Je n'ai peut-être jamais vu autant de nouveaux films qu'en 2015. Si l'on inclus les différents festivals et cette manie d'attraper environ 90% des sorties au cinéma, la barre doit osciller à près de 500!
Quand vient le temps de dresser un palmarès des meilleurs titres de l'année, il est impossible de tout inclure. Ce que j'aurais aimé laisser une place au Sel de la Terre, Spotlight, The Hateful Eight, Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence, Song of the Sea, La terre et l'ombre, Saint Laurent, P'tit Quinquin, Room, Selma, Comme un avion, The Look of Silence, Mad Max : Fury Road et Les démons!
Sauf qu'il fallait choisir 10 films qui ont été présentés dans les salles québécoises entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2015. Voici mes choix…
10. Le conte de la princesse Kaguya
C'est l'ultime dessin animé du vénéré Isao Takahata, le père de l'inoubliable Le tombeau des lucioles. Une œuvre simple et magique sur la vie, l'amour, la famille et l'univers des possibles pour une jeune femme en quête d'émancipation. Un rêve festoyant de couleurs et de mélodies qui rend le cœur plus léger.
Un grand film politique et universel sur le pouvoir qui n'épargne rien ni personne. Aucun détail n'est laissé au hasard de la part du virtuose Andrey Zvyagintsev qui fracasse sphère privée et publique pour créer un véritable enfer sur terre à ses personnages. On rit jaune, noir et de toutes les couleurs de façon désespérée.
8. Inside Out (critique d'Éli)
Une autre animation? Oh que oui! Pixar se surpasse avec cet opus drôle et bouleversant qui présente de l'intérieur les émotions complexes d'une fillette qui vient de déménager. L'imagination est au pouvoir et elle est capable des plus grands délires, titillant la fibre nostalgique pour faire retomber quiconque en enfance.
Une fresque immense sur l'Amérique qui dévore tout et qui transforme ses habitants en bêtes sauvages qui doivent sortir les crocs pour survivre. Tout le monde se surpasse – J.C. Chandor derrière la caméra et Oscar Isaac et Jessica Chastain devant – dans ce récit implacable sous fond de corruption et de capitalisme sauvage.
C'est le projet cinématographique le plus ambitieux des dernières années. Trois longs métrages et plus de six heures de cinéma pour cette multitude de sketchs qui se répondent constamment et qui arrivent à créer un peu de magie au sein de ce Portugal ravagé par la pauvreté et la crise économique. L'art est poussé à son paroxysme par Miguel Gomes et s'il faut s'investir un moindrement pour ne pas être largué, la récompense suprême ne s'oubliera pas de sitôt.
5. La tribu
Un film entier tourné en langage de signes? Le réalisateur Miroslav Slaboshpytskiy a tenté l'expérience et le résultat est tout simplement phénoménal. Qui a besoin de mots dans cet univers brutal d'un adolescent qui tente de faire sa place dans un gang violent? Les images sont puissantes, les plans-séquences vigoureux et la finale glace littéralement le sang.
4. The Assassin
Lorsqu'un des plus grands cinéastes de la planète touche au film d'arts martiaux, cela donne inévitablement une création unique. Hou Hsiao-hsien insuffle contemplation, langueur et mélancolie à cet objet de toute beauté qui ressemble à des toiles de peinture en mouvement. Les histoires de vengeance n'auront plus jamais le même goût.
3. Deux jours, une nuit (critique)
Les mythiques frères Dardenne changent complètement de registre avec ce suspense social anxiogène sur une mère de famille qui fait l'impossible pour ne pas perdre son emploi. Un drame qui pourrait arriver à tous et qui ne manque pourtant pas d'espoir, avec une Marion Cotillard en pleine possession de ses moyens.
Techniquement parfait, avec un duo d'actrices (Rooney Mara et Cate Blanchett) qui atteint régulièrement le divin et doté d'un scénario exemplaire sur la soif de liberté de certaines âmes dans les années 50, ce nouveau sommet dans la carrière de Todd Haynes a tout pour définir son époque.
1. Sommeil d'hiver (critique)
Une Palme d'Or amplement méritée pour ce diamant sur la condition humaine qui marquera au fer blanc les cinéphiles. Le Turc Nuri Bilge Ceylan se dépasse avec ce chef-d'oeuvre en devenir qui aurait eu sa place dans la filmographie des plus grands du septième art. Rarement aura-t-on été aussi envoûté par des mots, des paysages enneigés et des proches qui se déchirent.