivé sur votre bureau? « Celui-ci il n’est pas arrivé sur mon bureau, je suis allé le chercher. Un ami me disait que j’aimerais sûrement tourner avec Jean Becker parce que c’est un fabuleux directeur d’acteurs... »
Qu’est-ce qui fait un directeur d’acteurs fabuleux? « Il cherche la vérité de chaque scène, il est sans fausse pudeur, il est courageux et il cherche la sincérité. Il met les acteurs dans des conditions de confiance. On a envie de lui donner ce qu’il veut. Parce que c’est lui le chef, nous on est au service d’une œuvre... »
Recherchez-vous la vérité à travers le passé de vos personnages? « C’est exact. J’essaie de comprendre qui je joue, c’est-à-dire que je réfléchis beaucoup avant, mais au moment de tourner, je me lance. Je crois en chaque virgule, chaque point, chaque respiration, chaque phrase que je dis. La sincérité c’est de cette façon-là qu’on peut l’obtenir. »
Dans ce cas, est-ce que les premières prises sont souvent les meilleures? « Moi j’aime beaucoup les premières prises, justement. Au bout d’un certain temps, j’ai tendance à m’entendre et à me voir jouer et ça ça m’intéresse moins. »
Contrairement à d’autres films, Deux jours à tuer est un film français qui n’est pas inaccessible aux Québécois. En fait, rien n’y est si typiquement français qu’on n’y comprendrait rien ici... « C’est un film qui est universel dans son propos. C’est l’histoire d’un homme qui va devenir lui-même par un événement de sa vie qu’on ne peut pas révéler. C’est un personnage qui roule très très vite dans une voiture et qui doit négocier les virages, comme je l’explique métaphoriquement. C’est universel, c’est intemporel et ce sera compris par tous les gens qui comprennent le français. Et après ce sera traduit et sous-titré dans toutes les langues du monde, je l’espère! »