La première de Ce qu’il faut pour vivre avait lieu mardi soir au Théâtre Maisonneuve dans le cadre du Festival des Films du Monde. « C’est vraiment un grand moment pour moi que j’attendais depuis longtemps de me m’asseoir dans la salle avec mes acteurs, mon équipe, et de partager ce film-là avec le public. », nous dit Benoît Pilon, qui réaliseé son premier long métrage de fiction.
« Mes documentaires souvent racontent des histoires à partir de personnages du réel, c’est des histoires humaines qu’on raconte, souvent des tournages sur de longues périodes. L’histoire que je raconte en fiction par rapport à celles dans mes documentaires, il y a quand même un lien. »
« La différence c’est la structure, le degré de préparation que ça prend. Alors qu’en documentaire tu peux te permettre d’attendre deux heures qu’il se passe de quoi, en fiction tout est programmé. J’ai une grande expérience de ça en tant qu’assistant-réalisateur, et pour avoir réalisé la série-télé Réseaux. »
Le rôle principal est défendu par Natar Ungalaaq... il ne doit aps y avoir 84 candidats pour le rôle? « Je n’ai pas fait d’audition, après avoir lu le scénario, c’est lui que je voulais. »
« Natar arrivait sur le plateau avec sa concentration, son sourire, son charisme. Il impressionnait les gens. »
Vos acteurs ont-ils des qualités communes? « C’est sûr que je recherche des acteurs qui sont capables d’une certaine intériorité, d’un jeu qui soit à la fois expressif et retenu. Je les dirige dans ce sens-là, mais j’aime aussi travailler avec des gens qui sont agréables à travailler et qui ont de l’ouverture, une disponibilité. »
Est-ce qu’en fiction, comme en documentaire, on chercher le « vrai »? Est-ce le même « vrai »? « Oui, l’authenticité en fait. Ça vient effectivement de mon expérience en documentaire. On cherche aussi à ce que ce soit vivant, à ce que la situation soit vivante. C’est à la fois les décors, les accessoires, les costumes, la façon de préparer les acteurs, de les mettre dans le bain. Par exemple, la première fois que j’ai tourné dans la salle commune du sanatorium, tous les rôles qui sont là je les ai assis là deux heures d’avance dans leur pyjama et leur couverte et je leur ai fait lire un texte sur l’état d’esprit des gens dans les sanatorium à l’époque. Je voulais qu’ils s’ennuient. »
« Je pense que ça vient de l’expérience du documentaire, de tourner des gens dans leur vraie maison, d’avoir des décors réels. »
Il y a aussi le scénario de Bernard Émond, auquel vous avez participé. « Mon implication n’est pas très importante. J’ai ajouté la scène du bateau au début, j’ai ajouté des scènes au personnage joué par Antoine Bertrand par ce qu’en cours de route, dans le scénario, on ne parlait plus de lui. Je voulais le fragiliser un peu aussi. J’ai ajouté des petites scènes, j’en ai enlevé d’autres. »
« Dans les films habituellement, le regard qu’on porte sur les autochtones, c’est presque comme si on parlait de nous. On parle de ce qu’on leur a fait. On se fouette en se disant qu’on est méchant. Moi ce que j’aimais du scénario, c’est qu’il est du point de vue de cet homme-là, dans toute sa dignité. C’est un étranger confronté à une réalité qu’il ne connaît pas. »
Le réalisateur présente Ce qu'il faut pour vivre.
Contenu Partenaire