Jeune et jolie, le plus récent film de François Ozon, réalisateur de Dans la maison, Potiche et 8 femmes, prend l'affiche ce vendredi au Québec, plus d'un an après sa présentation au Festival de Cannes 2013. Sorti ensuite en août en France, le film avait rejoint plus de 700 000 spectateurs en plus de récolter deux nominations aux César dont celle de meilleur espoir féminin pour la jeune actrice Marine Vacth.
Cette dernière incarne dans le film une adolescente de 16 ans, Isabelle, qui décide de se prostituer à son retour des vacances d'été où elle a perdu sa virginité. Au cours de l'année scolaire, elle rencontre plusieurs hommes, mais se rapproche surtout de Georges, un homme beaucoup plus âgé.
On a évoqué Belle de jour pour décrire ce Jeune et jolie, une comparaison que François Ozon nuance : « Mon film n'est pas sur la prostitution, mais sur l'adolescence, et pour moi le film-référence sur l'adolescence, c'est À nos amours de Pialat, qui est sur une jeune fille qui cherche l'amour, qui rencontre plusieurs hommes, et est paralysée par sa relation avec son père, et c'est un film que j'ai vu moi-même adolescent et qui m'a profondément marqué. »
Pour l'incarner, une jeune inconnue. « J'ai fait un casting, j'ai rencontré plein de jeunes filles. Quand j'ai rencontré Marine, j'ai tout de suite été frappé, forcément, par sa beauté, parce qu'elle était évidente, mais ce que j'ai aimé avec Marine c'est qu'elle était là, mais en même temps elle n'était pas là. J'avais vu d'autres actrices qui étaient aussi très bonnes, mais avec Marine il y avait quelque chose en plus, un mystère, j'avais l'impression qu'il se passait quelque chose à l'intérieur d'elle-même qui m'intéressait en tant que cinéaste. »
« Pour un metteur en scène, c'est toujours intéressant d'avoir un acteur qui a une vie intérieure, qui excite l'imagination. »
On passe peu de temps à décrire les motivations du personnage à se prostituer. « Il y a des gens qui comprennent le personnage, d'autres qui ne le comprennent pas, mais moi ce qui m'intéressait c'était de tourner autour et de ne pas le réduire à une explication psychologique évidente ou sociologique, au contraire, de tomber dans une sorte d'abîme et de donner plusieurs explications. »
« C'est mon côté brechtien, je pense, de mettre un peu de distance avec ce qu'on voit, de poser le problème de la place du spectateur. Où est-il? Qu'est-ce qu'il ressent? Qu'il n'oublie pas non plus qu'il est au cinéma. Alors, je sais que ça va un peu à l'encontre de ce qu'on doit faire normalement, mais c'est quelque chose qui m'intéresse. »
Le film est jalonné de chansons de François Hardy. « C'est une chanteuse que j'aime beaucoup, et elle représente pour les Français la quintessence de la chanteuse qui parle de l'adolescence, du mal-être de l'adolescence. »
Jeune et jolie est distribué par Métropole Films.