Le nom d’Uwe Boll inspire souvent la méfiance. D'abord parce qu'il a convié ses cinq plus fervents détracteurs à un combat de boxe en oubliant de mentionner qu'il avait été boxeur professionnel - on devine qui a gagné. Plus de 250 000 personnes ont signé une pétition virtuelle le suppliant de prendre sa retraite du cinéma. Puis, parce qu'il est qualifié par certains – ceux qui ont vu ses films, habituellement - de « pire réalisateur de tous les temps », un Ed Wood des temps modernes. Le cinéaste – bon... - allemand a à sa feuille de route les adaptations de jeux vidéos Alone in The Dark, Bloodrayne et, tout récemment, In the Name of the King : A Dungeon Siege Tale. Son plus récent film, Postal, qui prend l’affiche à Montréal cette semaine, est aussi une adaptation d’un jeu vidéo, et il démarre très fort. Dans une conversation improbable, deux pirates de l’air n’arrivent pas à s’entendre sur le nombre de vierges qui les attendra au paradis. Et puis bang! dans le World Trade Center.
Compte rendu d’une conversation toute aussi surréaliste avec un réalisateur qui aime être « le pire de tous les temps ».
Note : Tous les mots-vulgaires-anglophones-commençant-par-F seront remplacés par leur équivalent phonétique « phoque » - et déclinaisons - afin de faciliter la lecture.
Pourquoi avoir choisi de lancer le film la même semaine qu’Indiana Jones? « Pour être honnête, je sais bien que nous n’avons aucune chance contre lui. Phoque, c’est Indiana Jones! Mais comme il n’y avait pas d’autre film qui prenait l’affiche, j’ai pensé que nous pourrions avoir quelques salles de plus. Mais non, les multiplex refusent de présenter le film parce qu’ils n’aiment pas le contenu. »
« C’est comme ça avec les critiques aussi, ils ne me parlent jamais du film, seulement que je suis le « pire réalisateur de tous les temps ». On ne parle jamais du contenu, du message. »
Il s’agit quand même d’un humour assez offensant... « C’est certain que c’est offensant, mais nous vivons dans un monde tellement phoqué avec les New-Born Christians, les fondamentalistes, les islamistes, le régime Bush qu’il n’y a aucune raison d’être politically correct. »
Vous n’avez pas peur de vous faire abattre en pleine rue? « Oh! En tant que réalisateur, tu dois prendre des risques, sinon tu ne vas nulle pas. Je peux vivre avec ce risque. »
« J’ai écris Postal en pensant au monde absurde dans lequel on vit, tellement phoqué, et j’ai pensé que ça devait nécessairement être drôle et absurde. Les grosses compagnies te font perdre ton identité, des cinglés forment des sectes ridicules, la magnifique femme que tu maries devient vite une salope dégoûtante. Ça, ce n’est pas tant un message que mon opinion. »
Avez-vous de la difficulté à recruter des acteurs pour vos films? « Oui, beaucoup. Les agences américaines refusent tout simplement que leurs acteurs jouent dans mes films, ils veulent me boycotter. Mais certains viennent me voir, comme J.K. Simmons, et veulent jouer dans mes films. »
On ne le croirait pas à première vue, mais Uwe Boll possède un doctorat en littérature. Pourquoi ne pas écrire un livre? « Parce que je suis un réalisateur! J’écrirai sûrement un jour un livre sur l’industrie cinématographique, mais pour l’instant j’adore être sur le plateau et tourner. Tant que j’aurai des fans, je vais essayer de faire des films. »
C’est la moindre des choses.