Il y a quelques années, Will Ferrell et Mark Wahlberg partageaient la vedette de The Other Guys, une jubilatoire parodie du film d'action qui faisait un bien fou. Ce duo fonctionnait tellement bien qu'on a eu l'idée de réunir à nouveau les deux stars. Quelle mauvaise idée, parce que Daddy's Home est à effacer le plus rapidement de leur curriculum vitae!
Comme c'est presque toujours le cas, Will Ferrell incarne un brave type, naïf et inoffensif. Un beau-père qui fait l'impossible pour gagner l'affection des enfants de son amoureuse. Lorsque c'est presque dans la poche, le père biologique - viril et sauvage à qui Mark Wahlberg prête ses traits - retentit dans le portrait et les deux hommes s'adonnent aux pires bassesses pour gagner l'amour des progénitures.
Cette prémisse puérile écrite par pas moins de trois personnes ressemble parfois à un navet d'Adam Sandler (n'est-ce pas un pléonasme?). L'humour se joue généralement au-dessous de la ceinture avec ces innombrables gags sexuels, ces animaux qui copulent sans cesse, ces dialogues vulgaires qui laissent peu de place à l'imagination et ces ballons envoyés dans la figure. Un peu plus et il s'agit d'un dérivé pour toute la famille d'Happy Gilmore, morale et tendresse éculée évidemment incluent. Une motocyclette dévie de sa trajectoire pour détruire la maison, le héros se fait électrocuter, un personnage secondaire rappelle qu'il ne faut pas être raciste et cela se termine avec une danse de la paix pour se rappeler in extremis après tant de mauvais comportements que la violence c'est mal.
Le tandem en place en livre des tonnes et si la chimie est loin d'être mauvaise, Daddy's Home est chiche en situations qui font réellement sourire. La majorité du temps, les séances d'humiliation s'avèrent redondantes et elles ont déjà été vues en beaucoup mieux ailleurs. D'une durée de 96 minutes, l'effort semble durer plus de trois heures et bien qu'il y ait quelques délires contrôlés qui font mouche (Thomas Haden Church en patron qui n'a pas la langue dans sa poche est toujours un gage de qualité), l'ensemble fait bien piètre figure en fin de compte.
Cette tache est à rajouter à la longue et infructueuse feuille de route de Sean Anders qui a toujours mordu la poussière, que ce soit en tant que cinéaste (Horrible Bosses 2, That's My Boy, Sex Drive) et scénariste (Dumb and Dumber To, We're the Millers, Mr. Popper's Penguins, etc.). Personne sur Terre ne s'attendait à ce qu'il se transforme en Bertrand Blier et qu'il offre sa propre version de Beau-père. Mais avoir un peu de talent une fois dans sa vie, est-ce trop demander?
Même en étant clément pendant la période des Fêtes et en voulant se divertir sans se casser la tête, Daddy's Home ne parvient que trop rarement à faire rire. Un problème de taille devant ce qui est qualifié de « comédie » et qui ne l'est pratiquement jamais. À moins, bien entendu, d'être amateur de blagues de testicules et de rhinocéros qui s'accouplent. De quoi vouloir redonner une seconde chance à plein de longs métrages jugés « décevants », dont l'insignifiant mais souvent hilarant Ted 2 qui s'est fait vilipender par la critique et qui n'a pas rejoint son public.