La 18e édition de Cinémania, qui a débuté ce jeudi avec la présentation de De rouille et d'os, de Jacques Audiard, se poursuivra jusqu'au 11 novembre. Au programme : des films français, sous-titrés en anglais, dont plusieurs sont encore inédits ici. Sandrine Bonnaire sera en ville pour une rétrospective qui lui est consacrée et pour présenter son premier film en tant que réalisatrice, J'enrage de son absence. Matthias Schoenaerts, pour De rouille et d'os, et Mathieu Kassovitz, pour L'ordre et la morale, viennent cependant d'annuler leur visite à Montréal. Le festival se terminera avec le film L'homme qui rit, de Jean-Pierre Améris.
L'un des gros morceaux de cette 18e édition est certainement la présentation de Renoir, de Gilles Bourdos, en présence de Christa Théret. La jeune actrice incarne une modèle de Pierre-Auguste Renoir, en 1915, alors que le peintre est à la fin de sa vie. Elle tente de convaincre Jean, le fils, de se consacrer au cinéma (ce qu'il fera d'ailleurs), mais ce dernier préfère s'engager dans l'armée. Michel Bouquet incarne le peintre, qui sert à lancer en l'air quelques phrases théoriques sur la peinture. Sa souffrance est fortement illustrée, mais ce n'est pas de son côté qu'on trouve l'humanité de ce film. Il faut plutôt regarder du côté du couple que forment Théret et Vincent Rottiers (Jean). Un très joli film, présenté à 19h jeudi le 8, et à 11h samedi le 10 novembre.
Deuxième grosse prise : L'ordre et la morale, de Mathieu Kassovitz. Le réalisateur de La haine raconte avec beaucoup de passion (et pas toujours beaucoup de subtilité) la tragédie d'avril 1988, en Nouvelle-Calédonie, alors que des séparatistes Kanaks ont enlevé et retenu en otage des gendarmes français. Incarnant lui-même un capitaine du GIGN, Kassovitz réalise un film haletant, un peu long, mais fort, évocateur et particulièrement bien tourné. Le film est présenté ce dimanche à 16h45, et dimanche prochain, le 11, à 15h35. Le film n'a pas de date de sortie prévue au Québec.
Thérèse Desqueyroux, du regretté Claude Miller, est présenté ce matin à 11h10. On vous en parlait lors du TIFF.
38 témoins, de Lucas Belvaux (La raison du plus faible), raconte l'histoire d'un meurtre tragique, d'après le roman Est-ce ainsi que les femmes meurent?, de Didier Decoin, lui-même portant sur la mort de Kitty Genovese, en 1964, qui a mené à l'élaboration de « l'effet du témoin », en psychologie sociale. Le postulat est simple : pourquoi 38 témoins, qui ont entendu les cris d'une femme se faisant poignarder, ne sont-ils pas intervenus? Le film reste habilement loin de l'opprobre, démontrant une curiosité déstabilisante; qu'auriez-vous fait? La réponse n'est évidemment pas si simple. L'ambiance froide, les acteurs tout en retenue, la réalisation sans coupables rend l'expérience intéressante. La dynamique du duo Attal/Quinton est fascinante, ce qui n'est malheureusement pas le cas avec les personnages secondaires. Le film est présenté lundi, 5 novembre, à 9h, et mardi, à 15h15.
Louise Wimmer, réalisé par le documentariste Cyril Mennegun (et ça paraît), est présenté ce soir à 21h15 et jeudi à 9h. Le film suit la lutte d'une femme pour retrouver un niveau de vie décent. Louise Wimmer, qui travaille comme femme de ménage dans un hôtel, dort dans sa voiture, boit à crédit, et est en attente d'un appartement social. Le portrait est lourd, souvent appuyé, mais ce qui nuit surtout à ce film c'est son observation distante, qui reste toujours en surface. Difficile de se sentir interpellé par le film.
Sandrine Bonnaire, donc, sera à Montréal pour J'enrage de son absence, son premier film en tant que réalisatrice. Si la première partie du film (tout particulièrement le premier plan), sont empreints d'une grande sensibilité, d'une grande force évocatrice, et qu'ils sont portés par l'interprétation sentie de William Hurt, il en va tout autrement de la deuxième partie du film. Les 40 dernières minutes, redondantes, ne servent strictement à rien; pour un film qui en dure 100, cela est tout simplement fatal. Dommage, parce que la « jeune » réalisatrice démontre un beau talent à peaufiner. Mardi le 6 novembre à 19h, et mercredi le 7 à 14h45.
Do Not Disturb, d'Yvan Attal, dont on vous a déjà parlé lors de sa présentation au TIFF, est présenté mercredi le 7 novembre à 18h. Ce remake français du film Humpday mise surtout sur le talent de ses acteurs pour la comédie pour fonctionner. Amusant, bien rythmé, juste assez déstabilisant... Le film devrait prendre l'affiche au début de 2013.
Finalement, il ne faut pas manquer Les bien-aimés, de Christophe Honoré, ne serait-ce que parce que le film n'a pas de distributeur québécois et qu'il ne prendra vraisemblablement jamais l'affiche au Québec. La comédie musicale est présentée le vendredi 9 novembre à 13h30 et le dimanche 11, à 13h. Avec une panoplie de magnifiques actrices (Ludivine Sagnier et Catherine Deneuve dans le même rôle à 40 ans d'écart et Chiara Mastroianni), des chansons dans la lignée de Les chansons d'amour, de la désinvolture, du bonheur et des moments déchirants, dans un film unique qui s'étire quand même un peu trop...
Toutes les projections ont lieu au Cinéma Impérial, à Montréal.