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A l'ouest rien de nouveau.
Paul Greengrass signe sans conteste ici l’un de ses films les moins réussis et les moins aboutis. En choisissant de s’intéresser au genre du western, un genre qui fait son retour sporadiquement sur les écrans depuis deux décennies après être tombé dans les limbes de l’oubli, il aurait pu accoler son style si particulier à ce genre rebattu. Mais non, à l’instar d’un Tommy Lee Jones avec le très beau « The Homesman », il change complètement son fusil d’épaule et opte pour un virage à 180 degrés au niveau de la mise en scène pour verser dans le contemplatif et l’apaisé. On est loin, très loin, des fulgurances techniques opérées sur le cinéma d’action avec la saga « Jason Bourne » qui ont totalement remodelé le genre il y a quinze ans. C’est un choix assumé mais décevant car c’est un choix qui ne lui convient pas, la preuve en images.
Pourtant le western permet quelques pépites, on se souvient récemment de l’incandescent, ultra violent et implacable « Brimstone » ou du culte « True Grit » voire même de l’essai français récent (et pourtant tout aussi méditatif) « L’État sauvage ». Mais « La Mission » ne leur arrive pas à la cheville et suit son récit programmatique de manière nonchalante, attendue et triviale. Ce film n’apporte rien de nouveau au genre et, par sa durée, désintéresse vite le spectateur. C’est lent, c’est long et le peu de péripéties du récit semblent filmées par un réalisateur grabataire ou en panne de talent. En plus de n’avoir strictement rien de transcendant. Trois ans après le tétanisant « Un 22 juillet » et cinq après le dernier opus de la saga Bourne, le cinéaste a voulu changer de genre, changer de style et changer de tonalité. On ne peut lui en vouloir mais c’est plutôt raté. Pas que le film soit mauvais mais juste indigne d’un réalisateur doté d’un tel pedigree.
Mais d’autres raisons inspirent la frustration : il y a tout de même Tom Hanks en tête d’affiche, avec qui Greengrass avait déjà tourné « Captain Philips », et la jeune et talentueuse Helena Zengler révélée dans le drame « Benny ». Du côté de leur prestation rien à redire, tout comme pour la reconstitution du Texas post-Guerre de Sécession, conforme et appliquée. Les paysages de cet état sont également filmés avec soin mais pour le reste, rien de neuf sous le soleil brûlant de l’Ouest. On ne frémit pas un seul instant et l’émotion censée être véhiculée par ce duo est aux abonnées absentes. Quant aux thématiques de la presse de l’époque et des nouvelles du monde (titre du film en version originale) et celles de la nécessité du multiculturalisme, elles sont juste effleurées. On a l’impression que le monteur a retiré les morceaux les plus importants du récit, ceux présents pour lui donner du fond et du coffre. On se retrouve donc devant un road-movie peu palpitant qui s’étire plus que de raison et nous laisse sur le carreau. Et déçus…
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