Il s'est écoulé sept ans depuis la sortie de Scary Movie 4, qui avait déjà atteint les limites d'un concept trop longtemps exploité par des gens apparemment sans scrupules. Mais ce film surpasse en tous points son prédécesseur. Il faut avoir bien peu de morale pour se foutre autant de son public et lui proposer quelque chose d'aussi peu inspiré que ce Scary Movie 5, surtout avec sept longues années de cinéma à parodier. Pourtant, malgré la foisonnante offre cinématographique à sa disposition, cet assemblage risible - à ne pas confondre avec « drôle » - d'images est lâche, imbécile, prévisible et redondant. En plus d'être aussi vulgaire et scatologique qu'on attendait.
Les blagues, interchangeables (il s'agit souvent de frapper quelqu'un sur la tête), ne semblent référer à rien et repoussent les limites de l'absurde. Qu'y a-t-il de drôle à voir un party de nettoyeurs de piscine automatiques? À faire baiser Ashley Tisdale avec un micro-ondes, ou une lampe? À l'obsession catholique d'une femme de ménage? À rêver à une orgie de chiens? On ne rit jamais dans Scary Movie 5, honnêtement; même pas une fois, tellement tout est attendu.
Si ce n'était que les blagues tournent toutes autour d'excréments, de coups sur la tête ou de caméra omniprésentes (on s'y attendait, ne vous inquiétez pas), mais non : alors que ses prédécesseurs (surtout l'original, Scary Movie) tiraient de tous les côtés, parodiant chacun des dizaines de films, des semi-célébrités et des phénomènes sociaux résolument américains, ce cinquième volet se contente de bien peu, et du plus simple. Paranormal Activity, Rise of the Planet of the Apes, Black Swan, Inception, Mama et The Cabin in the Woods font ici les frais de « l'humour » des créateurs David Zucker et Pat Proft, qui ont tout de même à leur feuille de route les Hot Shots, Police Academy et The Naked Gun.
C'est tout? N'a-t-on rien de plus à dire sur les sept dernières années? Sur les phénomènes sociaux qui ont fait l'actualité? Sur les moments marquants du cinéma? Il faut des gens très peu créatifs (ou peu intéressés) pour se contenter de si peu. Et c'est le public qui en fait les frais ($).
La réalisation et le jeu des acteurs sont des trous noirs desquels il vaut mieux ne pas s'approcher afin d'éviter de tomber dans un vide intersidéral.
Le seul moment de réjouissance est l'ironie avec laquelle Charlie Sheen et Lindsay Lohan abordent leur caméo au début du film. Mais même là, les responsables de ce film réussissent à gâcher ce semblant de bonne idée. Et puis on ne se réjouit pas vraiment de les voir si désespérés; surtout qu'à ce moment on ne soupçonne pas qu'on vient de vivre le meilleur moment du film en entier.
Mon travail est rarement aussi inutile qu'avec un « film » comme celui-ci. Pourquoi en serait-il autrement pour ceux qui débourseront pour le voir?