Au risque de me faire lapider de sacs Louis Vuitton (loués) et après avoir retourné le problème dans tous les sens, la seule chose à faire s’impose toujours d’elle-même, malgré le risque inhérent à contredire une meute de bébés gâtés en talons hauts (j’ai peut-être une chance, en courant vite) qui me faisait hésiter jusqu’à maintenant : Sexe à New York, le film à tout le moins, est la pire chose qui pouvait arriver à la société et au cinéma. Il ne s’agit pas de convaincre qui que ce soit, seulement d’essayer de comprendre ce qui peut bien plaire dans les aventures de Carrie, Samantha, Charlotte et Miranda, les femmes de quarante ans les plus criardes de l’histoire de l’humanité, les plus puériles de l’histoire du cinéma et les plus riches et les plus lâches depuis l’invention de la monnaie.
Qu’ont-elles à jalouser? Des sacs à main (laids au demeurant) et une assistante personnelle pour remettre dans le placard des milliers de robes de toutes les couleurs? Elles sont à l’aise avec leur sexualité? Que nenni! Elles refusent d’en parler, refusent de le faire ou gardent leur t-shirt, refusent de dire les vrais mots alors qu’elles cherchent ce grand amour de prince charmant qui ne pourra jamais les satisfaire de toute façon.
Ah! il y a bien quelques leçons à prendre : aucun homme n’est assez bon s’il n’est pas gentil, beau et riche et, surtout, s’il ne vous laisse pas « être une vraie femme ». Notion complexe, on dirait, vu le nombre de marques et d’étiquettes qui complique inutilement le choix d’une paire de chaussures trop chères.
Sexe à New York est certainement un truc de filles (sorte de rite initiatique d’une confrérie secrète?) au même titre que le hockey est un truc de gars. Mais il y a des bons et des mauvais matchs de hockey, comme il y a de bons films de filles. Sauf qu’un film aussi caricatural (le personnage de Charlotte est d’un ridicule...), excessif et interminable ne peut pas rendre justice « au beau sexe » qui a vraiment tout pour excéder dans ces quatre princesses commanditées.
Si le féminisme naît en réaction aux clichés véhiculés par le cinéma (et bien d’autres arts) qui circonscrivent la femme à sa cuisine, sa maternité et sa représentante de produits Tupperware afin d’installer ces impératifs dans l’imaginaire collectif, Sexe à New York est une douce revanche, se bornant à représenter les hommes comme infidèles et lâches, absolument insensibles à tout ce qui compte vraiment, Manolo-chose et les cosmopolitan, qui offrent d’ailleurs le prétexte pour la meilleure réplique du film : « Hum, c’est si bon, dira l’une des quatre ingénues, pourquoi avait-on arrêté d’en boire? » « Parce que tout le monde a commencé », lui lancera une autre, semblant dire que ce serait bouder son plaisir que de chercher à découvrir de nouvelles choses et être un peu différent, un peu soi-même.
Peut-être qu’une majorité de femmes se satisferaient d’un non-mari ultra-riche, capable de (faire) bâtir de grands placards, beau et gentil qui aime lire au lit (en fait, qui aime ne pas lire au lit pour laisser sa femme prendre ses lunettes), mais franchement, il est de l’avis de votre humble serviteur qu’elles méritent bien mieux, mieux que Sexe à New York. Parce qu’elles le valent bien.
Rien à faire, l'adaptation cinématographique de Sex and the City est une honte.
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