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Partisan mais pas manichéen.
C’est plutôt courageux de prendre un sujet aussi abrasif, risqué et polémique que celui des violences policières pour son premier film. Ce n’est pas le premier long-métrage sur le sujet certes mais rares sont ceux le traitant de manière si frontale pour en faire le cœur du sujet. Surtout qu’il est difficile de demeurer objectif et impartial lorsqu’on écrit une telle histoire. Le duo de films complémentaires « Les Misérables » de Ladj Ly et « BAC Nord » de Cédric Jimenez l’avait remarquablement fait sans qu’une bavure en tant que telle soit vraiment au centre du film. Mais ils parlaient du fossé de plus en plus énorme entre les cités et les services de police qui aboutit à des affrontements et accidents aux conséquences de plus en plus dramatiques.
Le premier prenait plutôt le parti des cités tandis que le second se mettait davantage à la place des forces de l’ordre. Deux uppercuts, deux manières complémentaires de voir l’état d’une certaine France en défendant un côté ou l’autre mais de manière nuancée et sans sombrer dans une exagération de mauvais aloi. Il y a eu aussi le nauséabond « Athéna » qui prenait une bavure policière pour enjoliver les émeutes de cité en les présentant comme un clip, un film totalement écœurant de bêtise, et bien sûr « La Haine ». Mais aussi, pour ne pas rester cantonné à la France, toutes les œuvres américaines (« Détroit », « The Hate U Give », ...) qui en parlent de manière bien tranchée depuis plusieurs années.
« Avant que les flammes ne s’éteignent » prend lui le parti du drame vécu dans le microcosme familial et du cheminement judiciaire pour faire éclater la vérité. Donc pas ou peu de scènes d’émeutes, de destruction de biens ou de combats entre jeunes des cités et policiers. Le long-métrage prend parti bien sûr. Du côté de la victime, visiblement tuée par des policiers racistes et violents, mais surtout de ses proches qui ont le droit de savoir et d’obtenir justice. Et si le film n’est pas une histoire vraie, il s’inspire de plusieurs cas réels et passés ayant défrayé la chronique. Partisan, parfois à la limite de tomber dans une sorte dualisme et de misérabilisme gênant, le film évite pourtant de justesse tout manichéisme. Il défend admirablement sa cause et dénonce ces bavures impunies dont les responsables sont souvent protégés par l’État. L’écriture est bonne, la progression dramatique également et on n’essaie jamais de rentrer dans du spectaculaire pour rester dans la sphère intime. Les enjeux sont nombreux et parfaitement posés créant suspense et un engagement du spectateur.
« Avant que les flammes ne s’éteignent » se révèle donc être un beau film engagé avec un message fort. Bien sûr, il faut savoir être lucide et se dire qu’un autre film du point de vue de la police et tout aussi partisan pourrait être également tout à fait réussi. Mais, ici, on parle de cinéma et l’auteur a des convictions qu’il défend sans sombrer dans le prosélytisme crasse. On peut aussi lui accorder un très beau travail de mise en scène pour une première œuvre. Plans soignés, belle photographie, caméra alerte sachant alterner beaux plans larges avec d’autres plus resserrés sur les visages, le film est visuellement très soigné. Et la galerie d’interprètes est parfaitement convaincante, Camelia Jordana en tête. Ce film, à la fois simple, nécessaire et puissant, est clairement à découvrir malgré quelques menus défauts propres aux premiers films.
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