Lors de la première de Sans elle qui se tenait lundi, le réalisateur Jean Beaudin, la scénariste Joanne Arseneau et l’actrice principale Karine Vanasse y sont allés de quelques commentaires sur leur film, qui prend l’affiche le 22 septembre dans un peu plus de 25 salles au Québec.
Le film met aussi en vedette Marie-Thérèse Fortin, Maxim Godette, Linda Sorgini, Robert Lalonde, Michel Dumont et Emmanuel Scwartz.
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Camille, jeune violoniste en visite à Florence, est victime d’un mystérieux malaise alors qu’elle se trouve dans un musée. Elle est rapidement rapatriée au Québec, auprès de sa famille, où elle devra faire face à ce qu’elle cherchait à fuir : la disparition mystérieuse de sa mère, plusieurs années auparavant. Pour faire son deuil, Camille se rend à Matane, le dernier endroit où on a vu sa mère, où elle découvrira des indices qui vont la lancer à sa recherche chez une famille madelinienne qui fait dans la location de roulottes.
Jean Beaudin
Le réalisateur québécois qui a débuté en 1969 avec Vertige, a plusieurs films à sa feuille de route, de Mario à Nouvelle-France, en passant par Le collectionneur.
« Je ne suis pas entré en contact avec le scénario, et je ne l’ai pas choisi non plus. Je suis entré en contact avec Joanne Arseneau. On s’apprêtait à faire l’adaptation d’un livre, mais elle a dit : « J’aime pas ça travailler sur des livres, j’aimerais mieux faire ma propre histoire. » et puis on est arrivé sur ce thème-là. »
« J’ai participé à l’écriture dans le sens qu’on a eu des discussions, mais c’est quelqu’un qui a écrit seul. C’est la première fois que je travaille avec elle et je ne pense pas que c’est la dernière. »
Le choix d’une actrice pour incarner Camille s’est arrêté sur Karine Vanasse. « Je ne voyais pas à l’époque qui aurait pu faire mieux ça qu’elle. Elle avait l’âge, le physique, le talent et la capacité de faire le film. On n’a même pas fait d’audition, pour presque personne d’ailleurs, la plupart des gens étaient des coups de cœur de comédiens que j’aimais. »
Il s’agit d’un retour aux Îles-de-la-Madeleine, vingt ans après Mario, pour le réalisateur. « Moi, je viens des Îles-de-la-Madeleine, mon grand-père est un Madelinot. Joanne aussi, sa famille est des Îles. Mais la raison pour laquelle je suis allé, c’est pas pour ça bien sûr! Pour moi, les Îles, c’est comme l’absolu, c’est un banc de sable, y’a la mer, le ciel, y’a rien, tu ne peux pas te sauver, faut que tu fasses face au vent. »
Devant les intempéries, le tournage n’a pas été de tout repos. « Moi j’essaie de ne pas faire plus que deux prises, parfois une. Et tout le monde le sait, alors tout le monde donne le maximum. Mais, je fais beaucoup de répétitions par exemple. »
« On a tourné le film il y a deux ans, et le film est terminé depuis un an. Mais eux (les distributeurs, ndlr) attendaient des nouvelles de Cannes. Si le film avait été sélectionné à Cannes ç’aurait été une rampe de lancement. » Ce n’est pas arrivé, malheureusement. Jean Beaudin a remporté le Prix Oecuménique du Jury our J.A. Martin, photographe en 1977.
« Tout le monde est assez fier de ce film-là, c’est mon film le plus achevé, le plus complexe aussi que j’ai fait. Il y a toutes sortes de façons de le voir, deux ou trois niveaux de lecture. C’est pas un film que tu peux lire seconde après seconde, des fois c’est 15 minutes lus tard que tu as la réponse, Mais la meilleure façon de l’écouter c’est encore par l’émotion, elle te donner toujours l’heure juste. »
Karine Vanasse
La jeune actrice, qu’on verra l’an prochain dans Ma fille, mon ange, et qui a joué dans Séraphin – Un homme et son péché, incarne dans Sans elle Camille, une jeune fille très affectée par la disparition mystérieuse de sa mère.
« C’est la première fois qu’on m’offrait un rôle aussi d’importance que ça en me disant : « on a assez confiance en toi. » En même temps c’est un couteau à double tranchant, parce que je n’ai pas encore pu leur prouver qu’ils avaient raison. Faut pas que je manque mon coup »
« Dès la lecture du scénario, tu le sais quand un réalisateur a le goût de s’impliquer vraiment dans un projet. C’est ce que je sentais de la part Jean, tu sentais que c’était un projet qui le touchait et qu’il avait le goût de le transporter avec sa sensibilité à lui. Je ne pouvais pas faire autrement que de vouloir plonger avec lui, ça c’est clair. » Comment s’est déroulé le tournage avec le réalisateur? « Jean aime beaucoup faire des répétitions, mais il veut essayer par exemple. On l’a fait une fois d’une façon, ok on l’a, mais il a le goût d’aller à fond, il n’a pas peur. Il ne s’en tient pas juste à ce qui est écrit. »
Et le fait que le tout se déroule aux Îles-de-la-Madeleine, c’est un avantage ou un inconvénient? « Quand tu es à l’extérieur de chez vous, tu es déstabilisé, et je trouve que ça, c’est intéressant. Dans le fond quand tu joues c’est ce que tu cherches à faire, se déstabiliser le plus possible, pour pas que nos réflexes à nous prennent le dessus. Quand tu es déstabilisé t’as pas le temps de juger, t’es trop en état de survie. »
Camille elle-même est en état de survie. En visite à Florence, elle est frappée par le malaise de Stendhal. « C’est un malaise qui est répertorié pour vrai. C’est quand une personne déjà fragile émotivement se retrouve devant trop de beauté artistique, il n’est pas capable de le prendre, il est comme inondé (sic!) par cette beauté-là. Innondé c’est le cas de le dire! »
Joanne Arseneau
« Je me suis rendue compte en essayant d’adapter un roman que j’aimais pas ça, sauf que j’ai déjà fait des histoires policières et connaissant Jean j’avais envie de faire une histoire policière, un peu thriller existentiel.
Vous êtes-vous impliquée lors du tournage? « Jean m’a laissé la liberté totale pour mon scénario, alors c’était un juste retour des choses que de lui laisser la liberté totale. C’est un grand monsieur, il sait quoi faire. »
Est-ce que la transposition à l’écran est près de ce que vous vous vous imaginiez? « C’est difficile à dire… on s’imagine des choses. Il y a des choses qui sont plus belles que ce que j’avais imaginé, il y a des choses qui sont plus « Jean », mais c’est le plaisir de la scénarisation. »
L’auteur travaille présentement au développement d’une série pour Radio-Canada, Nirvana, qui pourrait être réalisée par Patrice Sauvé.