Une autre année, un autre bilan. Quels sont les films qui ont marqué 2012? Cela dépend bien sûr des goûts, mais aussi des circonstances, alors qu'on n'a bien sûr pas pu voir tous les longs métrages, dont certains importants, au cours de l'année. Qu'à cela ne tienne, l'exercice subjectif qu'est un bilan de fin d'année évoque surtout des moments de surprise et d'émerveillement lors de moments cinématographiques imprévisibles. J'espère que cette liste vous donnera envie de les partager avec moi.
Plusieurs films ne se retrouvent pas dans ce top 10, pour plusieurs raisons. D'abord, dans la catégorie des films qu'on n'a pas vus : Bullhead et Faust, entre autres.
Dans la catégorie films-qui-ne-font-pas-partie-de-cette-liste-mais-qui-auraient-aussi-bien-pu, notons trois excellents films québécois parus cette année - Camion, Laurence Anyways et Rebelle - et ces films vus en 2012 mais qui n'ont pas encore pris l'affiche au Québec, dont Amour, du toujours fascinant Michael Haneke, qui sort le 11 janvier.
L'honorifique onzième place va cette année à des films comme Les géants, sublime poème cinématographique belge, à l'hilarant Habemus Papam, de Nanni Moretti, ou au subtil Si tu meurs, je te tue, d'Hiner Saleem. Sans oublier Django Unchained.
Comme à l'habitude, les films admissibles sont ceux qui ont pris l'affiche au Québec entre le 1er janvier et le 31 décembre 2012, toutes origines confondues.
10. The Dark Knight Rises (critique)
Qu'un film puisse survivre - et même impressionner - à des attentes aussi élevées que celles qui entouraient la sortie de The Dark Knight Rises est un véritable tour de force. Le film de Christopher Nolan devait être à la hauteur d'une franchise qui a redéfini un genre et repoussé la frontière entre le film dit « de super-héros » et le drame classique. Qu'il en ressorte une si grande cohérence est un véritable exploit. Peut-être pas aussi bon que The Dark Knight, mais tout de même un excellent film, engageant, signifiant et divertissant.
9. L'affaire Dumont (critique)
L'année 2012 du cinéma québécois aura été marquée par des oeuvres d'auteurs fortes et personnelles, dont beaucoup ont su se démarquer. Ce qui place L'affaire Dumont au-dessus de la mêlée, c'est son propos sur la narration même, sur le concept de réalité, « d'histoire vraie » au cinéma, à travers une habile manipulation temporelle. Une manipulation signifiante qui vient ajouter au travail de reconstitution efficace de Podz, au montage audacieux et aux interprétations senties des comédiens.
8. Moonrise Kingdom (critique)
Mignon comme tout, ce film de Wes Anderson démontre - encore une fois, dans son cas - une attendrissante créativité, en plus de mettre en scène une histoire d'amour inédite et charmante. Les jeunes acteurs sont parfaits, et la magnifique scène de la baie, où le réalisateur démontre tout son talent, est l'une des plus jolies de l'année. Un beau film, tout simplement, qui mérite pleinement sa place au sein de ce palmarès vu le bonheur qu'il parvient à propager.
7. Life of Pi (Critique d'Élizabeth Lepage-Boily)
Ce sublime film d'Ang Lee, qu'on n'attendait bien honnêtement pas si haut dans ce palmarès, se démarque par l'efficacité de son langage cinématographique et l'ampleur de son récit, pourtant réduit au combat d'une jeune Indien pour sa survie au beau milieu de l'océan. Fable, conte, peut-être récit sacré, le film propose plusieurs questionnements liés à la foi sans forcer ses croyances tout en démontrant une maîtrise à couper le souffle du langage cinématographique. Efficace et imprégnant.
Techniquement, voilà un film qui est sans reproches. La réalisation maîtrisée parvient à créer une tension qu'on n'a pas retrouvée ailleurs au cinéma cette année, par le truchement d'un montage absolument parfait et par un scénario crédible et bien construit. Sans une finale poussive, ce serait le meilleur film américain de l'année. Affleck y démontre son talent de réalisateur en proposant - et de loin - sont meilleur film à ce jour.
5. A Separation (critique)
On aborde souvent sur cette tribune le cas de drames, souvent poignants et efficaces, qui racontent l'histoire spécifique d'un ou de plusieurs personnages dont le destin inhabituel est destiné à émouvoir le plus grand nombre. De nombreux cas semblables, où l'anecdote ne laisse pas de place à l'universel en négligeant bêtement l'aspect social du cinéma, sont à répertorier. A Separation, d'Asghar Farhadi, parvient à faire le contraire avec son histoire aux échos sociaux forts. Le film illustre par l'exemple d'un couple et à travers des thématiques qui ne sont pas exclusives à leur histoire des traits humains universels. Farhadi, en parfait contrôle, raconte brillamment cette histoire.
4. 21 Jump Street (Critique)
Retrouver une comédie à cette position, dans un top 10 de l'année, a de quoi étonner. Pourtant, 21 Jump Street démontre parfaitement ce que doit être une comédie à notre époque : bourrée d'auto-dérision, proposant un humour diversifié, mais pas scatologique, en plus de faire appel à des sentiments partagés par les spectateurs (ici, l'expérience du secondaire) et tout ça sans négliger la crédibilité des personnages. Succès sur toute la ligne. On ne cesse de répéter sur cette tribune qu'il n'est pas moins difficile de réussir une comédie que de réussir un drame, et ce film le prouve. Il n'a pas à rougir face aux autres oeuvres plus « lourdes » de ce palmarès.
3. De rouille et d'os (critique d'Élizabeth Lepage-Boily)
Jacques Audiard est un habitué des palmarès. Et pour cause; ses films démontrent toujours une grande maîtrise du cinéma et souvent une audace narrative qui est très stimulante. De rouille et d'os ne fait pas exception. Très intense et résolument inhabituel, ce film, qui a des traces de comédie romantique malgré un enrobage résolument exigeant, brut. Le montage est superbe et la caméra d'Audiard a rarement été aussi à fleur de peau que dans ce film.
2. Silver Linings Playbook (Critique)
Le réalisateur David O. Russell transforme ce film aux allures de comédie romantique classique en contournant habilement les clichés et en dynamisant un récit aux balises archi-connues pour proposer l'un des films les plus simples, mais aussi les plus beaux, de l'année. Charmant, étonnant, patient et profondément humain, porté d'autant plus par les prestations attendrissantes de Jennifer Lawrence et de Bradley Cooper.
1. Holy Motors (Critique)
Holy Motors est l'expérience de cinéma la plus complète de l'année. Le film de Leos Carax, propulsé par la performance inoubliable de Denis Lavant, est aussi imprévisible, bizarre, intrigant et bouleversant que possible, sur le plan humain, en plus d'être une touchante leçon de cinéma. Aucune raison de s'étonner de le voir trôner en tête de ce top 10 de l'année 2012. Une expérience unique et inexplicablement totale.