Le quatrième long métrage de Sébastien Rose, Avant que mon coeur bascule, prendra l'affiche ce vendredi à travers le Québec. Le film, qui met en vedette Clémence Dufresne-Deslières, Sophie Lorain, Sébastien Ricard et Étienne Laforge, raconte l'histoire d'une adolescente confrontée à la mort d'une des victimes d'un petit vol qu'elle a commis. Rongée par le remord, elle se lie d'amitié avec sa veuve, tandis que ses compagnons cherchent à rembourser une dette.
Sébastien Rose, qui a aussi réalisé les films Comment ma mère accoucha de moi pendant sa ménopause, La vie avec mon père et Le banquet, a voulu faire un film différent de ses oeuvres précédentes. « J'ai voulu faire un film simple, faire un film où j'aurais du temps pour travailler avec les acteurs, de mettre en place, de faire les choses. Je pense qu'il y a encore de la place pour expérimenter, essayer des affaires, mais je pense qu'il faut se donner les moyens, et ce n'est pas facile. »
Cela transparaît dans la direction d'acteurs? « Avec Clémence, Étienne et Sébastien, il y a eu beaucoup de lectures, pour forger l'intimité du trio, avec Sophie j'ai vraiment préservé une distance, justement pour épouser ce qui se passe dans le film, pour qu'elles s'apprivoisent progressivement. »
« Mais là je voulais... L'essence du cinéma, c'est des gens qui agissent. Je suis fier de ça, je pense que c'est la force du film : on a une fille qui est de peu de mots, mais qui agit. Ses gestes parlent. »
Quelle expérience provient de tes trois films précédents? « J'ai pris du galon comme réalisateur. Je suis de plus en plus habile à parler comme un cinéaste, à faire parler les images plutôt qu'à faire parler les mots, à développer un art d'action plutôt que de parole. »
Le film raconte l'histoire du point de vue d'une adolescente de 16 ans, ce que tu n'es pas. Comment faire pour s'assurer que le personnage est une véritable adolescente crédible, et pas simplement Sébastien Rose? « D'abord, tu travailles avec une fille, et tu le fais lire à des jeunes. Mais c'est sûr qu'il y a beaucoup de soi... Sarah, c'est moi, je ne te le cacherai pas. Moi, ado, j'étais comme ça, j'étais fermé, j'étais une petite boule de souffrance, je ne parlais pas pour me protéger, et j'aurais pu très mal virer. Ça fait longtemps que je le portais ce film-là en moi, et je pense que j'en ai fait une fille parce que ça aurait été trop dur si ça avait été un gars. »
« Je pense que l'adolescence, c'est ça, c'est ce que je montre : du monde qui teste les limites du monde, qui s'amuse, qui est inconscient, et qui un jour, développe une conscience... ou pas. »
« Pour elle, c'est la rencontre avec le personnage d'Alexis Martin. Dans la vie, pour moi, c'est un soir, avec mes amis, on a 15 ans, on n'est pas des gars particulièrement méchants, mais on est inconscients, on est des jeunes, on s'ennuie, et on sonne à une porte avec un fusil en plastique. Le gars manque de faire une syncope, la police arrive avec des gilets pare-balles, ils pointent des vrais fusils sur nous. Moi, ce soir-là, il s'est passé quelque chose. Je voulais parler d'un moment dans la vie d'une jeune fille où ça bascule. »
« Le désir c'était de parler de culpabilité, de pardon, d'amour, sans pathos, pas de manière mélodramatique. Avec peu de mots, avec le moins d'effusions de sentiments possible. »
Pour éviter de tomber dans le mélo, on multiplie les actions, les dangers, les enjeux? « Oui, c'est un film d'action existentielle que j'ai voulu faire. Je voulais qu'il se passe de quoi, caméra à l'épaule, de pulsations, d'énergie, c'est ça l'adolescence. Ce qui m'intéresse, c'est elle, c'est son débat moral à elle. »
Avant que mon coeur bascule est distribué par Métropole Films.