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Délicieux brassage de cultures et de temporalités.
Une très jolie surprise que ce long-métrage entre romance et drame empreint de mélancolie. Les temporalités s’y mêlent avec une fluidité naturelle et bien dosée. On alterne le présent où un septuagénaire au crépuscule de sa vie tente de retrouver son amour de jeunesse rencontré cinquante ans auparavant avec les prémisses de ladite histoire. « Touch » nous présente donc aussi bien la quête de cet homme à l’heure actuelle, ou plutôt dans un passé très proche puisque le fim se déroule en mars 2020 au début des confinements, que cette romance dans les années 70 ainsi que quelques courts passages d’autres moments du passé. Le film fait également s’entrechoquer les cultures dans un cocktail presque magique. Le personnage principal est islandais, sa dulcinée d’antan est japonaise et leur histoire se déroule à Londres et cette œuvre subtile et délicate de nous emmener dans les trois pays, la rendant cosmopolite et dépaysante à la fois. Chaque culture apporte un petit quelque chose et s’enrichit l’un l’autre.
« Touch » est un film doux, qui vous embarque dès les premières images dans son (ou ses) voyage(s) nostalgique(s). On est très étonné de retrouver là un cinéaste islandais prometteur du début des années 2000 (« 101 Reykjavik », « Jar City », ...) vite récupéré par Hollywood il y a une quinzaine d’années. Ce réalisateur c’est Baltasar Kormakur qui a depuis enchaîné des productions de moyenne ampleur aux USA plus (« Contrebande ») ou moins (« 2 Guns ») réussies et mémorables. Mais cela restait des films de commande que ce soit dans le drame comme le décevant « Everest » ou le récent suspense animalier « The Beast ». En revenant dans son pays pour un film (il y avait tourné la série fantastique « Katla » entretemps), il semble vouloir retourner à ses premières amours, à quelque chose de plus profond et personnel. Et il nous livre là son meilleur film. Et de loin. Tout est juste et beau ici. Les deux heures de ce voyage à la fois géographique et sentimental passent à une vitesse folle. On ne sait jamais où cette quête dans le présent va nous mener tout comme on s’attendrit de l’histoire naissant entre Kristopher et Miko dans le passé. Les acteurs les incarnant sont en plus bourrés de charme tout comme leurs pendants âgés sont touchants et impeccables, notamment dans les scènes finales déchirantes et terriblement émouvantes sans pour autant forcer dans le larmoyant.
Kormakur nous propose une mise en scène à la fois simple et très raffinée. Son montage apparaît comme une évidence et les quelques détails qu’il glisse dans la photographie ou la manière de filmer selon différents pays est admirable. Sans jamais être tape-à-l’œil ou apprêtée, ses images flattent l’œil et participent à l’immersion dans « Touch ». On entre, on s’installe et on sort de ce film comme d’un doux songe amoureux. Sans jamais verser dans l’onirique, le film est poétique à souhait et parfois très grave en parlant de sujets tels que l’avortement, la vieillesse ou encore les séquelles de la bombe d’Hiroshima. Et le fait de situer l’une des parties du présent juste au tout début de l’ère Covid apporte son lot de moments caustiques (avec le recul, certaines mesures ou réactions apparaissent désormais presque ridicules) ainsi qu’une atmosphère particulière. Mais, surtout, cela rend la quête du personnage principale encore plus essentielle et pleine de sens. « Touch » est un très beau film qui nous prend par surprise et conquiert nos cœurs et nos âmes tout en nous touchant en plein cœur. Une œuvre apaisante, délicate et qui fait du bien tout en s’avérant originale et inattendue. Et qui nous un peu penser au tout aussi magnifique « Past Lives », petit bijou de l’an passé avec lequel il entretient pas mal de similitudes...
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