Quand Jean Lemire s'est embarqué sur le Sedna IV, il savait qu'il passerait, en compagnie de son équipage, plus d'un an sur le bateau, isolé en Antarctique pour étudier les changements climatiques. Cependant, tout ne s'est pas passé comme prévu, et le film Le dernier continent raconte les moments forts de cette aventure très dangereuse et très exigeante, autant physiquement que psychologiquement.
Le film prend l'affiche dans une cinquantaine de salles au Québec le 21 décembre.
Jean Lemire
Au moment de lever l’ancre, saviez-vous déjà ce qui allait être tiré de ce voyage? « Les trois formats étaient déjà prévus au départ : le long métrage grand public, vraiment tourné de façon cinématographique avec des grues, des rails; une série plutôt science pour Découverte et une série de treize demi-heures pour Radio-Canada et RDI sur la vie à bord. »
Saviez-vous où seraient utilisées les images en les tournant? « Non. Il fallait vraiment être capable d’utiliser tout le matériel en fonction des différents produits, alors on est revenus avec 600 heures d’images. »
C’est un immense défi de montage! « Ça demande beaucoup, beaucoup de discipline. Michel Groulx le monteur a été très bon là-dedans, il a su toujours garder en tête la notion « ligne dramatique », pour qu’on monte ça vraiment comme une fiction. Évidemment on a passé une semaine à parler avant de commencer à regarder les images pour être certain de la structure qu’on voulait pour le film. Beaucoup de temps, vingt et une semaines isolés dans une salle de montage. »
« Gros travail de dépouillement, de classement aussi, parce que des fois on se dit qu’on avait tourné ce qu’on cherche, mais il faut le retrouver! »
Auriez-vous aimé faire un film de quatre heures? « Non, non, il fallait s’arrêter un moment donné. Déjà nous on voulait faire 1h30 on a fait 1h45, et puis tout le monde dit que le film passe très très vite, alors c’est bon signe. On ne voulait vraiment pas plus que ça. »
Qu’est-ce qui porte le plus votre signature? « Je pense que c’est les émotions. Elles rappellent ce qu’on a vécu, ce voyage intérieur très très important. Je pense que c’est ça qui transpire du film. On a vécu peut-être plus d’émotions qu’on avait prévu au départ... »
La narration provient-elle de vos notes à bord? « Non. On avait un premier montage et on s’est mis à écrire la narration. Dominic Champagne m’a beaucoup aidé à aller un peu plus loin pour avoir un ton plus personnel. Je ne voulais pas en mettre trop, c’est toujours le dosage qui est important. »
Pour vous, est-ce un documentaire? « Non, c’est un film. C’est vraiment un film où toutes les histoires sont vraies, mais en même temps, c’est monté comme une fiction, le rythme est là. La musique est très présente aussi. »
« On s’est fait prendre parce qu’on est devenus des réfugiés climatiques, alors qu’on allait là pour filmer les changements climatiques. On voulait expliquer les changements, mais là on ne les explique pas, on les vit. C’est ça qui est la force du film, je trouve. »
Mais vous repartiriez quand même? « Oui, ça a été difficile mais on repartirait, c’est certain. Je veux me reposer un peu, mais certainement qu’en 2009 ça sera un nouveau départ. »