Le film Sur le rythme prend l'affiche ce mercredi à travers le Québec. Réalisé par Charles-Olivier Michaud et mettant en vedette Mylène St-Sauveur et Nico Archambault, grand gagnant de So You Think You Can Dance Canada, dans les rôles principaux. France Castel, Paul Doucet et Marina Orsini font également partie de la distribution.
Le film raconte l'histoire de Delphine, 20 ans, qui poursuit son rêve de devenir danseuse même si ses parents l'incitent à se consacrer à ses études. « J'avais exactement le même âge que mon personnage quand on a tourné. Moi je n'ai pas cette relation-là avec mes parents, mais je connais certaines de mes amies pour qui c'est vraiment le cas, avec des parents pas faciles qui vont dire que ce n'est pas correct si tu es le mouton noir de la famille parce que tu n'étudies pas en sciences. »
Tous les parents s'inquiètent de l'avenir de leurs enfants. « C'est normal, mais l'important c'est que ton enfant soit heureux. Mais ce que vit Delphine par rapport à la danse, si elle va être capable de manger, de vivre, ben moi, je vis ça aussi, à chaque jour, comme actrice. C'est réaliste, c'est vraiment des questions que je me pose. Une actrice comme une danseuse, c'est la même chose, c'est quelqu'un qui te choisit. Ce sentiment d'impuissance là est semblable. »
« C'est la réalité du milieu de la danse à Montréal; c'est exigeant, t'es pas sûr d'être choisi, faut que tu sois en forme, faut que tu t'exportes si tu veux réussir. »
Le film est ancré dans la réalité québécoise. « C'est vrai, mais je ne le perçois pas comme spécialement « québécois »; on voulait raconter une histoire, on voulait donner aux jeunes - et aux moins jeunes aussi - une histoire positive, qui les fasse rêver, je suis la preuve de ça; j'avais dix ans, j'avais un rêve, peut importe les obstacles, je suis rendue là. C'est un peu l'histoire qu'on veut raconter aux gens aussi. Ça se peut! »
Ton personnage développe une grande complicité avec celui de Nico. « Avec Nico, c'était cool! C'est tellement un bon prof et un bon danseur, il connaît sa matière. C'est un acteur naturel, il savait quoi faire, mais ce n'était pas son premier tournage. On se rassurait. Quand on dansait, je savais qu'il allait bien me soutenir, et la même chose, dans une scène où il faut s'embrasser ou quelque chose, il sait que je ne me pâmerai pas sur lui, que c'est un travail. Avec Charles-Olivier, le réalisateur, on a pu se donner une confiance mutuelle. J'ai découvert un réalisateur, mais aussi un ami à travers ça. »
La danse ajoute un degré de complexité à un plateau de cinéma qui est déjà chargé! « Pour danser, on avait les micros dans les cheveux, c'était très complexe! Parfois il y avait deux ou trois caméra en même temps, parfois ma doublure faisait les scènes de loin, moi je faisais les scènes de proche... Vouloir tout réussir et tout finir à temps, c'est un peu comme le stress des auditions dans le film! Et il faut arriver à garder la même énergie à chaque scène, à chaque prise, même si c'est exigeant physiquement. »
Nico Archambault est à même de constater le défi qu'a dû relever Mylène St-Sauveur pour intégrer la danse à son jeu. « C'était un gros défi en très très très peu de temps. Mylène travaille bien, elle travaille intelligemment. Chaque fois qu'on répétait la chorégraphie, il y a une couche de polissage qui se rajoutait, des erreurs qui s'enlevaient... Moi je travaillais avec mon épouse, qui est ma partenaire de chorégraphie, et sur le plateau c'était elle qui était la chorégraphe en chef. Elle a beaucoup étudié comment Mylène bougeait naturellement, comment elle marche, comment elle porte ses épaules, et on s'est servi de ça pour créer les chorégraphies. C'est pour ça qu'il y a beaucoup de déséquilibres dans la chorégraphie, de bras déconstruits. »
Lui-même a dû se consacrer au jeu à proprement parler. « Je me suis bien préparé avant de commencer à tourner, surtout au niveau de la méthode de tournage; comment se retrouver même si on tourne dans le désordre, pour que l'évolution du personnage soit logique. Mylène était une ancre solide à laquelle je pouvais m'accrocher et rebondir. La façon dont Charles-Olivier travaille aussi, c'est très naturel, pas forcé. Fallait pas que j'apprenne le texte par coeur et que je débite les lignes, on discutait, on s'appropriait le texte. Ça m'a aidé à être le plus naturel possible. »
Il faut aussi créer des chorégraphies qui s'adapteront bien au tournage cinématographique. « C'est une réalité différente. C'est très intéressant d'ailleurs, parce que la caméra permet certaines choses que tu ne peux pas te permettre sur la scène. Parfois il y a des ellipses ou des timings qui ne marcheraient jamais dans la vraie vie que tu peux te permettre avec la caméra et le montage. Ce qui est intéressant, c'est que la caméra permet d'être plus intime avec les mouvements. »
« On a essayé de travailler avec la caméra comme étant un partenaire supplémentaire de la danse. Le danger par contre, c'est qu'autant la caméra peut amplifier ce qu'on fait en danse, elle peut aussi venir enlever de l'énergie, de la hauteur, de la beauté au mouvement. »
Montréal a-t-elle une grande culture de danse et de danseurs? « On a des très bons danseurs de tous les styles au Québec. Même dans les années 80, Montréal était une plaque tournante pour la danse. Dans le film, on retrouve principalement un mélange de danse contemporaine, un petit peu de néo-classique, beaucoup de hip hop avec toutes ses déclinaisons - beboing, poppoing, locking, house dancing, etc. C'était important pour moi de ne pas se limiter à un seul style parce que pour moi, en tant que danseur qui a évolué, qui s'est entraîné à Montréal, j'ai été soumis à plein de styles différents. Je trouvais ça important de montrer ça dans le film. »
Le film est pourtant près de la réalité québécoise. « Un film québécois, ça nous ressemble plus, c'est plus près de notre culture. Il y a un côté très terre-à-terre qui est propre au peuple québécois en général. Une simplicité, qui est aussi dans le film. On est plus près de la vie des danseurs plutôt que d'aller gagner seulement le trophée. » On les voit travailler. « Il y a de la sueur, c'est du vrai linge de répétition. »
« En tant que danseur, je ne me reconnais pas dans les films américains comme Step Up, Save The Last Dance, tout ça, ça reste beaucoup en surface, ça manque de véracité. Par contre, ce qui est bien - et c'est la même chose avec les émissions de télévision - c'est que ça contribue à ouvrir l'esprit des gens et à leur faire découvrir la danse. Il y a peut-être plus de gens qui vont être d'accord pour que leurs enfants prennent des cours de danse. »
Le réalisateur Charles-Olivier Michaud est d'accord. « Il y a un intérêt pour ça ici, il y a une passion pour ça au Québec. C'est un film qui s'adresse aux gens qui aiment la danse, qui s'adresse aux jeunes. Il y a un côté vraie vie au film, de la façon que c'est filmé, que c'est dit. Les jeunes sont capables de mieux s'identifier qu'avec les caricatures de d'autres films qui sont faits ailleurs. Ici, il y a quelque chose de vrai. »
« La trame sonore est toute originale. J'aime le hip hop, j'aime le funk, et j'avais une trame sonore très précise dans ma tête. Je voulais que la musique soit vraie, que ce soit un vrai drum, une vraie basse, de la vraie guit, du vrai piano. Le compositeur Mario Sévigny a embarqué à fond là-dedans. La musique est de grande qualité. »
L'apport de Nico Archambault à ce réalisme est sans doute considérable. « Au scénario, il a ajusté certains détails. Les auditions, ça se passe comme ça pour vrai. Il a ajouté son expérience à lui pour emmener une vérité au film qui aurait été impossible à avoir si on ne l'avait pas eu avec nous. Grâce à l'implication de Nico, on a eu accès à des danseurs difficiles à rejoindre de l'underground de la ville, qu'on n'aurait jamais pu convaincre sinon, même en leur offrant de l'argent. »
Il devait cependant apprendre à jouer la comédie à travers un personnage. « C'est un gars qui s'exprime avec son corps, alors ce n'est pas trop loin. Il y avait quelque chose de vrai en lui, donc il était capable de passer des émotions à travers son personnage. Pendant qu'on préparait les plans, on répétait. »
Mylène St-Sauveur devait aussi porter le film sur ses épaules. « Mylène est une actrice super mature, super intelligente, super belle. C'est l'actrice principale du film, elle est dans toutes les scènes ou presque, et il n'y a pas beaucoup d'actrices qui auraient été capables de faire ce qu'elle a fait. Un tournage comme celui-là, c'est un sprint, un marathon, on tourne vite, on tourne beaucoup. Ça prenait quelqu'un qui était jeune pour tenir le rôle, mais qui était capable de tenir la pression. Mylène avait cette maturité-là. »
Sur le rythme prend l'affiche dès demain à travers le Québec.