Plusieurs producteurs ont récemment exprimé leurs craintes face à l'achat d'Alliance Vivafilms par eOne Entertainment. Partrick Roy, ancien président d'Alliance, maintenant président des Films Séville, filiale québécoise d'eOne, a tenu a rassuré l'industrie par une lettre publiée par le Journal Le Devoir. Vous pouvez lire intégralement la lettre en question ci-dessous :
« Au cours des dernières semaines, quelques voix se sont élevées dans l'industrie du cinéma québécois afin d'exprimer des craintes à la suite du regroupement des Films Séville et d'Alliance Vivafilm. C'est en tant que nouveau président des Films Séville que je souhaite m'exprimer afin de partager nos intentions et rectifier certaines inexactitudes qui circulent présentement.
D'entrée de jeu, je tiens à préciser que Les Films Séville, avec leur siège social basé à Montréal, sont une filiale autonome de Entertainment One (eOne). eOne est quant à elle une compagnie inscrite à la Bourse de Londres, mais canadienne et non britannique, comme on a pu le lire dans certains médias.
De plus, notre engagement est clair et je le réitère, Les Films Séville souhaitent maintenir l'investissement substantiel dans le cinéma québécois auparavant accordé par Alliance Vivafilm et Les Films Séville. Et j'ajouterais que notre volonté est même d'en faire encore plus. Les gens qui nous connaissent savent que nous sommes passionnés par le cinéma québécois ; à preuve, nous nous sommes impliqués au cours des 15 dernières années dans la distribution de plus de 150 films québécois, dont plus de 40 premières oeuvres. Et je suis convaincu qu'avec l'union des forces des Films Séville et d'Alliance Vivafilm, nous avons encore plus à offrir aux créateurs québécois, ici et à l'étranger. En effet, notre entreprise, en plus de distribuer de nombreux films québécois à l'international, est aussi présente aux États-Unis, en Angleterre, en Irlande, en Hollande, en Belgique, en Espagne, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il est pertinent de rappeler, par exemple, que c'est notre compagnie qui distribue, autant au Québec qu'à l'étranger, le film Incendies de Denis Villeneuve. De plus, nous avons distribué - ou allons prochainement le faire - plusieurs films québécois à l'international et directement sur nos territoires, notamment Incendies en Australie, Starbuck aux États-Unis et en Australie, ainsi que Inch'Allah aux États-Unis. Sans oublier les centaines de festivals de films internationaux où nous avons accompagné de nombreux films québécois. C'est là un appui réel et fort à nos talents québécois, qui continuent de rayonner sur la planète.
Je respecte les craintes exprimées par certains producteurs québécois, mais il est faux de prétendre que nous avons refusé certains projets parce qu'ils ne cadrent plus dans les plans de l'entreprise. Nous avons toujours eu et aurons toujours la prérogative de refuser certains projets, en nous basant sur notre évaluation de leur contenu et de nos ressources financières, mais nous allons continuer d'encourager au Québec la diversité des voix, des genres, et ce, autant pour la relève que pour les réalisateurs établis. À titre d'exemple, au cours des dernières semaines, nous avons présenté 21 projets de films québécois aux institutions afin d'obtenir du financement en production ; le tout, en collaboration avec 16 sociétés de production québécoises.
Je reconnais aussi l'exactitude de certains constats énoncés par le Regroupement des distributeurs indépendants de films du Québec (RDIFQ) la semaine dernière lors d'une rencontre de presse. En effet, les défis sont nombreux pour les distributeurs d'ici et de partout dans le monde, et ce, qu'ils soient de grande ou petite taille. Notre industrie est en profonde mutation et nous devons sans cesse nous réinventer. Nous devons tous composer avec des changements technologiques importants, mais l'impact de ceux-ci n'est pas que négatif et il y a des opportunités que tous peuvent saisir. Il est faux toutefois de prétendre que notre entreprise peut imposer sa volonté aux propriétaires de salles ou à quelque autre partenaire de notre industrie. Nous sommes tous confrontés à la même réalité : c'est la performance de nos films qui fait foi de tout et qui permet d'assurer une longue présence de ceux-ci sur les différentes plateformes d'exploitation.
Nous souhaitons une saine et dynamique compétition en distribution de films au Québec parce que malgré leur taille, Les Films Séville ne peuvent pas tout faire. Le RDIFQ regroupe huit entreprises qui ont un rôle à jouer tout comme des entreprises telles que Métropole Films et Remstar, dont le RDIFQ parle peu, mais qui pourtant contribuent depuis de nombreuses années à la vitalité de notre cinéma. Nous pensons aussi que le regroupement des Films Séville et d'Alliance Vivafilm mènera probablement à la création de nouveaux distributeurs qui voudront profiter d'un espace à combler dans le marché. Cette situation offrira aussi de réelles opportunités aux distributeurs existants d'accroître leur niveau d'activité en distribution. Une belle occasion à saisir donc pour les gens qui sauront faire preuve de dynamisme, d'audace et de détermination. »