D'abord, j'avouerai très humblement avoir été prise au jeu comme une amateure. Je n'en suis pourtant pas à mon premier rodéo, j'en ai vu des comédies romantiques, je connais les rouages, je connais ses pièges et ses trucs pour berner les mélancoliques, et pourtant, j'ai pleuré comme une débutante. Je n'ai d'abord pas pleuré parce qu'on m'y a forcé en me montrant une irrécusable tragédie. Non, j'ai pleuré de prime abord parce que j'ai cru à cette histoire d'amour impossible, parce que j'ai été profondément émue par l'ingénuité de ce personnage (magnifique!) joué par Emilia Clarke et la franchise de cet amour, pourtant utopique depuis ses prémisses.
C'est plus tard que les choses se sont légèrement gâtées. Quand on a commencé à m'enfoncer ce poignard dans le coeur jusqu'à ce que mon corps ne puisse réagir autrement que par les larmes. Je n'aime pas ce genre d'hameçon empoisonné généralement, le genre de scènes qui vous forcent à pleurer tellement elles sont gorgées de désespoir et d'impuissance, mais ici je peux pardonner, parce que préalablement on m'a fait pleurer pour les bonnes raisons (suivez-vous mon raisonnement?).
Après cette longue introduction, allons dans le vif du sujet. Emilia Clarke porte définitivement le film sur ses épaules. La jeune comédienne, qui est ici bien loin de son rôle dans Game of Thrones, brille à travers ce personnage naïf qu'on voudrait tous avoir comme amie. Sam Claflin est efficace également, mais ne se démarque jamais autant que sa collègue féminine. Leur amour est crédible malgré ses propositions (parfois trop transparentes) de conte de fées moderne.
La trame sonore a été aussi soigneusement concoctée pour bercer tendrement le coeur des sentimentaux invétérés. Et que dire de cette chanson d"Ed Sheeran (« Photograph ») qui vient, tout juste au bon moment, tordre l'âme des romantiques jusqu'à ce que des torrents de larmes s'écoulent de leurs yeux déjà rougis; parfait!
Évidemment, on ne peut passer sous le silence cette liste incalculable de clichés qui feront lever les yeux au ciel aux gens de mauvaise foi (dont je ne me cache pas d'être parfois souvent). Ce passage où Lou rase la barbe de Will pour révéler un être nouveau, plus beau et plus souriant, rappelle ces moments désolants dans les films d'ados dans lesquels la fille détache ses cheveux et enlève ses lunettes, puis devient la nouvelle bombe de l'école. Et nous ne sommes pas non plus devant une histoire des plus originales. Les gens de mauvaise foi pourraient dire qu'il s'agit d'un mélange indigeste entre Intouchables et P.S. I Love You, mais aujourd'hui, je ne suis pas de ces gens-là.
Aujourd'hui, je suis une critique séduite par un film qui a habilement utilisé les mécanismes du drame romantique pour me tirer des larmes et me faire rêver au prince charmant. La note (beaucoup trop élevée, j'en conviens) que je lui donne est proportionnelle à ce sentiment artificiel qu'on a réussi à m'imprégner jusqu'à me faire oublier ma mauvaise foi de critique de cinéma. Pour moi, ç'a été Me Before You qui a brisé ma carapace, pour d'autres ce sera The Fault in Our Stars ou Miss You Already. C'est pour cela que le septième art est si riche : pour faire pleurer toutes les romantiques, peu importe leur corde sensible (peut-être y a-t-il aussi d'autres raisons... ;-)