À quelques jours à peine de la sortie très attendue de Nitro, deuxième film du réalisateur Alain Desrochers, les acteurs et artisans du film se sont réunis pour parler un peu de leur expérience sur le plateau.
Lorsque sa femme Alice est admise à l'hôpital, Max se promet de mettre tout en oeuvre pour lui trouver ce nouveau coeur qui lui manque si cruellement. Pour ce faire, il devra reprendre contact avec d'anciens amis et surtout, une ancienne maîtresse, Morgane. Avec les policiers et le crime organisé à ses trousses, Max n'a que très peu de temps pour sauver la femme qu'il aime et sa propre peau.
Cinoche.com a donc rencontré Guillaume Lemay-Thivierge, Lucie Laurier, Alain Desrochers, Benoît Guichard, Martin Matte et Bianca Gervais.
Guillaume Lemay-Thivierge
Guillaume Lemay-Thivierge est déjà bien connu des fervents du petit écran. Après avoir participé à Chambre en ville, Lance et compte et Le négociateur, il a défendu le rôle principal de Casino, la série de Réjean Tremblay. Pourtant, en 2007, c’est au grand écran qu’il risque de laisser sa marque; dans Nitro, d’abord, où il incarne Max, le personnage principal. « Au Québec quand on commence à tripper sur quelqu’un, on trippe solide sur quelqu’un. Et puis là on dirait que c’est un peu à mon tour, avec Casino j’avais l’impression de passer Go, mais là! C’est un rêve de petit gars »
« Alain m’a conté le scénario et j’étais déjà emballé. Comme si je te proposais tout ce que tu n’as même pas osé espérer et je te dis : « Voilà, tu peux le faire. »
Ancien gymnaste et acrobate, il dit avoir travaillé toute sa vie pour une rôle comme celui-là. « Alain avait besoin de quelqu’un de physique comme moi. Quand mon père et ma mère m’obligeaient à faire des cours de gymnastique, ils me disaient : « Tu sais, un jour, tu vas pouvoir tout faire dans un film. » Et pour moi, un film, c’est le summum, c’est l’apothéose de ma vie parce que c’est ça que j’aime faire. Faire quelque chose pour un Kodak. »
Un entraînement difficile était cependant requis. « J’étais avec un champion de karaté, Jean Frenette, pour l’entraînement. C’est le coordonnateur des cascades du film, c’était mon coach. Un mois avant le tournage, quatre fois par semaine, le gros entraînement physique, le cardio, la musculation, les combats, la boxe, il m’a pris en charge pour que je sois vraiment au top de ma forme. »
Tout ça dans le but de participer aux nombreuses cascades du film. « J’ai fait 90% des cascades. Je voulais toutes les faire mais ils ont été obligés de me calmer. »
Et ce n’est que le début, puisqu’on pourra voir Guillaume Lemay-Thivierge dans Les 3 p’tits cochons, en août prochain.
Lucie Laurier
« Je connais Alain Desrochers depuis très longtemps. En 2001, il m’appelle pour me dire qu’il a un scénario à me faire lire. C’était Nitro, qui s’appelait « Adieu, Max » à l’époque. » dit l’actrice bien connue pour ses rôles de femme fatale au cinéma. C’est que le réalisateur l’avait déjà choisie avant même l’écriture du scénario. « Il connaissait des choses de moi que peu de gens connaissent. J’ai un petit côté tomboy, plus énergique. J’ai du caractère, peut-être que les gens ne me voyaient pas comme ça, mais lui le savait. »
Lucie Laurier incarne donc Morgane, ancienne maîtresse de Max, qui n’est pas très contente de le voir tomber littéralement dans son bain. « Moi aussi j’ai un côté assez dur. Je pense être affirmée, je pense m’assumer aussi. Peut-être que je suis moins aigrie qu’elle. J’aime dire que c’est un peu moi si je n’allais pas voir un psychologue. »
« Je n’aime pas parler de la préparation parce que je trouve que ça enlève du mystère. Ça donne moins le goût de voir le film. Mais évidemment, je pense que quand tu décides de prendre un rôle, tu y penses tout le temps, et ce que je voulais c’est qu’on comprenne pourquoi elle était sur la défensive. C’est une fille qui a payé très cher le fait d’avoir poussé ses passions. »
« Le défi, c’était de lui apporter une humanité. »
Et le grand écran, même quand on accumule les rôles, reste un défi en soi et un moyen fabuleux pour raconter des histoires. « J’adore le cinéma, entre autres quand tu as des gros plans, souvent tu regardes à la loupe quelque chose que tu ne percevrais peut-être pas dans la vie. »
Alain Desrochers
Le réalisateur de La bouteille exploite avec Nitro un tout nouveau genre. « J’avais le goût de faire un film d’action. On était parti pour faire une comédie dramatique mais après ça on s’est dit « fuck la comédie, on fait ça full dramatique, on va y aller à font la caisse. »
Et il a eu droit pour ce deuxième film à un duo d’acteurs principaux parmi les plus populaires du moment. « Pour Lucie Laurier, je savais dès le départ que je la voulais elle parce que j’aimais le côté sex-appeal que Lucie dégage et je voulais utiliser le côté tough de cette fille-là qu’on ne voit jamais au cinéma. On la voit tout le temps faire des jolies filles fringantes. »
« Pour Guillaume, on a pris un coup ensemble à Rouyn-Noranda, et je trouvais que c’était un gars qui avait du corps au ventre et la vivacité du personnage. C’est un gars qui est carrément cow-boy. »
« Là on vient de faire un film d’action, mais mon film La bouteille ce n’était pas un film d’action, et mon prochain film ne sera pas du tout un film d’action. Je veux explorer tous les genres. J’aimerais même ça faire un film de science-fiction un jour. »
C’est Pierre Éven, producteur du méga-succès C.R.A.Z.Y., qui a pris en charge le projet. « C’est un projet personnel quand même. On a tout le temps une liberté complète jusqu’à ce qu’on n’ait pas l’argent pour faire ce qu’on veut. »
« Le plus important pour moi, c’est le public. Je fais des films pour que les gens aillent les voir. Je fais du cinéma pour toucher les gens. Je suis fier du film que j’ai fait. Comme tout bon film il y a des défauts et des grandes qualités. »
Ce fameux prochain projet sera un film sur la vie de Gerry Boulet, écrit par Nathalie Petrowski et qui est présentement en développement pour Christal Films.
Benoît Guichard
Un autre qui risque de connaître une année 2007 bien chargée. Avant de voir Cadavres, présentement en pré-montage, Benoît Guichard signe le script de Nitro, un projet en chantier depuis cinq ans. « Je travaille avec Alain Desrochers depuis quinze ans, on a fait La bouteille ensemble en 2000, et en 2002 on s’est dit « tiens, pourquoi on n’irait pas chercher un plus large public? ». Alors on a voulu faire un film d’action avec de l’émotion. »
Un film sur l’euphorie de la vitesse et l’adrénaline. « On a tous eu notre période, j’ai eu ma phase de vitesse dans la jeune vingtaine, mais je ne suis pas du tout un fana des courses clandestines et je ne veux pas les défendre non plus. Ce n’est pas ce que le film fait, au contraire. »
« Mais je comprends totalement ce moment de l’existence où on a besoin de se mettre en défi de tromper la mort, d’aller toujours plus vite. »
« On voulait vraiment aller chercher beaucoup de gens, ne pas se limiter à un public. On voulait se servir de ce genre-là mais l’ouvrir à d’autres publics. On voulait faire beaucoup de choses sans tomber dans les clichés du genre c’est-à-dire de violence gratuite ou d’explosions. Il y a un rythme trépidant, oui, mais on fait un film d’action avec les moyens d’un film québécois aussi, donc on ne peut pas se permettre des méga-cascades. »
« Le film aurait dû se faire pour 10 ou 12 millions $, mais on a dû le réduire aux 7 millions $ qu’on a eus en financement. J’ai ré-écris huit fois la version de tournage. »
« Le film appartient au réalisateur, Alain, je lui fais déjà confiance et il est nécessaire qu’il interprète le scénario entièrement à sa façon pour qu’il puisse faire le film qu’il veut faire. »
Martin Matte
Avec ses lunettes fumées, l’humoriste a vraiment l’air d’une star. « Je ne dirais pas une « star », je pense que ça serait plus juste le terme une « méga-star », c’est plutôt ça. »
Et une méga-star, ça se fait arrêter dans la rue. « Pour être franc, les gens m’arrêtent dans la rue parce qu’ils m’ont vu en show, c’est ça mon métier. Ce film-là, c’est un contre-emploi total parce que c’est un rôle dramatique et que moi je suis un comique. Je trouvais ça l’fun que ce soit un petit rôle, parce que quand ma face arrive à l’écran, on rit parce que j’ai toujours été un comique. Une fois ça passé, j’aimerais que les gens y croient. »
« J’ai eu quelques propositions de scénario l’été dernier de films qui se tournaient, mais j’ai choisi celui-là pour plusieurs facteurs, dont le fait que ce n’était pas le premier rôle, que c’était un contre-emploi et que c’était Alain Desrochers qui réalisait. Je l’avais déjà rencontré sur Les Bougon. »
« Je n’ai pas l’ambition de faire du cinéma, de faire ça et que ce soit mon métier. Je veux en faire à l’occasion, mais mon métier c’est de faire des show sur scène, pis que ça marche. J’ai soif de scène encore. »
Bianca Gervais
Elle n’a qu’une scène, mais elle risque de beaucoup faire parler d’elle. Bianca Gervais ne voudrait surtout pas qu’on croit que c’est un hasard. « C’est un personnage très court, alors on punch. Elle s’appelle Franfreluche, elle est habillée en rose. Je voulais lui emmener un drive, c’était ça l’entente avec Alain Desrochers. »
Afin de ne pas en faire qu’un objet. « Alain voulait des femmes fortes dans son film. On ne voulait pas en faire une nunuche. On lui a donné une drive, elle mène les p'tits gars. Je lui ai donné un côté vulgaire pour l’éloigner de moi, pour ne pas qu’on se dise : « C’est Bianca avec une paire de shorts. ». Non. »
« Je me suis servi de ces shorts-là pour créer le personnage. J’ai dit : « Ok, pourquoi elle a des shorts comme ça? Parce qu’elle veut qu’on lui mate le derrière. » Quand elle s’accote près du char, c’est comme son mode de négociation, c’est ça qu’elle connaît. »