Après des présentations remarquées au Festival du Nouveau Cinéma l'automne dernier, puis aux Rendez-vous du Cinéma Québécois en février, le long métrage La cicatrice, du réalisateur Jimmy Larouche, était présenté ce soir en première montréalaise au cinéma Beaubien à Montréal.
Le long métrage raconte l'histoire de Richard, un homme alcoolique et qui vient d'être abandonné par sa femme. Un jour, il décide de se venger d'une humiliation subie il y a plus de trente ans en séquestrant Paul, celui qui l'a humilié.
Le film met en vedette Marc Béland, Patrick Goyette, Dany Bouchard, Loeik Bernier, Sébastien Ricard et Martine Francke, qui étaient sur place en compagnie du réalisateur pour cette projection.
Dans le contexte de production actuel, chaque film a sa petite histoire pour expliquer sa création. « Quand j'ai fait La cicatrice, le plan A c'était d'être subventionné dès le départ - la SODEC a embarqué en post-production - mais ce n'est pas arrivé. Je n'avais pas la patience d'attendre, alors dès le départ j'avais mon plan B qui était en marche. C'était de financer le film dans le privé; j'ai fait ma propre trail, je suis allé voir des amis, des investisseurs, des commanditaires, tout le monde a embarqué. C'est un projet qui s'est créé par la générosité du monde qui a cru en moi », nous dit d'abord Jimmy Larouche.
« La cicatrice a été écrit dans le but d'être réalisé. Des fois, tu écris un film où tu ne penses pas à ton budget, moi je savais que c'est un film que je pouvais faire avec peu d'argent. C'est pour ça que c'est lui que j'ai décidé de tourner, mais j'en avais deux autres d'écrits. »
Ce sont souvent les contraintes qui obligent à trouver de nouvelles idées. « Les contraintes, à tous les niveaux, te forcent à te dépasser. Quand tu as tout l'argent que tu veux, tu prends la première idée, et tu la fais. Moi j'ai toujours été obligé de réfléchir à ce projet-là, à ce que je voulais en faire, et tout le long, notre but, c'était de repousser les limites. De faire mieux que le plan d'avant. »
Comment en arriver à aborder le sujet de l'intimidation? « J'ai écouté un film de Polanski, Death and the Maiden, j'ai trouvé le film excellent. Il n'y avait pas beaucoup de comédiens là-dedans; trois comédiens et un lieu de tournage. Là, je me suis dis : « Je suis capable de faire ça, je peux trouver le budget pour ça. » Je cherchais quelque chose qui pouvait créer un conflit entre deux personnes, quelque chose que moi je connaissais. Aujourd'hui on appelle ça l'intimidation mais moi quand j'ai écrit le film il y a quatre ans j'appelais ça se faire écoeurer. »
« Moi je me suis fait écoeurer dans j'étais jeune, parce que j'étais gros, et ça a laissé des marques dans ma vie même si je me suis sorti rapidement de ça. Je me suis mis à imaginer à quel point ça peut scapper la vie de quelqu'un. »
Ce sont des thématiques, avec l'alcoolisme, le divorce, etc., qui tendent parfois vers le mélodrame. Comment éviter ce piège? « Moi j'ai fait un film, je ne me suis pas posé ces questions-là. J'ai écrit le film il y a quatre ans, on n'en parlait même pas d'intimidation. J'ai fait un film sur ce que moi j'avais vécu, et j'ai essayé d'être le plus honnête et le plus vrai dans ce que je disais. Mon but, ce n'est pas de faire pleurer le monde, mais de présenter une situation qu'au fil du temps j'ai réussi à sortir du coeur et à intellectualiser. Je voulais montrer une situation aux gens. »
La cicatrice doit prendre l'affiche ce vendredi.