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Symétrie non consentie.
Quel drôle de film! Ou plutôt terriblement étrange devrait-on dire. Mais c’est aussi ce qui fait sa force. Imaginez plutôt : on y voit une jeune femme vivant dans un contexte indéfini mais ressemblant à nos sociétés occidentales actuelles, donc réaliste, apprendre qu’elle va mourir et donc décider de se payer un clone, comme c’est autorisé dans ladite société, de manière à combler la peine de ses proches. Sauf qu’après quelques mois, notre Sarah (et accessoirement le personnage principal) de « Dual » découvre qu’elle est en totale rémission et ne souhaite donc plus de ce clone qui a pris sa place. Dans ces rares cas, la loi exige donc un duel à mort de manière à savoir qui va rester entre l’original et le clone. Tout cela dans une atmosphère froide où tous les personnages sont inexpressifs et l’ambiance terne et monotone. On se croirait dans un épisode de « Black Mirror » rallongé, car on y retrouve beaucoup des codes de cette illustre série, baigné dans l’atmosphère si singulière d’une autre mythique et immense série, « Severance » et saupoudré d’un zeste d’ambiance scandinave (le film a été tourné en Finlande). Et c’est bien sûr un compliment.
Loin d’être un film de science-fiction tel qu’on se l’imagine, ce « Dual » mêle les genres et brouille (agréablement) les pistes. Rien ne laisse deviner un quelconque film d’anticipation si ce n’est le seul évènement science-fictionnel du film : le clonage et les lois qui en découlent. Sur ce postulat, cette œuvre bizarre alterne admirablement entre le thriller, le drame et surtout la comédie pince-sans-rire pour un mélange des genre et des styles assez pertinent. En effet, certaines situations sont étrangement drôles dans un cadre qui ne l’est pas du tout : on pense à la manière dont cette femme médecin annonce ses diagnostics aux patients où à ce cours de hip-hop drolatique alors que les enjeux du film sont très sérieux. Des ruptures de tons au décalage du jeu des acteurs, c’est totalement inattendu et surprenant. Si on goûte à ce type d’univers et d’humour à froid, c’est plutôt jouissif.
Malheureusement, tout le long-métrage n’est pas exempt de défauts. En premier lieu, même si le rebondissement final se sent venir à plein nez sans forcément savoir l’issue exacte, la fin est très abrupte. Et on se demande le sens final et véritable caché derrière cette œuvre peu commune. Et s’il y en a vraiment un d’ailleurs. Ensuite le flou du contexte spatio-temporel est utile et accentue le côté étrange que l’on ressent à la vue de « Dual ». Mais était-ce pour autant nécessaire que l’esthétique de l’ensemble soit si pauvre. En effet, Riley Stears ne semble faire aucun effort pour rendre son long-métrage agréable à l’œil. L’image est laide au possible et il semblerait qu’elle choisisse les décors les plus banals (et moches) ainsi que la façon de filmer la plus triviale qui soit. Mais peut-être est-ce fait exprès pour appuyer la drôle d’ambiance de ce film qui joue très bien de toutes les retombées et développements possibles du clonage présenté ici. On lui laissera le bénéfice du doute mais cela rend le visionnage tout de même moins sympathique.
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