Par le passé, il a été si facile de déterminer le film qui se retrouverait au sommet de mon top 10 de l'année (The Social Network (2010), suivi de très très près par Inception, The Artist (2011), Argo (2012)) que je trouvais plutôt déstabilisant de ne pas savoir quel long métrage figurerait en première place de mon classement cette année.
J'hésitais encore à la dernière seconde entre 12 Years a Slave et The Wolf of Wall Street. Ce sont deux excellentes productions, mais aucune d'entre elles n'est arrivée à me renverser comme l'ont fait les oeuvres des années précédentes. Ce n'est pas que l'année 2013 n'en fut pas une remplie de films méritoires, mais je n'ai, de mon côté, pas eu de coup de coeur évident. Du moins, pas aussi ravageur que ceux que qui trônaient, par le passé, en tête de mes tops 10 annuels.
Voici donc les dix films que j'ai préférés cette année :
10. Les gamins (critique)
Les gamins a été l'une de mes plus belles surprises de l'année 2013. La comédie française n'a pas fait beaucoup de vagues en terre québécoise, ne se retrouvant même jamais dans les dix premières positions du box-office, même à sa première fin de semaine dans les salles, mais elle a définitivement été un coup de coeur instantané pour moi. Son humour cru et décadent (un peu à l'image de celui d'Apatow aux États-Unis), ses deux comédiens masculins (Max Boublil, Alain Chabat), parfaits dans le rôle de deux éternels adolescents dissipés, et ses thématiques intelligentes en ont fait un film adorable que je suis fière de placer dans mon top 10 de l'année.
La nostalgie est maintenant l'un des moyens préférés d'Hollywood pour convaincre les cinéphiles de consommer leur produit. Disney l'a aussi compris et a décidé de refaire l'un de ses classiques films de princesse, en l'adaptant bien sûr à la sauce du jour. Frozen est parfait de nombreuses manières; il possède un humour à double sens qui permet tant aux enfants qu'à leurs parents de passer un bon moment, il défait habilement et subtilement tous les tabous des oeuvres d'animation du genre et met en scène des personnages féminins forts et auxquels les jeunes filles peuvent s'identifier sans se transformer progressivement en une Barbie illusionnée. Un film que je recommande même aux enfants qui n'ont plus l'âge des carrés de sable et des poupées.
8. The Secret Life of Walter Mitty (critique)
Évidemment, The Secret Life of Walter Mitty n'est pas Forrest Gump et il est indéniable qu'en élevant les attentes du public ainsi (Forrest Gump a tout de même remporté six Oscars!), il y aura irrémédiablement des déçus. Malgré tout, The Secret Life of Walter Mitty s'avère une oeuvre créative et charmante qui nous encourage à vivre nos rêves plutôt qu'à les fantasmer. Même si on est loin de la performance de Tom Hanks (ce sont eux qui nous forcent à la comparaison), Ben Stiller est efficace dans le rôle principal et arrive à stimuler la sympathie du public et à l'émouvoir.
7. Inside Llewyn Davis (critique de Karl Filion)
Ethan Coen et Joel Coen sont de grands cinéastes; ils nous l'ont prouvé à plusieurs reprises par le passé (Fargo, No Country for Old Men, True Grit). Avec Inside Llewyn Davis, les deux frères démontrent à nouveau l'ampleur de leur talent et leur grande polyvalence. Le public est instantanément transporté par la musique folk et l'histoire attendrissante de ce chanteur doux-amer dans le New York des années 1960. Les dialogues sont sentis et intelligents, la structure est efficace, la réalisation, honnête et les performances des acteurs, transcendantes. Oscar Isaac est fantastique dans le rôle principal et Carey Mulligan embrase l'écran lors de chacune de ses courtes apparitions.
Il y a des films qui nous touchent particulièrement sans qu'on puisse en déterminer la cause exacte. Ce ne sont pas des oeuvres qui remporteront des Oscars et qui seront encensées par la critique à travers le monde, mais ce sont des oeuvres qui nous font du bien, tout simplement. La magie, c'est beaucoup plus efficace quand on ne connaît pas les trucs du maître d'oeuvre alors je ne chercherais pas à comprendre pourquoi je suis si séduite par Don Jon. Ce film a opéré sa magie sur moi et j'en aie été renversée. Je n'ai pas besoin de connaître le truquage. Merci Joseph Gordon-Levitt de m'avoir fait rire et sourire aussi franchement pendant 90 minutes.
5. Dallas Buyers Club (critique de Karl Filion)
Même si je m'attendais à une signature plus présente de Jean-Marc Vallée (j'avais adoré l'onirisme de Café de Flore), j'ai tout de même été renversée par son magnifique Dallas Buyers Club, surtout quand on sait qu'il a été fait qu'avec un budget de 5 millions $. La lumière naturelle apporte une humanité nécessaire au message du film et Matthew McConaughey est incroyable sous les traits de ce cowboy diagnostiqué sidéen dans les années 1980. Mais au-delà de tout ça, c'est la performance de Jared Leto en travesti qui bouleverse le plus. Il faut que l'Oscar du meilleur acteur de soutien soit remis à cet homme. Il est absolument extraordinaire!
4. American Hustle (critique de Karl Filion)
David O. Russell est l'un des réalisateurs américains les plus importants en ce moment. Après les huit nominations aux Oscars cette année pour son film Silver Linings Playbook, tout le monde avait hâte de voir ce qu'il nous offrirait la prochaine fois. American Hustle est à la hauteur des attentes. Ce sont ces personnages lui permettent de se démarquer. En plus de Bradley Cooper et Jennifer Lawrence, qui étaient de la distribution de Silver Linings Playbook, Christian Bale, Amy Adams et Jeremy Renner s'ajoutent au générique. Ils sont tous incroyables, mais, encore une fois, il est difficile de cesser de regarder Jennifer Lawrence, qui crève l'écran.
3. Prisoners (critique de Karl Filion)
Prisoners de Denis Villeneuve est un suspense d'une grande intelligence et d'une superbe humanité. Le film donne tous les éléments aux spectateurs dès le début pour résoudre l'intrigue et construit, petit à petit, son univers torturé. Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal livrent une performance sentie et arrivent à nous maintenir en haleine jusqu'à la fin. Les suspenses psychologiques qui nous captivent de cette façon, qui nous font nous tenir sur le bout de notre chaise, les dents serrées, sont plutôt rares, mais Prisoners y arrive naturellement.
2. The Wolf of Wall Street (critique de Karl Filion)
Le nouveau film de Martin Scorsese est décadent, débauché, pervers, tordu, et pourtant, il nous captive et nous enivre. Le personnage n'a rien de sympathique et d'attachant comme le sont généralement les héros de films américains. Il est égoïste, méchant, barbare, mais il est joué par Leo. DiCaprio et Scorsese arrivent ensemble à engendrer de petits miracles et The Wolf of Wall Street s'ajoute à la liste ces perles rares. Ses couleurs flamboyantes, sa narration extra-diégétique, son aspect dépravé assumé et son acteur principal en contrôle nous font penser à un 99 F dans le milieu boursier américain.
1. 12 Years a Slave (critique de Karl Filion)
12 Years a Slave est poignant. Cette histoire vraie nous déstabilise et nous émeut. Les plans fixes, les moments de silence, les dialogues sentis, 12 Years a Slave met tout en place pour nous bouleverser et y arrive brillamment. Chiwetel Ejiofor est incroyable dans le rôle principal, il acquiert notre sympathie et notre compassion dès les premières minutes, et on le suit dans ses déboires jusqu'à ce qu'on lui rende ce qu'on lui avait impunément enlevé; sa liberté. Un grand film qui prouve les remarquables aptitudes de Steve McQueen.