Au bonheur des ogres, l'adaptation du roman de Daniel Pennac mettant en vedette Raphaël Personnaz, Bérénice Bejo et Guillaume de Tonquedec, prend l'affiche ce vendredi au Québec. Le film raconte l'histoire de Benjamin Malaussène, qui est bouc-émissaire dans un grand magasin de Paris. Lorsque d'étranges attentats frappent le magasin, la police le soupçonne d'en être responsable.
Nous avons rencontré le réalisateur Nicolas Bary à Paris le mois dernier.
« C'est un livre qui a été beaucoup proposé dans les écoles en 1990-95. Le livre est sorti en 1985, et comme Daniel Pennac était professeur de français, les professeurs de France étaient très fans. Moi, je ne l'avais pas lu à l'école, mais je cherchais à faire un film, et une copine m'a proposé de le lire. »
« Je suis allé le voir pour lui proposer une adaptation, mais il avait eu beaucoup de propositions déjà, et il avait toujours dit non. Je sentais vraiment que c'était un truc pour moi, j'avais envie de faire un conte moderne, et en plus j'ai eu des frères et soeurs dont je me suis occupé, donc je me suis identifié à Malaussène. J'ai toujours aimé les contrastes dans ma vie, et dans « Au bonheur des ogres », il y avait ça. Déjà, le contraste du titre, « bonheur » et « ogres ». »
C'est un film familial, mais certainement pas enfantin... « C'est le style que j'ai recherché, faire un film qui peut être presque violent, à des moments, avec des trucs vachement fun, avec un côté dur et un côté tendre. J'ai essayé qu'il y ait de contraste dans le film, ce côté kaléidoscopique qu'il y a déjà chez Pennac. Un truc sincère. »
Comment se passe l'adaptation? « C'est dans l'écriture qu'on a essayé de retrouver le style Pennac, en modernisant les dialogues, on ne faisait pas que dans la citation. Ce qui était compliqué, c'était que le livre a énormément de métaphores, d'effets de rythme, avec un style d'écriture très très fort. »
« Déjà, je ne voulais pas de voix off pour raconter, ça aurait été trop facile. Il y en eut plein plein plein de films avec des voix off ces dernières années. Et comme c'est un bouquin qui a déjà 25-30 ans, je ne voulais pas qu'il y a un côté nostalgique pour les lecteurs. Donc j'ai modernisé le magasin, même si ça reste un vieux magasin parisien, mais avec un look avec des couleurs assez néon. »
Il y a aussi beaucoup d'effets visuels qui nécessitent une grande précision. « Il a fallu que je m'adapte. J'ai voulu tout bien préparer, la direction artistique, le story-board et tout, mais une fois sur le plateau, je suis en captation, pour qu'il puisse y avoir ce côté vivant, imprévisible. Je mettais un peu tout le monde en déséquilibre. C'était donc très précis, mais je cassais cette précision. »
Même dans votre travail de réalisation? « Moi-même, j'avais plein de doutes. Mais au final, le film ressemble vraiment au scénario qu'on a écrit. C'est une bonne direction qu'on avait prise avec l'écriture, mais la difficulté c'était de bien faire comprendre à tout le monde ce qu'on faisait, parce que moi-même j'étais en train de chercher constamment. »
Au bonheur des ogres est distribué par Métropole Films.