Comme la nostalgie est une chose très à la mode depuis quelques années, les studios Disney ont décidé de ressortir des boules à mites des personnages qui ont fait la réputation de l'entreprise; les princesses. Il y a une aura autour de Walt Disney, une sorte de magie qui se déploie dans les salles de cinéma et qui arrive à charmer les enfants, d'abord, puis leurs adultes qui, sans vraiment s'en rendre compte, rajeunissent jusqu'à redevenir des enfants sur leur siège. Frozen réussit ce tour à la perfection, on pourrait même dire qu'il le fait mieux que The Princess and the Frog et Tangled, les deux dernières productions de la compagnie mettant en scène des princesses (en excluant les récents efforts de Pixar).
La bande-annonce ne nous donne que très peu d'indices sur l'histoire de Frozen. On sait qu'il est question d'une jeune fille qui transforme tout en glace, d'un bonhomme de neige au nez en carotte et d'un chevreuil qui veut la manger, mais aucun indice suffisant pour nous expliquer clairement la trame. C'est après avoir vu le film qu'on comprend pourquoi la bande-annonce est aussi nébuleuse; l'histoire de Frozen est d'une sérieuse complexité.
Il s'agit de deux princesses qui habitent dans un château avec leurs parents. Quand ces derniers décèdent, la plus vieille - qui possède des pouvoirs magiques - décide de ne plus sortir de sa chambre pour ne pas blesser sa petite soeur avec ses dons. Un jour vient le couronnement de l'aînée et un incident pendant l'évènement force la reine à s'exiler. La plus jeune partira donc à sa recherche et tentera de la convaincre de revenir au royaume... Ça, ce sont les quinze ou vingt premières minutes. Après, une panoplie de personnages loufoques font leur apparition au grand bonheur des petits et des grands. Le récit est composite, on ne peut pas le nier, mais il n'est pas assommant pour autant.
L'un des aspects particulièrement intéressants de Frozen, c'est son ironie, son aspect caricatural face aux classiques des films de princesse. Dans un monde comme le nôtre, à une époque comme la nôtre, le grand amour, le coup de foudre au premier regard, c'est une chose démesurée et souvent, dans le contexte des oeuvres de Disney, misogyne. Frozen prend bien soin de se moquer de cette naïve petite princesse qui croit avoir trouvé l'homme de ses rêves et qui décide de le fiancer le jour même de leur rencontre. Même chose pour le baiser d'amour qui pourrait briser le sort et guérir tous les maux. Évidemment, comme Disney sait ce qu'il fait, il n'y aura que les adultes qui comprendront cet humour de deuxième degré; les enfants apprécieront les folles aventures que vivent les personnages et les magnifiques images enneigées alors que les grands s'amuseront des délicieux doubles sens que leur propose Frozen.
Le bonhomme de neige Olaf, doublé par Josh Gad dans la version originale, est un personnage secondaire des plus attachants. Il apporte une légèreté à cette histoire d'orphelines tenaillées par de lourds secrets. Les chansons amènent également une désinvolture bienvenue. Les paroles sont pertinentes et bien interprétées par des acteurs⁄chanteurs de grand talent (je fredonnais encore For the First Time in Forever deux jours après avoir visionné le film; ce sont de dangereux vers d'oreille).
Frozen m'a charmée du début à la fin. Peut-être est-ce parce que je suis une profonde nostalgique, mais il y a quelque chose dans les films de princesses de Disney qui arrive à bouleverser, envoûter et amuser simultanément. Une chose indéfinissable, une sorte magie qui nous amène à espérer que les bonshommes de neige s'animent et que les princes charmants discutent avec leur orignal de compagnie.