Il s'agit là certainement de l'un des meilleurs films d'animation des dix dernières années. Pixar frappe encore en amenant le public là où il n'aurait jamais imaginé se retrouver. La complexité de la trame narrative de Inside Out est plus importante que la plupart des autres productions de la compagnie de Luxo (pour ne pas dire : que toutes les autres productions...). Le degré de difficulté est tel que l'adulte ne peut que s'extasier des trouvailles extraordinaires qu'a faites l'équipe créative sur ce projet. L'obstacle majeur relève du fait que les aventures que vivent les cinq émotions de Riley doivent évoluer de concert avec les rebondissements qui surviennent dans la réalité de l'enfant. C'est absolument stupéfiant de découvrir à quel point tout concorde, que tout à été réfléchi, analysé puis mis en pratique dans le respect complet de la mythologie. Vraiment un tour de force de la part de Pixar!
Il n'y a pas que les dédales narratifs de la trame qui impressionnent, les façons imaginées d'illustrer les différentes parties du cerveau et de dépeindre ces nombreux ouvriers qui y travaillent sont incroyables. Rien ne semble avoir été écarté par l'escouade tactique de Pixar. L'ami imaginaire perdu dans le labyrinthe des souvenirs, le train de la pensée qui file à intervalle régulier de l'imagination vers la tour de contrôle, le donjon du subconscient où les souvenirs terrifiants sont enfermés et les îles de la personnalité qui déterminent les éléments essentiels dans la vie du sujet. Le fait que le centre de contrôle de l'adulte et celui de l'enfant soient différents en proportion et en organisation est également une donnée importante et très intéressante. Chez l'enfant, les émotions prennent les commandes les unes après les autres, alors que chez l'adulte, chacune collabore pour un résultat plus optimal.
Et que dire de la brillante performance des cinq acteurs québécois qui donnent vie aux émotions de joie, tristesse, peur, colère et dégoût. Comme Joie et tristesse sont en quelque sorte les deux protagonistes du film, c'est davantage le travail exceptionnel de Charlotte Le Bon et de Sonia Vachon que l'on remarque, mais Xavier Dolan, Édith Cochrane et Réal Bossé sont également époustouflants. Comme c'est généralement le cas dans les productions de Disney, les éléments manuscrits dans le film ont été traduits. Le public québécois n'a donc pas l'impression d'être en face d'un produit inachevé. Il n'y a ici aucune bonne raison pour ne pas apprécier la version française tout autant que celle originale anglaise. Une chose qu'on a, avouons-le, rarement l'occasion de dire.
Il reste très important de préciser que Inside Out ne s'adresse pas aux enfants en bas âge. L'univers du film - bien qu'excessivement bien construit - est trop complexe pour un jeune de moins de 9 ans. Les plus petits s'ennuieront certainement avant que Joie et Tristesse aient regagné le centre de contrôle. Mais, à l'opposé, l'adulte s'amusera du début à la fin. Inside Out est définivement un film d'animation qu'un adulte peut se permettre d'aller voir sans sa progéniture, juste parce qu'il a envie d'un bon film.
Inside Out remportera à coup sûr l'Oscar du meilleur film d'animation lors de la prochaine cérémonie des Academy Awards. Il y a peut-être, vers la fin, de minis petites longueurs qui m'empêche de lui accorder 4,5 étoiles, mais outre ce petit passage longuet, Inside Out est une réussite incroyable au plan créatif qu'il vaut la peine d'être découverte.