Après Justin Bieber, Katy Perry et Kenny Chesney, c'est au tour du groupe de musique pop One Direction de nous présenter son propre documentaire musical en 3D. Ces longs métrages, qui mélangent entrevues, extraits de spectacle, visite des coulisses, rencontre avec les fans et d'autres moments « privilégiés et exclusifs » avec l'artiste en question, sont devenus une tendance dans le milieu cinématographique depuis quelques années.
L'avènement du 3D (devenu courant avec Avatar de James Cameron) a entraîné cette vague de films qui connaissent un succès impressionnant par rapport au budget qu'ils nécessitent. Il suffit d'une ou de plusieurs caméras qui suivent le groupe ou le chanteur au cours d'une période déterminée, et le tour est joué. Pas besoin de mise en scène particulière (il y en a une, certes, mais elle n'a pas besoin d'être mesurée comme le sont les films narratifs), ni d'une histoire à peaufiner ou d'acteurs à gérer, on ne fait que prendre en image ce qui aurait eu lieu de toute façon. Le 3D est ici - évidemment - un ajout purement mercantile. Comme le spectateur doit ajouter 3$ ou 4$ au prix du billet pour une projection en 3D, ce complément pimente considérablement le montant total des recettes.
Ce genre de production coûte de 10 à 15 millions $ en moyenne. Le film This Is It, sur les dessous du dernier spectacle de Michael Jackson qu'il n'aura jamais présenté au public, avait, par contre, un budget de 60 millions $. Mais, comme on ne parle pas d'un boyband éphémère, mais du Roi de la pop décédé dans de tragiques circonstances, on comprend l'investissement colossal de Columbia Pictures dans son documentaire musical de 2009. Les images prises dans les coulisses de ce spectacle de grande envergure devaient à l'origine siéger dans la bibliothèque personnelle de la star et être utilisées par l'équipe de production pour analyser l'ensemble et améliorer l'aspect des numéros. Mais dès que Jackson est mort, on y a vu l'occasion unique de dévoiler l'ampleur de ce spectacle qu'il préparait pour ses fans et peut-être, avouons-le, de faire quelques sous. Le long métrage - sans aucun doute le plus rentable de toutes les récentes productions de ce genre - a récolté 261 millions $ à travers le monde.
Les Jonas Brothers ont été l'un des premiers groupes musicaux à tenter l'expérience du « documentaire musical 3D » en février 2009, soit plusieurs mois avant la proposition du défunt Michael Jackson (qui aurait d'ailleurs eu 55 ans cette semaine), sorti en octobre. Jonas Brothers: The 3D Concert Experience a reçu un accueil plutôt froid des critiques qui déploraient son manque d'originalité et son intérêt global; ils ne savaient pas encore que le trio venait d'engendrer une mode que plusieurs célébrités suivraient. Le documentaire de Joe, Kevin et Nick Jonas a cumulé 23 millions $ lors de sa parution dans les cinémas.
Justin Bieber: Never Say Never, la version du jeune chanteur Justin Bieber, a, quant à lui, amassé 98 millions $. L'une des particularités de cette production est qu'elle a pris l'affiche sous deux versions. La première, l'originale réalisée par Jon M. Chu, est sortie le 11 février 2011 alors que la seconde, s'intitulant Justin Bieber: Never Say Never Director's Fan Cut et comprenant 40 minutes supplémentaires de matériel exclusif, est parue à peine deux semaines plus tard, soit le 25 février. Cette ruse a encouragé certains fans inconditionnels (dommage que le mot soit masculin) à se présenter une nouvelle fois au cinéma pour revoir le « même » film. Deux fois plus d'argent dans les poches de Paramount.
La chorale de la série télévisée Glee a aussi eu recours au documentaire musical en 3D pour mousser sa popularité - ou profiter de cette dernière -, et nous a livré Glee: The 3D Concert Movie en août 2011. Ensuite, en 2012, il y a eu la colorée Katy Perry qui a eu envie de montrer l'envers du décor. Elle parlait d'une oeuvre sans censure dans laquelle elle livrerait des secrets et ouvrirait son coeur à ses fans. Ce film « honnête », dans lequel elle parle de sa séparation d'avec Russell Brand et de son amour pour sa grand-mère, a permis d'amasser une coquette somme de 32 millions $ au box-office.
L'été dernier, The Hollywood Reporter nous apprenait que Jennifer Lopez était, elle aussi, intéressée par cette facette du cinéma. Le fameux film, qui dévoilera certaines images de sa plus récente tournée, se concentrera sur les dernières années dans la vie de Lopez et qui ont été plutôt tumultueuses (divorce avec Marc Anthony, concert à guichet fermé avec Enrique Iglesias et deux saisons en tant que juge à l'émission American Idol). Le long métrage est présentement en développement et s'intitulera Jennifer Lopez: Dance Again. Aucune date de sortie n'a été annoncée pour le moment.
S'il y avait une certaine utilité dans ces productions, si on exploitait la technologie 3D comme le groupe U2 l'avait fait avec son film IMAX U2 3D en 2007 (avant même que Cameron change les barèmes du cinéma), peut-être que la présence récurrente de ces oeuvres documentaires au calendrier serait justifiée, mais, malheureusement, elles nous apparaissent trop souvent comme un caprice de vedette.