Ancien critique de cinéma, Denis Côté présente cette semaine à Montréal et à Québec son troisième long métrage, Elle veut le chaos. Le film met en vedette Ève Duranceau, Normand Lévesque, Laurent Lucas, Nicolas Canuel, Olivier Aubin et Réjean Lefrançois dans une histoire tordue de la ruralité québécoise mdoerne.
Rencontre avec le réalisateur.
Denis Côté
Est-ce qu’il existe un cinéma québécois et, parallèlement, un cinéma de Denis Côté, Rafaël Ouellet? « J’en parle avec Raphaël, j’en parle avec des gars comme Stéphane Lafleur… J’ai envie de te renvoyer la question. Est-ce qu’il y a une nouvelle génération? C’est quoi une nouvelle génération? On a tous 35 ans... Je ne sais pas si on doit utiliser l’expression « relève »... Qu’est-ce qui nous rattache, à part qu’on se connaît? »
Vous êtes arrivés à une époque où le cinéma québécois faisait ses Survenant, Aurore, Séraphin et les autres... « On est certainement en réaction. Il y a quelque chose qui vient de Kino, qu’on aime ou qu’on n’aime pas Kino. Le film entre amis, c’est plutôt nouveau, c’est plutôt québécois. Et on est des bons patenteux techniques. On peut partir et faire un long métrage à quatre personnes et ramener quelque chose de techniquement très valable. »
« T’as juste besoin de gagner un prix avec un film à petit budget comme j’ai fait avec Les états nordiques et le monde commence à parler. »
Dans ce cas, est-il est nécessaire d’apprendre le cinéma, ou est-ce que tout ce qu’on enseigne dans les écoles devient inutilisable? « Moi je pense qu’on vient tous de la cinéphilie et qu’on a tous étudié en cinéma. Il y a des gens qui ont des bases techniques très très très fortes. On n’est pas des néophytes. On s’est tous côtoyés à la Cinémathèque, on est des cinéastes-cinéphiles. C’est quand même rare. Dans les festivals de films et à la Cinémathèque, tu ne vois pas cinéastes, c’est ça qui est assez étrange. »
« On a tout vu nos classiques, on connaît la Nouvelle-Vague, on a vu le cinéma chinois du début des années 2000, on se tient au Festival du Nouveau Cinéma, les films de Cannes on les voit, on est capable de s’en parler... Ça doit certainement paraître dans nos films, surtout au niveau du langage cinématographique. Pis oui, on a un souci de provocation contre le cinéma québécois de pur divertissement. »
« On m’a demandé l’autre jour à l’étrange si c’était un film qui ressemble au Québec d’aujourd’hui. C’est toute une question! J’ai trouvé le moyen de dire oui. Même si c’est un univers où on explore un peu le grotesque et qu’il ne correspond pas à la réalisé québécoise, je me suis demandé si on ne ressemblait pas un peu aux gars qui sont dans le film, assis sur leur balcon et qui attendent, pas que le temps passe, mais... Être le boss des bécosses sur mon balcon, c’est correct pour moi. »
« Je ne veux pas rentrer dans la politique, mais je trouve qu’il y a un peu de québécois; on ne veut pas trop avoir de conflit, on veut rester dans notre coin... Tout d’à coup ça peut exploser, mais ça n’explose pas vraiment. Tu sais comment c’est au Québec; si j’ai une chicane avoir toi on ne se parlera pas mais on s’haït pendant six mois. Les Français, les Italiens, les Australiens ils vont se lancer de la vaisselle un soir, vont se frapper sur la gueule et le lendemain matin ils sont amis. Nous autres, on n’est pas de même, il y a quelque chose de gangréné dans nos relations. »
Quand tu écris ton scénario, qu’est-ce qui te préoccupes? « Je bâtis mon scénario pour faire un objet cinématographique. Je suis quelqu’un qui n’a rien à te vendre. Je n’ai pas de message, pas de cause sociale, pas de pays à te vendre. Moi je viens de la cinéphilie, je viens de Philippe Garrel, ceux qui n’ont qu’une seule redevance; envers l’art qu’ils pratiquent : le cinéma. Je n’ai jamais fait un film sur un sujet, je pense. »
« Moi, je revendique le plaisir de faire des films de cinéma. Des objets cinématographiques purs. Ce n’est pas ancré dans notre époque ou notre société. »
« C’est juste jouer avec le cinéma, avec les genres, les niveaux de lecture... C’est vraiment juste le cinéma qui me motive. Je ne suis pas un très bon conteur. Je n’ai que des univers à te proposer, t’embarques ou t’embarques pas. »