Un plan parfait de Pascal Chaumeil, c'est une version cheap et sans charisme de How to Lose a Guy in 10 Days. Les Français sont arrivés à faire de superbes comédies romantiques ces dernières années; Populaire, Les gamins, L'arnacoeur (d'ailleurs aussi réalisé par Chaumeil) mais Un plan parfait ne fait définitivement pas partie de ces oeuvres surprenantes qui ont su nous charmer dès les premières minutes. Un plan parfait essaie pourtant d'atteindre les cordes sensibles de ses spectateurs, mais s'y prend mal. Il peut y avoir de la vulgarité dans les comédies romantiques, une certaine bassesse, mais lorsqu'on réunit des blagues de bouse d'éléphants qu'on presse pour en extraire l'eau, une soupe aux entrailles d'animaux et du vomi en apesanteur, on s'expose à un tout autre registre et on risque de perdre celui qu'on a d'emblée convoqué avec nos ambitions sentimentales.
On a aussi choisi un acteur aimé du public, Dany Boon, pour interpréter le personnage principal. Mais, on ne peut pas lui demander d'être à la fois le con et le prétendant; c'est un non-sens. Peut-être s'il y a avait un évènement dans le film qui expliquait le soudain intérêt de la belle pour le ballot, mais il n'en est rien. Prise de remords de l'avoir traité comme un moins que rien, l'héroïne (jouée par Diane Kruger) revient vers le guide touristique idiot, se saoule avec lui et réalise ensuite qu'elle n'aime pas sa vie rangée avec son futur époux et qu'elle préfère l'exotisme du couillon de service. En plus de présenter une histoire d'amour inconséquente, le film met en scène des acteurs compétents certes, mais complètement incompatibles. Il n'y a aucune flamme qui brille entre ces deux comédiens, ce qui ne fait que confirmer l'utopie de leur idylle.
Même les détails de la trame narrative ne fonctionnent pas, ou disons qu'elle possède des failles difficiles à justifier. Sous les conseils de sa soeur, la protagoniste s'envole pour Copenhague, là où elle pourra se marier avec un inconnu et divorcer la journée même. Comme le prétendant ne se présente pas, l'héroïne tourne son dévolu sur un rédacteur benêt. Elle le suit jusqu'en Afrique où elle a toujours l'intention d'accomplir son plan machiavélique. Mais c'était au Danemark qu'elle pouvait se marier et divorcer, l'Afrique a-t-elle les mêmes lois? Et lorsqu'enfin elle épouse sa victime selon des traditions aborigènes (?!), elle considère qu'elle est mariée, qu'elle a brisé la malédiction, même si cette alliance n'est pas légale en France. Ce sont tous ces petits détails injustifiés qui viennent briser la cohérence - et bientôt l'intérêt - du récit.
La réalisation de Chaumeil est plutôt impersonnelle et froide. Le cinéaste laisse toute la place aux comédiens qui, malheureusement, n'utilisent pas cette opportunité pour élever l'oeuvre à un niveau acceptable. Pascal Chaumeil avait pourtant si bien fait avec L'arnacoeur qu'on s'est laissé croire qu'il possédait peut-être la recette magique pour faire de bonnes comédies romantiques. Malheureusement, Un plan parfait nous prouve que L'arnacoeur n'était qu'un coup de chance et qu'on ne peut pas miser juste à tout les coups. Qu'il arrive même qu'on frappe une fausse balle après un coup de circuit.
P.S. Quelqu'un peut dire à Dany Boon, et même aux Français en général, qu'ils sont incapables d'imiter l'accent québécois. Merci.