Même si une de nos productions québécoises a réussi à obtenir une place aux Oscars encore cette année, 2012 a été - comme on ne cesse de le répéter partout avec des graphiques, des déclarations-chocs et des articles de fond - l'une des pires années depuis dix ans en terme de parts de marché pour notre cinématographie. En 2012, le Québec n'a pas pu amasser plus que 4,8 % de parts de marché alors que 79% était accaparé par les États-Unis, 6% par la France, 1,5% par les productions canadiennes hors Québec et 8,7% par les autres pays, dont la Grande-Bretagne.
Lors d'une discussion publique sur la rentabilité des films qui se déroulait dans le cadre des Rendez-vous du Cinéma Québécois, Catherine Loumède, directrice de la division cinéma de la Société de développement des entreprises culturelles à la SODEC, a déclaré : « on a fait des choix, on a cru rejoindre un grand public et on s'est trompés: distributeurs, producteurs et institutions. On n'a pas rejoint le public ».
Madame Loumède a également précisé que la rentabilité des films était un faux débat, puisque « à part aux États-Unis, il n’y pas de cinématographie nationale rentable », ce qui est effectivement le cas si l'on ne tient compte que du box-office. Le film Omertà a été l'oeuvre québécoise la plus populaire et elle n'a récolté que 2,7 millions $ pour un budget d'environ 7 millions $, un chiffre qui demeure relatif puisqu'il n'inclut pas les dépenses publicitaires et autres frais adjacents. Même chose pour Les Pee-Wee : L'hiver qui a changé ma vie, qui a obtenu un budget presque équivalent à celui d'Omertà et qui n'a pas fait plus de 2,5 millions $ dans les salles québécoises.
Pour ne pas reproduire les mêmes erreurs que par le passé, la SODEC se dit prête à changer sa façon de faire, notamment en soutenant davantage les scénaristes, qui jouent un rôle important dans la réussite d'un film, à l'étape de l'écriture.
La SODEC a récemment annoncé qu'elle subventionnerait pour l'exercice financier 2012-2013, les films 1987, la suite de 1981 de Ricardo Trogi, Le temps que durent les roses, un film sur le dopage dans le sport écrit par Sophie Lorain, et le drame Qu'est-ce qu'on fait ici? écrit et réalisé par Julie Hivon.
En 2013, nous verrons, entre autres, sur nos écrans les longs métrages Lac mystère d'Érik Canuel, L'autre maison de Mathieu Roy, Miraculum de Podz ainsi que Amsterdam de Stefan Miljevic. Reste à voir si ces oeuvres permettront la remontée tant espérée du cinéma québécois dans les parts de marché.