Quand on pense au cinéma « américain », on a immédiatement en tête les méga-productions hollywoodiennes qui prennent d'assaut les écrans pendant l'été et dont on sera certainement repu dans quelques semaines. Mais il existe aussi un autre type de cinéma « américain », dit indépendant, qui parvient parfois à se démarquer par la qualité et la simplicité de sa proposition et/ou l'inventivité de son traitement. C'était le cas de (500) Days of Summer et de Cyrus, pour citer des exemples récents, et c'est encore le cas avec Beginners, de Mike Mills, un petit film sans autre ambition que de bouleverser.
Les interprétations sont essentielles au succès du film, qui prône une économie des moyens et des émotions pour atteindre son but. C'est donc avec douceur et empathie qu'Ewan McGregor tombe amoureux d'une actrice française et prend soin de son père malade qui a finalement avoué son homosexualité à l'âge de 75 ans, après la mort de sa femme; c'est avec une force tranquille que Christopher Plummer émeut dans ce rôle exigeant et c'est sans artifices que Mélanie Laurent incarne la jeune actrice qui tombe si difficilement amoureuse. La maladresse des personnages est attendrissante, tout comme leur rapport timide à l'amour et au droit au bonheur. On ressent davantage les émotions de ce type de personnage que de ces princesses tirées de contes de fées qui cherchent le prince charmant...
Mike Mills propose un film inventif, qui utilise les moyens du cinéma (un montage vif, les sous-titres pour faire parler un chien) pour émouvoir et faire rire, parfois même les deux à la fois. Pas besoin de méchants ou de complot international pour créer des sensations fortes, surtout quand on a sous la main des personnages aussi crédibles et riches. Mills les met brillamment en scène, s'attarde aux détails, les traite avec respect. Ça se ressent et ça se vit. Et pour cette raison, il ne faut pas de disposition particulière pour s'émouvoir devant ce petit récit de leur petite vie, anecdotique sans doute, mais si simple qu'elle séduit.
Il y a bien quelques longueurs et quelques redondances en bout de course, mais voilà certainement un film dont l'inventivité et la douce amertume ne manqueront pas de séduire. Comme dans le cas de Closer, on n'en ressort pas revigoré et enthousiastes, et certainement pas confiants par rapport à la vie. Ce n'est pas un « feel-good movie ». Mais cette opportunité que donne le cinéma de vivre par procuration des émotions qu'on préférerait s'éviter (comme le fait aussi la musique, d'ailleurs) est véritablement, comme ce film d'ailleurs, à ne pas manquer.