Dans la maison, le plus récent film de François Ozon (Potiche, 8 femmes), raconte l'histoire de Claude, un jeune garçon de 16 ans qui s'immisce dans la vie familiale de son ami Rafa et qui raconte son expérience à son professeur de français à travers l'écriture. Le jeune Ernst Umhauer incarne le protagoniste, tandis que Fabrice Luchini incarne le professeur. Kristin Scott Thomas et Emmanuelle Seigner font aussi partie de la distribution.
Sorti en octobre dernier en France, le film a récolté près de 1,2 million d'entrées. Nous avons rencontré le réalisateur à Paris en janvier dernier.
Le long métrage est librement adapté d'une pièce espagnole de Juan Mayorga (Le garçon du dernier rang) que François Ozon a vue à l'invitation d'une amie. Comme à son habitude, le réalisateur signe aussi le scénario du film. « C'est plus facile d'adapter de la littérature qui n'est pas un chef d'oeuvre ou un grand classique, où il y a de bons éléments mais où tout n'est pas parfait. Quand on adapte, on trahit, il faut l'assumer : vous prenez ce qui vous plait, vous ajoutez votre vision personnelle. Quand vous adaptez un chef d'oeuvre, tout le monde le connaît, alors on juge le film selon qu'il est fidèle ou pas. »
Comment se passe la transposition au cinéma? « Le langage du cinéma est unique. C'est mon langage, je ne pourrais pas être écrivain ou metteur en scène de théâtre, je ne serais pas à ma place. D'ailleurs quand j'ai fait l'adaptation, j'ai réalisé que je pouvais couper certaines scènes, parce qu'on comprend plus rapidement qu'au théâtre. Parfois, juste un plan d'un visage, le regard de quelqu'un, on comprend tout de suite deux pages de dialogue. »
« Je veux être le maître de ce que je fais, je veux diriger, je veux avoir le « final cut ». Je n'ai pas besoin de beaucoup d'argent pour faire mes films, très souvent je raconte des histoires intimes. Je ne serais pas capable de faire un grand film de science-fiction; j'aime ce genre de film, mais ça ne m'intéresse pas d'en réaliser. »
Vos films plaisent souvent autant à la critique qu'au public. « Je ne veux pas faire des films pour quelques spectateurs chanceux. Je veux rejoindre les gens, les toucher. Je fais des films commerciaux, sans me trahir. Je veux être honnête avec moi-même, alors je dois trouver un équilibre. C'est pour cela que j'ai choisi le projet Dans la maison, parce que j'avais le sentiment que je pouvais très personnel dans mon processus de création, tout en mettant toutes ces questions dans un thriller, un genre que les gens aiment. »
« Mon travail comme scénariste et réalisateur ressemble à la transformation de Claude, dans le film. Au début du film, il est très ironique envers la famille de Rafa, mais étape par étape son opinion change. Il suit les leçons de son professeur, qui lui dit qu'il doit aimer ses personnages, qu'il doit être près d'eux... et à la fin, il est en amour avec la mère de famille! »
« Ça ressemble à mon travail parce que, quand on commence à travailler des personnages, ce ne sont que des caricatures. Ils sont un peu ennuyants, puis petit à petit on leur donne une complexité psychologique, ils deviennent des personnages qu'on aime. »
Dans la maison est distribué par Les Films Séville et prend l'affiche ce vendredi.