L'auteur et réalisateur Éric-Emmanuel Schmitt était à Montréal hier pour présenter son deuxième long métrage, Oscar et la dame rose. Tourné en Belgique et à Montréal l'an dernier, le film met en vedette le jeune Amir, 10 ans, ainsi que Michèle Laroque, Max von Sydow et Benoît Brière.
Le réalisateur de Odette Toutlemonde adapte un roman qu'il a publié en 2002 et qui raconte l'histoire d'un jeune garçon en phase terminale, qui fait la rencontre d'une catcheuse excentrique qu'il appelle « la Dame rose ». Cette dernière l'encouragera à vivre 10 ans de sa vie à chaque jour, et à s'adresser à Dieu avant de mourir.
Le film prend l'affiche ce vendredi, partout au Québec.
Pourquoi avoir choisi de porter à l'écran cette histoire en particulier, plutôt qu'une des nombreuses autres que vous avez écrites? « C'est l'histoire que j'ai créée qui me tient le plus à coeur. J'y dis des choses essentielles, c'est une histoire qui essaie de dire : aimez la vie. Aimez-la vite, et bien. Aimez-la telle qu'elle est. Aimons-nous comme nous sommes : fragiles, vulnérables, éphémères. Cessons de croire qu'on est immortel, on qu'on le sera... »
« C'est une histoire qui me recentre, qui me fait aimer la vie pour de bonnes raisons. »
Il a fallu vous mettre dans la peau d'un enfant... mais vous n'êtes plus un enfant. « Je ne suis pas persuadé de ne plus être un enfant; j'ai l'impression de seulement avoir ajouté d'autres âges par-dessus. J'ai cette confiance dans l'existence, je sais que je ne sais pas, que je suis entouré de plus d'inconnu que de connu, et j'ai de la fantaisie, comme les enfants. La philosophie, c'est l'esprit d'enfance : c'est s'étonner, c'est poser des questions. C'est l'enfance. »
« La règle du film, c'était de voir les choses à travers les yeux de l'enfant. Alors les couleurs du film qui changent tout le temps, c'est au rythme intérieur d'Oscar. »
Croyez-vous que le film soit adapté pour les publics européens et québécois? « Ce qui est certain, c'est que les hôpitaux, les rituels et les tenues d'infirmières ne sont pas les mêmes, nulle part dans le monde, et c'est pour ça que j'ai décidé de m'écarter et d'écrire le film comme un conte moderne. »
Le cinéma vous permet-il d'émouvoir autrement que la littérature? « Ah ça! Je ne sais pas si je suis encore capable de répondre. Je suis entrain d'expérimenter, vous êtes un peu en avance sur moi. Je trouve que le cinéma est peut-être l'art le plus émouvant. » Parce que la langue du cinéma, ce n'est pas des mots? Qu'on n'a pas besoin de savoir lire... « Oui. La difficulté au cinéma, ce n'est pas d'émouvoir, c'est de faire réfléchir. C'est une question de rythme d'images, de dialogues... et de comédiens. »
Comment avez-vous choisi vos comédiens? « Le petit Oscar, c'est pas un enfant triste. Il n'inspire pas la pitié, il exprime l'amour. Amir a une faculté d'écoute extraordinaire, je l'ai choisi parce qu'il était complètement du côté de la vie et de l'intelligence. Un très joli contraste entre la fragilité de sa voix et la force de ses cils. »
C'est le jeune Amir ben Abdelmoumen qui avait la tâche d'incarner le petit Oscar, et d'aborder le sujet délicat qu'est la mort. « Comme c'était raconté dans l'histoire, et comme je le jouais, c'était plus vraiment la mort, c'était la mort... joyeuse. C'est pas rigolo, c'est la mort, mais gentille, pas trop méchante. »
« La mort, ça ne peut pas être triste, parce que ça rend tout le monde triste. C'est comme une orange pourrie dans un sac, ça rend toutes les autres pourries aussi. C'est dur, mais c'est comme ça. »