Renoir

Inspiré d'un épisode de la biographie de Jean Renoir, cette production plutôt anecdotique néglige la psychologie des personnages au profit de la contemplation du paysage et de la chair du modèle. La réalisation conventionnelle est relevée par une photographie radieuse évoquant les toiles du maître de l'impressionnisme. L'interprétation juste complète bien le tableau.

Gilles Bourdos propose ici un film somme toute honorable, devant lequel on aurait toutefois souhaité vibrer davantage.

D'un charme bucolique enivrant, Renoir enchante l'oeil grâce à sa superbe lumière méditerranéenne que n'aurait pas reniée le peintre lui-même.

Renoir est un magnifique passage de flambeau entre deux êtres dotés d'un même génie.

Malheureusement, deux bon acteurs, 15 belles secondes et un nombre pléthorique de thèmes intéressants mais mal exploités n'ont jamais fait un film réussi!

Ce que Gilles Bourdos parvient à filmer, c'est le temps où tout bascule. Tout est en filigrane et c'est magnifique.

Dans un effort surhumain, le vieux peintre quitte son fauteuil pour étreindre son fils Jean, qui repart à la guerre et marche vers la gloire sans le savoir. Dans le parc, un bébé vacille sur ses jambes pour rejoindre sa mère. Gilles Bourdos traque tous ces élans — les premiers pas, les derniers — avec un brio qui allie intelligence et sensualité.

Ce Renoir servi par la lumière de Mark Ping Bing Lee, qui créa les atmosphères d'In the Mood for Love, n'est pas académique, mais classique, rugueux, ce qu'il faut. Bref, il vaut qu'on se fasse une toile.

Magnifiquement éclairé, puisant dans quelques décors d'extérieurs idylliques une palette éclatante, alternant les cadres et les lignes avec une imagination rigoureuse, le film ravit les yeux.

Le film aurait pu être terriblement statique, il ne l'est pas. Le réalisateur multiplie les mouvements de caméra, mais il le fait avec tellement de délicatesse et de fluidité que l'oeil les perçoit à peine. Comme le coup de pinceau d'Auguste, il révèle à petites touches l'objet de son attention.