Xavier Dolan sera de retour à Cannes ce printemps avec son deuxième long-métrage, Les amours imaginaires, sélectionné pour Un certain regard. Le réalisateur de J'ai tué ma mère, qui a triomphé aux Jutra le mois dernier, est bien conscient de la sympathie dont il jouit sur la Croisette. « Je suis dans la section Un certain regard, qui est celle du cinéma plus atypique. Je sais que j'ai ma place, que je corresponds à ce créneau-là. C'était là la place du film, j'aurais été effrayé qu'il soit ailleurs. C'est un grand honneur d'intégrer les rangs « officiels », et, après l'an passé, j'ai l'impression que c'est un message de bienvenue. »
Que vas-tu faire en arrivant à Cannes? Après une longue réflexion, il fait son choix : « Je vais aller me baigner, parce que peut-être que je n'aurai jamais l'occasion de le refaire. J'avais adoré me baigner dans cette eau-là, dans ce paysage-là. Peut-être aller voir un film, tiens. Des choses que je ne pourrai pas faire une fois que ça va être commencé. Après ça, ça va partir comme une flèche. L'an passé, ça m'avait pris à la gorge et j'avais été vraiment surpris et déstabilisé. »
Le succès de ton premier film a attiré l'attention de bien des gens. « Je n'ai pas cherché à les convaincre. Je ne leur ai pas demandé de m'écouter, ils l'ont fait. Est-ce qu'ils le referont? Je ne sais pas. Peut-être par curiosité. Il y a des gens qui vont haïr ça, et aimer ça, c'est comme ça pour n'importe quel film. Les amours imaginaires, c'est un film de jeune adulte, pas un film d'adolescent. Ce n'est pas survolté, pas viscéral. J'ai tué ma mère, c'est un film que j'avais besoin de faire pour évacuer des choses, celui-là je l'ai fait parce que j'avais envie de raconter une histoire. »
C'est quoi, l'histoire? « C'est un duel amoureux entre deux amis qui s'éprennent de la même personne. Ils tentent l'impossible, au prix de leur amitié et de leur dignité, pour conquérir l'objet de leur désir. »
Où places-tu le film dans ta filmographie? « Le troisième va être très différent du deuxième, et le deuxième est très différent du premier. Le troisième va avoir plus de filiation avec le deuxième. Dans ma filmographie, J'ai tué ma mère va toujours être un envol singulier, une façon de s'affranchir des carcasses qu'on a accumulées sur soi, des peaux mortes, pour pouvoir faire peau neuve et vraiment commencer pour vrai. »
« En fait, mon deuxième film, qui, je pense, est un candidat parfait au titre de « deuxième film », en ce sens que ce n'est pas un film qui a beaucoup de prétentions, c'est un film léger, c'est un film frivole, c'est romantique... C'est une façon de contourner les attentes - un peu aggressives... - qui ne sont pas nécessaires. Est-ce obligatoire de se casser la gueule? »
Les amours imaginaires prendra l'affiche le 11 juin, après sa projection très attendue... à Cannes.