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Apo à l'espagnole!
On se souvient de l’excellence de l’un des premiers gros films sortis par Netflix, et l’un des rares à être aussi bon et mémorable: « Bird Box » avec Sandra Bullock. Un concept fascinant, à la « Sans un bruit » mais version oculaire, propice à moultes développements et idées folles et doté d’une exécution solide par la cinéaste danoise Susanne Bier. Un résultat proche de la perfection même, avec un casting solide dominé par l’actrice américaine secondée, entre autres, par John Malkovich ou Sarah Paulson. C’était magistral : intelligemment découpé, favorisant la suggestion en ce qui concerne la menace, par-là même ouverte à toutes les craintes, en plus de se doter d’une dramaturgie puissante. L’annonce d’une suite comme on a pu l’avoir avec « Tyler Rake » traîne depuis des années et elle arrive enfin. Sauf que plutôt qu’une véritable séquelle, ce « Bird Box – Barcelona » est plutôt une variation en forme de série B sur le même concept.
Alors oui on y perd au change mais pas sur non plus qu’une suite dite normale eut été aussi réussie que le premier film. On va donc se satisfaire de cela surtout que c’est plutôt pas mal et que les frères Pastore ose des choses plutôt radicales... au risque de parfois faire un bide! Mais il y a de l’idée, on ne peut le nier. D’abord, de faire du personnage principal un anti-héros voire même un méchant est sacrément gonflé mais cela fonctionne plutôt bien, à défaut de rendre le film incontournable. La morale reste sauve à la fin mais c’est plutôt étonnant. Ensuite, d’emmener cette mouture vers un aspect religieux, questionnant (gentiment) la foi est assez bien plié, nous faisant penser un peu à « The Mist » avec Marcia Gay Harden en fanatique religieuse que l’arrivée de créatures rend complètement folle. En revanche, si le film garde le côté suggestif en ne montrant jamais les créatures, on est beaucoup moins terrifié que dans l’original, peut-être aussi la faute à des personnages bien moins attachants et développés pour qui on ne craint pas la mort.
La mise en image est également de qualité, les Pastore offrant de beaux plans travaillés, des séquences impressionnantes (celle dans le hangar de bus très originale ou celle avec les chiens). Le côté postapocalyptique est plus approfondi visuellement que dans le premier mais reste dans la lignée de bon nombre de films vus ces dernières années. D’ailleurs, les frères cinéastes s’y connaissent puisqu’ils sont à l’origine de deux autres séries B plus confidentielles dans le même genre : une américaine, « Infectés », et l’autre au sein de leur pays de naissance, « Les derniers jours », toutes deux moyennes et montrant avec celle-ci un léger mieux que l’on sent à chacune de leur nouvelle itération dans le genre. Dommage que le final soit ridicule en plus d’effets spéciaux très moyens. En voulant sauver la morale, rendre la fin spectaculaire et étendre encore, mais de manière maladroite, le concept, ce « Bird Box : Barcelona » se tire une balle dans le pied. Cela reste néanmoins sympathique et il est toujours agréable de voir un film de la sorte avec du suspense même s’il n’arrive pas à la cheville de son aîné.
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