Tahar Rahim, qu'on a vu dans Un prophète, Les hommes libres, À perdre la raison et, plus récemment, dans Grand Central, est l'un des acteurs principaux du drame Le passé, du réalisateur iranien Asghar Farhadi. Bérénice Bejo, qui a été récompensée d'un prix d'interprétation à Cannes pour sa performance, et Ali Mosaffa font aussi partie de la distribution.
Le film raconte l'histoire d'Ahmad, un Iranien qui débarque chez son épouse Maris à Paris pour signer les papiers confirmant leur divorce. Au cours des quelques jours qu'il passe chez elle, il retrouve sa fille, Lucie, et rencontre le nouveau compagnon de Marie, Samir (Rahim). Il réalise aussi que de lourds secrets briment l'unité de la famille, et décide de rester quelques jours de plus pour en découvrir davantage.
« Après qu'Asghar ait triomphé à Berlin, il est venu en France pour faire un film. On devait faire un autre film ensemble. On se rencontre et tout, le courant passe très très bien, et moi je découvre ses films le soir même. Comme ça, on a avancé, avancé, et un jour il vient vers moi et il me raconte une autre histoire, qui n'a rien à voir avec notre histoire, et qui est celle qui deviendra Le passé. »
« La rencontre, elle m'avait beaucoup plu et très intrigué, il avait un truc très magnétique. Il n'y a rien de mieux pour un acteur que d'admirer le réalisateur pour qui on travaille. Tout d'un coup, il y a une confiance totale qui s'installe, il y a une liberté qui s'installe en vous qu'on ne trouve pas souvent. »
Comment avez-vous travaillé avec Bérénice Bejo? « On a fait un gros travail de préparation, de répétition, qu'Asghar aime faire en amont. On s'est rencontré dans l'intimité, à l'état d'apprenti pratiquement, comme si on retournait à l'école de théâtre. Faites vos impros, vocalises, un peu de sport... Il a fait en sorte de gommer et d'éclater toutes les coques qui nous entouraient en tant qu'acteur. Pour pouvoir tirer une matière neuve et non vue de chaque acteur. »
« Il nous a fait rencontrer Ali Mosaffa, qui joue Ahmad, la veille du tournage. Il y a un process dans ces répétitions. »
Les répétitions mènent au respect fidèle des dialogues et du scénario? « Pour lui, c'est absolument précis. On peut toujours penser, changer, réfléchir, remanier avant le jour 1 du tournage. Une fois le tournage arrivé, il ne veut plus changer, parce qu'il estime que son film est prêt. En même temps, il n'est pas stupide, si une scène ne fonctionne pas, il la change. Mais c'est très précis, c'est théâtral, c'est chorégraphique, c'est de la danse. Lui, il découpe, mais nous on fait des plans-séquences de huit minutes. »
« On pourrait se dire : « Il me sclérose, à me dire tout, je ne peux pas être libre? », mais en fait ça te rend libre. Libre de juste délivrer les indications qu'il te demande. »
Avez-vous ressenti une différence dans sa manière de travailler, une idée de découverte de la France? « Non, j'ai ressenti la manière de travailler d'un cinéaste, pas d'un réalisateur iranien. Ça ne m'a pas du tout dérangé, c'était pareil pour moi. On n'a vraiment pas l'impression d'être dans les yeux d'un touriste. Les sujets qu'il aborde, les thématiques - ce qui est le plus important finalement - sont humaines, donc françaises, donc iraniennes, donc québécoises... Demain, il vient faire un film ici, ce sera un film farhadien, pas iranien. C'est ça qui est fort chez ce mec. »
Le sujet est donc universel. « Je pense que oui, parce que ce ne sont pas des sujets politiques qu'il aborde, mais des sujets humains. Des sujets émotionnels, psychologiques. Tout le monde peut s'y retrouver. Ce sont des problématiques très fréquentes, inscrites dans des histoires exceptionnelles. »
Le passé est distribué par Métropole Films.