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Western au féminin.
Que l’on aime ou que l’on n’aime pas cette proposition de cinéma rare et radicale, on ne peut lui enlever une chose : elle ose investir un terrain rare pour le cinéma hexagonal (le genre du western) et fait fi de toutes velléité commerciale en se créant un chemin particulier qui n’est pas destiné à plaire au plus grand nombre. Mais « L’État Sauvage » assume totalement sa ligne de conduite et sa feuille de route en ne tentant pas de faire de concessions commerciales mais sans jamais non plus vouloir déstabiliser son auditoire à tout prix. Et puis, en ces temps d’uniformisation de l’art à outrance, il est bon de voir du cinéma différent mais réussi en dépit de quelques scories notables. Des menus défauts qui empêchent le film d’être un incontournable, à l’image du magistral et violent western sans concession venu de Suède, « Brimstone ».
On pourra reprocher au film de David Perreault des problèmes essentiellement narratifs. Il est vrai que le rythme pourrait paraître un peu lent mais c’est aussi ce qui fait le charme nonchalant et contemplatif de « L’État sauvage ». En revanche, l’histoire n’est clairement pas assez étoffée. Sur les deux heures que dure cette histoire de fuite d’une famille poursuivie par des malfrats dans les grandes étendues américaines. il manque clairement de développement et de dialogues moins basiques. Un peu comme le « Mad Max : Fury Road » de Georges Miller, la folie visuelle et la rage jubilatoire en moins, c’est juste l’histoire d’un trajet sans guère plus de couches scénaristiques. Et les échanges entres les personnages sont réduits au strict minimum et souvent sans grande profondeur. Quant à la scène pivot de la diligence, si elle est visuellement magnifique, elle nous apparaît complètement incohérente et improbable. Mais pour le reste, ce long-métrage envoûte et captive pour qui voudra bien s’y plonger.
Le meilleur de « L’État Sauvage » est sans conteste son esthétique. Perreault sait se servir d’une caméra et le montre de manière non ostentatoire. Ses plans servent le récit et lui donne une saveur particulière entre lyrisme et onirisme, des qualificatifs qui peuvent vite faire sombrer un film dans le ridicule. Les scènes de transe de la méchante incarnée par une Kate Moran déchaînée ou l’assaut final nocturne montrent un sens de la réalisation aigu tout comme un esthétisme raffiné et un appétit formel pour le beau. De plus, la bande son entêtante permet vraiment une immersion complète dans ce périple. S’ajoute également une dimension profondément féministe bienvenue car loin d’être opportuniste. Il est bon de voir que les femmes ne sont pas que des faire-valoir, même à cette époque. De l’héroïne à ses sœurs en passant par la servante noire et la méchante (fait rare dans un western), toutes ont leur moment pour exister. C’est donc un film rare et innovant dans ce genre si galvaudé qu’est le western et qui est pétri de sublimes fulgurances visuelles. Il faut juste adopter cette certaine langueur et une histoire un peu trop linéaire.
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