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Morocco Style.
En général il est plutôt plaisant de ne pas savoir où une œuvre nous emmène, d’être surpris et qu’elle prenne des chemins imprévisibles. Cette adaptation de roman (d’ailleurs, on pense que cette histoire devait davantage convenir au format littéraire) nous cueille dès le départ avec son casting plutôt garni d’acteurs de tous horizons, son fascinant décor exotique d’oasis dans le désert marocain et sa base narrative constituée d’un tragique accident qui va perturber le weekend de riches convives britanniques. Tout cela semble de prime abord très captivant, il y a une certaine tension qui se crée et on part sur les terres du thriller avec appétit et envie. Sauf que non, « The Forgiven » va prendre un chemin tout autre pas forcément convaincant et moins stimulant. Entre analyse et critique sociale et acerbe des riches de ce monde et œuvre sur le deuil et le pardon comme son titre l’indiquait bien, il nous apparaît un peu bancal.
En effet, passé le premier tiers plutôt réussi, « The Forgiven » perd peu à peu de sa force initiale en proposant un montage alterné. D’un côté on va suivre le chemin psychologique et physique emprunté par le personnage du mari joué par Ralph Fiennes, une partie qui n’est pas non plus dénuée de suspense, mais un suspense qui va quelque peu s’essouffler et tomber à plat. De l’autre on assiste à des nantis qui se languissent dans cette somptueuse demeure marocaine. Plaisant mais totalement futile, les personnages y sont tous détestables sournois, vénales, superficiels ou hypocrites voire tout cela à la fois et le film semble montrer (et moquer?) l’outrecuidance des riches, artistes et pique-assiettes de ce monde tout comme le choc culturel entre leurs coutumes débridées et le traditionalisme marocain. C’est plutôt bien vu et intéressant mais on n’est pas non plus dans « Gosford Park » et il faudra repasser pour le grand film sur la lutte des classes vaguement entrevu ici. Et leur côté détestable est tout de même poussé loin... Quoique.
Le côté bicéphale du long-métrage n’est donc pas sa principale qualité et on a l’impression qu’il y a deux films en un. Les réactions des personnages sont vraiment limites et aucun n’est véritablement attachant. Si la mise en scène de John Michael McDonagh (« L’Irlandais », « Calvary », ...) est un peu insignifiante, il peut compter sur des paysages magnifiques qui ravissent l’œil et forment un décor peu commun pour un film comme celui-ci. On trouve donc « The Forgiven » forcément un peu décevant, un peu long et presque ennuyant, malgré son bon départ et on n’est pas sûr de savoir où le cinéaste a voulu en venir. Il doit y manquer une bonne partie de la substance du roman original ou il n’a pas su l’en extraire. Mais certaines répliques ainsi que la distribution, ajoutées à ce décor rare, rattrapent le coup et on ne peut pas dire non plus que tout cela soit déplaisant. Et on se lamente de ce qu’il aurait pu être (sans être une adaptation donc) avec ce point de départ en prenant la pure voie du thriller.
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