La garde, le nouveau film de Sylvain Archambault (Pour toujours les Canadiens, Piché : Entre ciel et terre, French Kiss), prend l'affiche ce vendredi dans les salles québécoises. Mettant en vedette Paul Doucet et Antoine L'Écuyer, le long métrage raconte l'histoire d'un père qui décide d'emmener son fils dans la forêt pour chasser le chevreuil, même s'il n'a pas le droit d'entrer en contact avec lui. Le scénario est signé Ian Lauzon, Daniel Diaz et Ludovic Huot.
Le réalisateur explique : « C'est un gars normal, il a l'air seul, et un moment donné il rentre dans un entonnoir dramatique, tragique, et il est pris avec son grand désir d'être en relation avec son fils, coûte que coûte. Il aime mieux faire dix ans de prison et d'avoir eu au moins cette semaine-là avec son fils. La relation est très puissante. »
Lorsque le film commence, les personnages ont déjà un passé très important que le spectateur ne connaît pas. « Le téléroman va tout dire; tout est expliqué à outrance, pour que tout le monde comprenne, et ils vont le réexpliquer quatre ou cinq fois. Nous, le pari qu'on a fait, premièrement, c'est de ne pas prendre parti pour l'homme ni pour la mère, on ne fait le procès de personne. Et on ne voulait pas être explicatif, justement. C'est un autre film d'expliquer tout ça, je ne pense pas qu'on fait le tour d'un sujet comme ça en un seul film. »
Les comédiens doivent rapidement développer une chimie, puisqu'ils sont pratiquement toujours ensemble à l'écran. « J'ai toujours voulu travailler avec Paul, qui est un grand comédien, on se connaissait depuis longtemps, mais on n'avait jamais réussi à trouver le projet. Je voulais qu'il lead, au cinéma il n'avait jamais leadé, et je pense que c'était le temps. Paul, c'est quelqu'un qui a l'air d'un monsieur tout le monde, c'est notre Gene Hackman, c'est un caméléon. Je ne voulais pas caricaturer le personnage pour le rendre malsain, psychopathe, pas bien. Antoine, j'avais déjà travaillé deux fois avec lui, et je savais que je pouvais le pousser dans ses limites... »
Il y a beaucoup de gros plans dans le film. Les comédiens doivent-ils connaître le cadre? « C'est important pour moi qu'ils le sachent. Il y a des fois où je ne veux pas qu'ils connaissent la lentille, je les laisse libres, ils vivent ce qu'ils ont à vivre, mais d'autres fois, quand je suis vraiment serré, où chaque mouvement est amplifié, je vais leur dire. Ils aiment le savoir parce qu'ils adaptent leur jeu. C'est des acteurs qui ont beaucoup d'expérience, ils connaissent le cinéma, alors oui, c'est important de leur dire. Quand tu as beaucoup d'émotion, c'est souvent dans les gros plans. Je ne demande pas, moi, un grand déploiement d'émotion dans un plan large, c'est brûler l'acteur pour rien. »
« La vie, si on veut la recréer, on ne peut pas la pré-penser. On la crée live, avec des acteurs live, dans leur costume, avec les accessoires, la carabine, pour moi, c'est là que je crée. C'est là que j'imagine comment la scène va se jouer, va se tourner. Je connais le scénario, évidemment, mais je me laisse surprendre. Il y a un côté intellectuel à tout dessiner avant qui dessert le propos émotif. Mais ça, c'est moi... »
« Il n'y a rien de plus important sur un plateau qu'un comédien, rien. Il est plus important que moi, que le scénariste, que le directeur-photo... c'est ta transmission, c'est ton instrument qui va faire la performance. Ce n'est pas un robot, il a une somme x d'énergie, et tu ne peux pas la gaspiller. »
Plusieurs scènes, surtout lors de la finale, sont traitées sobrement, sans les effusions dramatiques habituelles. « On a tiré sur nos réflexes de filmmakers, parce qu'on voulait plus de vérité. On voulait moins manipuler les gens. C'est notre job, de faire pleurer, rire, mais si on sort les violons... oui, ça va marcher, mais ce n'est le film qu'on fait. Ce n'est pas ces mécanismes-là que je veux utiliser, dans mon film. »
La garde est distribué par Les Films Séville.