Depuis deux ans que Disney nous parle de son Maleficent, dans lequel ANGELINA JOLIE (toujours mentionné avec beaucoup d'emphase) jouera. Son assurance était telle qu'on s'imaginait que le film serait un conte mémorable, le remaniement d'une histoire populaire à la sauce fantastique et héroïque qui pourrait bien devenir le classique d'une nouvelle génération. Malheureusement, Maleficent est bien loin de répondre à nos espérances. L'oeuvre est brouillonne, trop souvent clichée et très peu originale.
Finalement, il s'agit ici de l'histoire (attention : spoiler alert) d'une fée au nom tout désigné pour devenir vilaine dont le coeur est brisé par un futur Roi avide de pouvoir et schizophrène qui décide de se venger en insufflant un sort malveillant au premier né de ce dernier. L'enfant, une fillette nommée Aurore, est alors confiée aux trois Stooges - version féminine et ésotérique - qui l'emmènent dans la maison de Blanche-Neige. Le jour de ses seize ans, elle apprend qu'elle est de sang royal, s'en va jusqu'au château, est attirée par un rouet imaginaire, se pique et tombe endormie quelque temps (disons qu'on parle ici davantage d'une power nap que d'un sommeil perpétuel « semblable à la mort »), affronte le dragon Smaug, sauve la méchante devenue gentille, se marie avec un prince qui ressemble à Aladdin et a, probablement, beaucoup d'enfants dans un monde où se rencontrent gremlins, sirènes, trolls et arbres vivants.
Le scénario n'est définitivement pas la force de ce film qui se cherche constamment. On pourrait croire que Maleficent s'adresse aux enfants, mais, preuve à l'appui (des jeunes sortaient de la salle aujourd'hui), certaines séquences sont beaucoup trop sombres et violentes pour un public de moins de dix ans. Et comme les adolescentes ont davantage le réflexe de repousser le conte de fées, voulant se clamer plus matures, et que les adultes n'ont que faire de la Belle au bois dormant, il ne reste plus beaucoup de candidats pour Maleficent.
Les effets spéciaux auraient définitivement pu sauver la mise, mais comme ils sont moins réussis que l'étaient ceux d'Alice in Wonderland, sorti il y a quatre ans, on ne peut se rabattre sur le contenant pour excuser le contenu. Même l'héroïne manque de prestance avec son chapeau en cuirette et ses cornes sataniques. Les costumes ne sont pas non plus suffisamment impressionnants pour laver l'oeuvre d'une partie de ses fautes. Même ANGELINA JOLIE ne possède pas le charisme auquel on se serait attendu d'une actrice de cette envergure. Et c'est encore pire pour les comédiens de soutien (incluant Elle Fanning) qui n'ont aucune prestance et manque considérable d'aplomb pour convaincre.
Maleficent ne sera peut-être pas un échec à la hauteur de celui monumental de John Carter, mais il ne remplira pas les attendes des cinéphiles, ni celles de Disney, qui avait sans doute une confiance aveugle en ANGELINA JOLIE et son conte de fées revisité.