Les trois mousquetaires revivent au cinéma d'une éclatante façon. Un tourbillon épique de combats, d'amour et d'émotions fortes qui fait rapidement oublier les précédentes adaptations.
Cinoche.com s'est entretenu avec le réalisateur Martin Bourboulon (Eiffel, Papa ou maman) en prévision de la sortie du premier tome de ce diptyque qui porte le titre de D'Artagnan, à l'effigie du jeune héros qui sera mêlé à d'incroyables aventures dans la France du 17e siècle.
Il y a eu plusieurs films tirés du classique d'Alexandre Dumas. Sur quelles bases vouliez-vous partir pour que cette transposition soit à la fois fidèle et contemporaine, qu'elle ne représente pas une adaptation de plus?
Quand on pense travailler sur un tel projet, on se pose évidemment la question à savoir comment être différent, comment apporter un regard nouveau sur tout ça. Il m'est venu rapidement l'envie de travailler sur la chasse au vrai. De tout faire pour qu'on croie aux costumes, à l'environnement, aux visages, aux maquillages...
Vous pouvez me parler des directives apportées au Québécois Nicolas Bolduc, qui agit comme directeur de la photographie?
Je voulais un film avec une texture d'image particulière. Qu'elle ne soit pas trop propre ou neuve, qu'il y ait un maximum de vécu. On voulait tout faire pour qu'on y croie. On voulait travailler la saleté, le caractère un peu abîmé de l'environnement visuel. C'était vraiment important pour nous.
Le long métrage ne manque pas d'action. Les combats sont d'ailleurs filmés dans de spectaculaires plans-séquences. Pourquoi ce choix de mise en scène?
Je voulais que les scènes d'action ne soient pas vues, mais vécues de l'intérieur. Je ne voulais pas qu'on assiste à des scènes d'action. Je voulais qu'on les vive et qu'il y ait quelque chose de très immersif, que le spectateur soit impliqué dans l'action. C'est pourquoi j'ai tenu à les faire en plans-séquences et en temps réel au maximum. La sensation du temps réel comptait beaucoup pour moi dans une approche très réaliste.
Le casting qui comprend Vincent Cassel, Romain Duris, Eva Green, Pio Marmaï, Vicky Krieps et Louis Garrel est tout simplement royal.
La distribution apporte une promesse de générosité avec le spectateur. Ce sont de grands acteurs qui ont l'avantage et le talent d'incarner immédiatement des personnages. C'est quelque chose qui n'est pas nécessairement donné à tous. Cela permet aussi de proposer aux spectateurs une variété et une richesse d'acteurs qui viennent d'univers assez différents. Je pense que c'est une expérience riche pour le spectateur de voir tous ces acteurs dans le même film..
Ce fut aisé de trouver l'interprète de D'Artagnan? Car François Civil (vu récemment dans En corps) ne manque pas de charisme...
François a été évoqué sur le projet très tôt. On a pensé à lui tout de suite. Cela a été notre D'Artagnan idéal. Il possède une grande capacité de jouer, il a beaucoup de nuances et il est physiquement très impliqué dans les scènes. Cela a été notre seul D'Artagnan.
À quoi faut-il s'attendre pour la suite et conclusion du récit, Milady (incarnée par Eva Green), qui prend l'affiche en décembre prochain?
On peut s'attendre à un personnage de Milady qui sera plus étoffé, qui prendra plus de place et de volume. Et il faut s'attendre à une histoire qui soit un peu plus drama et épique, qui a du souffle.
On vous connaît pour les comédies Papa ou maman et le drame romantico-historique Eiffel. On n'est donc pas surpris de constater que Les trois mousquetaires baigne dans l'humour et la romance. Cependant, on a l'impression de découvrir un nouveau réalisateur, peut-être en plus grande maîtrise de ses moyens...
Ce sont des envies de cinéma qui progressent, qui font leur chemin. Des nouvelles sensations et des nouveaux principes qui s'installent. Ce sont surtout des genres de films très différents. Ce que j'aime chez les metteurs en scène, c'est quand leur mise en scène est d'abord au service de l'histoire racontée. Et la mise en scène des Trois mousquetaires ne peut pas être la même que pour Papa ou maman, tout simplement parce qu'on ne raconte pas la même histoire. Il faut savoir trouver la mise en scène la plus juste par rapport au sujet. Ce qui me plaît, c'est de continuer à changer de registres et de genres d'histoire. Parce qu'à chaque fois, ça interroge la mise en scène et ça permet d'essayer de trouver des réponses qui sont cohérentes avec l'histoire qu'on raconte.
Quels films ou quels cinéastes ont eu un impact dans votre cinéphilie?
Il y a eu beaucoup de cinéastes. En France, j'ai de l'affection pour le travail de Bertrand Tavernier, de Jean-Paul Rappeneau et de Patrice Chéreau qui ont toujours réussi à changer de genres dans leur carrière. Puis il y a des films de cinéastes qui m'ont beaucoup marqué, comme Amours chiennes et The Revenant d'Alejandro Gonzalez Inarritu. Et il y a les grands chocs survenus quand j'étais un peu plus jeune. Par exemple Le temps des gitans d'Emir Kusturica qui m'a énormément plu et bouleversé à l'époque.