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Blues théâtral.
Il est clair que de voir « Le blues de Ma Rainey » a une saveur toute particulière suite au décès de Chadewick Boseman l’an passé des suites d’une longue maladie. Le film lui est dédié et il est fort probable que l’Oscar du meilleur acteur lui soit remis à titre posthume, à l’instar de Heath Ledger pour « The Dark Night ». Ce prix (ou tout autre) est-il mérité ou s’apparente-t-il davantage à une récompense honorifique saluant une carrière, certes assez courte ici, et à aller dans le sens de la diversité et de l’inclusion comme c’est la mode en ce moment ? Et bien on peut dire que la réponse est double puisque les deux cases seront cochées. Boseman délivre une performance notable et puissante, forcément très loin de son rôle dans « Black Panther ». Il exprime ici toute l’étendue de son talent avec un jeu impeccable et exempt de toute critique. De la même manière, Viola Davis est tout aussi impressionnante dans le second rôle de cette reine du blues. Peut-être un peu extrême et vicié, son incarnation de la diva est tout de même incroyable et notable. Grâce à ces deux acteurs au sommet de leur art, le film s’extraie plus ou moins de la trivialité. Mais on ne mentira pas en avançant que cette adaptation d’une pièce de théâtre vaut surtout pour cela et qu’il n’y pas grand-chose d’autre de transcendant à se mettre sous la dent.
Ce long-métrage produit par Denzel Washington himself souffre des mêmes griefs que pouvait avoir le récent « One night in Miami » qui était lui aussi adapté d’une pièce de théâtre et qui développait des thématiques semblables mais à des époques différentes (les années 20 ici, les années 70 pour le film de Regina King). En effet, l’un comme l’autre peinent à s’affranchir de cette facture théâtrale dans leur mise en scène et leur scénario. La caméra est cependant ici plus alerte, plus aérienne, tentant plus ou moins vainement d’éviter le côté statique propre à ce genre de projet en virevoltant d’un acteur à l’autre lors des échanges verbaux. On a donc forcément droit à de longues scènes dialoguées, la plupart prenant pour sujet les droits des afro-américains et la musique. C’est parfois passionnant, parfois émouvant mais il s’avère aussi que certains passages le soient beaucoup moins. « Le blues de Ma Rainey » est cependant et à raison plutôt court et il ne laisse jamais le désintérêt s’immiscer trop longtemps. Un coup de colère de Davis en diva ou les complaintes de Boseman stimulent notre intellect et notre attention. Mais on peut dire sans se tromper que ce projet n’est autre qu’un véhicule à récompenses pour ses deux acteurs principaux et qu’il laisse planer un sentiment de nostalgie, aussi bien par sa belle reconstitution rutilante du Chicago de cette époque que par l’hommage posthume à son acteur principal. Quant au blues et au jazz, ils ne sont pas assez présents (le comble) pour être significatifs et satisfaire les mélomanes.
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