Dans le cadre de la sortie du film Ma fille, mon ange, du réalisateur Alexis Durand-Brault, Cinoche.com l'a rencontré ainsi que les vedettes du film pour parler du film qui lance la cuvée 2007 du cinéma québécois, en plus d'ouvrir officiellement les 25e Rendez-vous du cinéma québécois.
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German Dagenais est attaché de presse au Parlement. Lorsque, en naviguant sur Internet, il apprend que sa fille Nathalie, qui poursuit des études en droit, sera la vedette d'un film pornographique diffusé en direct dans quatre jours, il se rend à Montréal pour tenter de la retrouver. Et il mettra tout en oeuvre pour découvrir où le tournage aura lieu, afin de l'empêcher.
Michel Côté, Karine Vanasse, Christian Bégin, Dominique Leduc et Pierre-Luc Brillant sont de la distribution du film.
Alexis Durand-Brault
"Quand j'ai lu le scénario, j'ai vu l'opportunité de faire un film… pas un film d'auteur, pas un film commercial, mais un film que je qualifierais de populaire, c'est-à-dire où il y a un suspense dramatique, mais aussi où il y a un contenu social." Alexis Durand-Brault parle de son film, son premier film, en ces termes simples. Beaucoup de travail pour quelques lignes, bien sûr, et on sent la fierté émaner du jeune directeur-photo qui tente sa chance pour une première fois au cinéma.
"Je fais des films pour le public, mais c'est sûr que j'aime mieux quand les critiques aiment le film, on aime tous ça. Mais je serai content le jour où je saurai qu'il y a du monde dans les salles. C'est ça qui est important pour moi."
Et il y a aussi Michel Côté, qui n'est pas à plaindre non plus. "Michel c'était une joke. Je ne le connaissais pas et autour de la table, avec les producteurs, on m'a demandé qui je voulais pour le rôle du père, j'ai dit : "Ah, ben Michel Côté!". Ils ont dit : "Ok, on lui envoie le scénario!"
"Je suis vraiment le réalisateur le plus chanceux du monde, j'ouvre le 25e (des Rendez-vous du cinéma québécois, ndlr). Si tu m'avais dit ça il y a dix ans, je ne l'aurais jamais cru."
Alors qu'il a participé à Elles étaient cinq et à la série télévisée Un homme mort, Durand-Drault a toujours voulu faire du cinéma. "Depuis que j'ai onze ans que je sais que je veux faire ça dans la vie. J'ai vu The Godfather un soir et j'ai dit : "Maman, c'est ce que je veux faire.".
En tant que directeur photo, la tentation pouvait être grande d'aider Yves Bélanger dans sont travail sur le plateau. "Je ne m'en suis pas mêlé. C'est trop fatiguant avec un réalisateur qui veut tout faire. On s'est beaucoup parlés au début, mais je n'ai pas à intervenir dans son travail Yves m'a donné tout son talent, et j'ai l'air meilleur à cause de lui.»
Et son expérience sur les plateau, avec plusieurs réalisateurs différents, est un bon moyen d'apprendre le métier. "Chacun m'a appris quelque chose; Jean-François Pouliot m'a appris la retenue, Christian Dugay l'énergie et la capacité de tourner rapidement, Sophie Lorain la direction d'acteur, chaque réalisateur m'a apporté quelque chose, c'est sûr."
Ma fille, mon ange, qui prend l'affiche ce vendredi, lance non seulement les 25e Rendez-vous du cinéma québécois, mais aussi la saison 2007 du cinéma québécois. "L'an dernier, c'est vrai que c'était moins bon, en terme de box-office entendons-nous, mais je pense qu'il y a eu des grands films. On attend tellement des films aujourd'hui, faudrait tout le temps que ce soit des hits. Ça me rajoute de la pression, c'est sûr."
Michel Côté
"On m'a convaincu facilement. J'avais trois ou quatre scénarios, et c'est celui-là qui m'apparaissait le plus intéressant. Je trouvais que pour le public québécois, c'était important; ça n'avait même pas été traité par les Américains, on Québec on n'en avait pas parlé beaucoup. Les gens ne réalisent peut-être pas encore quels problèmes ça peut emmener mais ils vont le réaliser de plus en plus."
Le rôle de ce père de famille n'est pas le premier pour Michel Côté, qui cumule des années d'expérience dans le milieu et qui demeure très occupé. "On est des acteurs, c'est notre travail de se mettre dans la peau d'un personnage qui fait des choses que nous on ne ferait pas nécessairement et de comprendre sa psychologie. C'est ça qui est l'fun. Mais pour ce personnage-là, j'avoue, j'aurais probablement réagi beaucoup comme lui si la même chose m'était arrivée."
"Pendant le tournage, on est comme parti en expédition quelque part. Tu préviens ta famille que tu es dans une bulle pour un mois et demi, deux mois. Ils le savent, ils sont habitués, mais tu arrives crévé le soir, faut que tu révises ton texte pour le lendemain. Tu te démaquilles, tu prends une douche et le lendemain matin tu es reparti encore."
"J'aime ça. Je prioriserai toujours le théâtre, parce que pour moi c'est la vraie affaire, j,ai besoin de ça, j'en aurai toujours besoin. Le cinéma vient juste après. J'ai trouvé le moyen d'aimer le cinéma en prenant chaque seconde de tournage comme si cette seconde-là s'en allait pour l'éternité."
Le tournage a été l'occasion de travailler étroitement avec Karine Vanasse. "Elle est talentueuse, agréable à travailler, toujours de bonne humeur. Elle parle à tout le monde, c'est une qualité que je priorise sur le plateau. Elle a un pouvoir de concentration très rapide, on peut se parler entre les scènes et avoir un petit peu de fun, c'est important ça aussi parce que parfois, les journées peuvent être longues."
Qu'est-ce qui attend le film? "Si on savait d'avance, la vie ne serait même pas intéressant. On plonge, on fait de la création, on s'expose au succès, au succès mitigé. Quand on fait de la création, faut être prêt à vivre ça."
Karine Vanasse
"Le réalisateur doutait du fait que je veuille aller dans cette direction-là. Il voulait savoir à quel point j'étais prête à oser autre chose, et à aller dans une autre direction. Ce que j'ai eu à lui dire c'est : "Regarde Alexis, je vais me préparer, pis je vais y aller." C'est ce que j'ai fait. J'ai aussi eu la chance de mettre Alexis au courant des craintes que j'avais."
"Le film est là pour mettre en lumière une réalité qui vaut la peine d'être révélée. Ça faut la peine qu'on se penche sur le sujet pour savoir où on se positionne pour savoir qu'elle place prend la sexualité dans nos vies."
La gravité du sujet et toutes ces craintes ne sont pas une raison pour ne pas s'amuser tout en travaillant. "Pas juste après la journée, pendant la journée aussi. Entre les scènes, on redevient soi-même, et c'est ce qui est bien avec le métier d'acteur. Tu es toujours là pour tromper tes émotions. Nathalie, c'est une fille que je voulais comprendre, mais quand la caméra s'arrête, on est là pour s'amuser."
Alexis Durand-Brault en est à une première expérience à la réalisation d'un long-métrage. "J'ai travaillé avec Alexis sur la série Un homme mort. Ce n'était pas une surprise de voir que ce gars-là allait réaliser son premier film, malgré son jeune âge il était vraiment prêt. Il avait une vision assez claire de ce qu'il veut faire, il est capable de bien s'entourer et d'aller chercher des opinions, mais en rammenant tout ça à sa vision à lui."
"C'est le fun quand tu sais qu'on te fais confiance, que le réalisateur te dis : "viens-t'en, onv a faire ça ensemble." C'est u travail d'équipe, tout le monde est là à proposer, même si c'est vrai que le réalisateur a le dernier mot."
Christian Bégin
"C'est un enquêteur, et on le retrouve, tout au long du film dans l'interrogatoire avec Karine Vanasse. C'est une scène unique mais répartie sur l'ensemble du film." Ce n'est qu'un point de départ pour l'acteur qu'on a pu voir au cinéma dans Le collectionneur et dans La loi du cochon. "Parfois, des personnages servent à faire avancer l'intrigue mais on ne sait rien d'eux, j'avais tout le loisir d'inventer qui était cet inspecteur-là pour en faire un inspecteur qui n'allait pas dans les lieux communs des inspecteurs bougons, mais plutôt d'en faire un être humain compatissant."
"C'est une scène agréable à faire justement, parce que c'est un rapport un à un, alors j'avais tout le loisir de ne pas être préoccupé par 50 000 autres affaires que d'être dans mon rapport avec Karine." Est-ce qu'on en vient à oublier la caméra? "Oui, tout à fait. On était très proche, ça permet un niveau de jeu beaucoup plus intime."
Une relation d'intimité qui s'est étendue jusqu'au réalisateur. "C'est un être qui m'a bien accompagné, avec qui j'ai pu réfléchir sur le personnage. On a tous besoin d'être dirigé. Ça prend quelqu'un qui te regarde aller pour t'emmener des des voies qui sont autres que celles de confort."
"Je me sens moi-même concerné par le sujet. Internet est vraiment la porte d'entrée par laquelle les jeunes entrent dans leur univers sexuel. Moi, mes premiers fantasmes sexuels tournaient autour d'une paire de boules dans Playboy ou d'une madame en soutien-gorge dans le catalogue Sears. Alors que maintenant, la madame est écartée et ils sont trois par-dessus elle. Et quand c'est ça ton premier contact avec la sexualité, je trouve que ça induit un regard tordu par rapport à ce que c'est que la sexualité."
Ma fille, mon ange prend l'affiche partout au Québec ce vendredi. Lisez la critique du film.