Le premier long métrage de Mariloup Wolfe, Les pieds dans le vide, prend l'affiche cette semaine. Mettant en vedette Guillaume Lemay-Thivierge, Laurence Leboeuf et Éric Bruneau, le film est scénarisé par Vincent Bolduc.
Lisez nos rencontres avec les comédiens et la réalisatrice un peu plus bas.
Mariloup Wolfe
« C'est Vincent Bolduc, en fait, qui a été approché par Claude Veillet pour écrire une série, à la base, qui a été transformée en long métrage. Claude Veillet avait vraiment dans l'idée de faire un film sur cette génération-là, les 20 à 30 ans. Vincent a eu la commande de faire un film qui traitait de ça. »
« Le parachutisme était un petit peu dans le film, mais pas tant que ça. Ils ont travaillé pendant deux ans, et quand ils ont été satisfaits ils ont présenté le scénario aux institutions. C'est là qu'ils m'ont approchée. »
Comment a été l'accueil des institutions? « On a déposé le projet une fois, on a eu un refus. On a retravaillé le scénario, on l'a redéposé, un autre refus. Là, on a décidé d'attendre un an pour vraiment retravailler le scénario et pour ajouter l'univers du parachutisme. »
Le parachutisme est effectivement très présent. « C'était un thème intéressant, c'est très cinématographique. Ça amenait plein de possibilités au niveau de la métaphore, d'avoir « les pieds dans le vide », d'être perdu, de sauter en bas d'un avion pour se sentir libre, de frôler la mort. »
« Il y a plusieurs autres thèmes représentatifs de cette génération-là qui vont se greffer, et c'était important pour moi que chaque personnage ait un peu sa trame, parce que dans la vie c'est comme ça. Souvent un film, c'est un thème, et tu le mènes d'un bout à l'autre. Mais la vie, c'est pas ça. »
Chaque personnage a donc sa raison d'être. « Chacun a son drame personnel, mais on ne souligne pas au marqueur jaune. Ce n'est pas un mélodrame, même si chacun vit des choses difficiles, à sa façon. Je trouve ça intéressant parce qu'on montre une génération pas propre, non plus. Ils fument, ils boivent, ce n'est pas nécessairement « clean ». Ça me représentait plus... j'avais l'impression qu'on ne mentait pas. On ne cherche pas à plaire. »
Tes comédiens ont-ils une qualité commune? « Ils sont tous très passionnés et très investis. Ils ont tous dormi sur le plateau, ça a vraiment créé un esprit de gang. Guillaume et Laurence se ressemblent beaucoup au niveau de leur instinct; ce sont des acteurs autodidactes. Éric a une formation, il est beaucoup plus réfléchi dans sa façon de jouer. Je devais travailler avec les deux façons, et j'ai beaucoup appris à travers ça. »
Est-ce que certaines scènes coupées du film te plaisaient particulièrement? « Plein, oui. Il y a des scènes sympathiques de pliage, il y avait un concours de pliage. Les gens avaient mis tellement d'effort là-dedans, les gars avaient tous appris à plier, il y avait une énergie intéressante, et c'est dommage qu'elle ne soit plus là. Des scènes de party aussi... Mais ces scènes-là vont être sur le DVD! »
Guillaume Lemay-Thivierge
Quand as-tu été impliqué dans le projet? « Dès que j'ai su qu'il y avait un film sur le parachutisme qui allait se faire... Quand mon chum Vincent qui m'a dit qu'il avait une commande, qu'il pensait peut-être mettre du parachute là-dedans, j'ai dit : « Heille, oubliez-moi pas! ». C'est après qu'ils ont contacté Mariloup. »
Tu es toi-même un fervent parachutiste... « Je suis bien passionné, je connais ça en masse. J'ai été consultant technique à temps plein. Ce qui se fait, ce qui se fait pas, le matériel, comment le placer, si ça se peut, ça se peut pas... C'est moi qui a fait les chorégraphies, j'ai trouvé des permis pour sauter où on était... »
Comment décrirais-tu ton personnage? « Je le décrirais comme un vieux sage, jeune, qui a beaucoup vécu dans le domaine du parachutisme, peut-être dans le surf, peut-être d'autres sports extrêmes... Là, il est bien, il est rassasié, il est heureux. Il est fier de faire ce qu'il fait, mais il a encore besoin d'adrénaline. »
« On sent qu'il a été fou, qu'il a été « crinqué ». Là, il en voit un qui est un peu comme lui, et il a besoin de lui dire d'arrêter, de se calmer, parce que c'est dangereux. C'est par amour et par amitié qu'il le ralentit. »
« Moi-même, je me suis fait ralentir par des parachutistes. Je n'ai jamais été fou comme le personnage, jamais à ce point-là, mais quand même... Aujourd'hui, les jeunes sont tellement en manque que quand ils vivent quelque chose d'extrême, ils le vivent trop grand, trop fort, trop tôt, et ça devient dangereux. Là ils s'en font faire du car surfing, ou je ne sais pas quoi, des affaires complètement ridicules... »
« Ce n'est pas parce que je saute en parachute que j'encourage le danger, au contraire... C'est dangereux de se jeter en bas d'un avion... si tu n'as pas de parachute. Mais avec l'équipement adéquat, c'est très sécuritaire, et tu vas vivre une belle sensation. »
Éric Bruneau
Quel est le défi principal de ton personnage? « Il perd son rêve, donc il a une totale perte de repères. Il se met à se tester, à tester la vie et à tester tout le monde autour. Il est en constante confrontation avec lui-même. C'est super intéressant à jouer. »
« Il est comme un animal. Quand il se fait grounder, il est comme en cage. Il y avait des scènes en moto où il ne faisait que foncer et rentrer dans une grange... Il n'est pas capable de se calmer. »
« Je le trouve bien égoïste, il ne fait pas attention au monde autour de lui. Il pousse la luck, il fait des noeuds dans son extracteur, il fait tout pour risquer le plus possible. Il confronte tout. C'est un sentiment qui n'est pas si loin que ça chez moi, je le trouve très, très humain. »
Pourquoi crois-tu que Mariloup t'as choisi? « Je connais cet état-là, l'état d'urgence, j'imagine qu'en audition c'était apparent. On a tous une fêlure, je suis allé profondément là-dedans. Pour moi, le parachute c'est seulement un prétexte, il aurait pu vivre la même chose à travers autre chose. Quoique la métaphore... »
Laurence Leboeuf
Qui est ton personnage de Manu? « On la suit pendant le film à travers un triangle d'amitié... amoureuse. Je pense que c'est une fille qui a un certain front. Elle vit des choses dures dans sa vie qui font en sorte qu'elle se protège beaucoup. C'est quelqu'un de très sensible, et qui est assoiffée de parachute, de cette liberté que ça lui amène. »
Pourquoi crois-tu que Mariloup t'a choisie? « Peut-être juste une « vibe », un instinct. Manu me ressemble beaucoup beaucoup aussi, j'ai un petit côté audacieux, mais en même temps sensible, réservée... Je crois que c'est l'instinct. »