Le réalisateur Marc Bisaillon présente cette semaine son deuxième long métrage, intitulé La vérité. Le film prend l'affiche près de quatre ans après la sortie La lâcheté, le premier film d'une tétralogie sur la conscience coupable qui se poursuivra avec un troisième volet intitulé L'amour.
La vérité raconte l'histoire de deux amis d'enfance qui, coupables d'un homicide involontaire commis un soir de fête, doivent vivent avec les tourments de leur culpabilité. Pierre-Luc Lafontaine, Émile Mailhot, Juliette Gosselin, Geneviève Rioux et Denis Trudel forment la distribution du film
« C'est un film sur l'adolescence mais ce n'est pas un film adolescent, donc qui peut toucher les adolescents et leurs parents. C'est une histoire pour ça. C'est un film sur un dilemme moral, une histoire qui pourrait arriver à n'importe quel ado qui se met à faire des conneries. On en a tous fait! », débute le réalisateur.
« On dirait que la conscience coupable est un thème qui m'obsède. Je ne m'étais pas questionné là-dessus au départ. C'est sur la conscience coupable mais aussi sur le silence : le premier film parlait du silence du témoin, le deuxième parle du silence du coupable, le troisième parlera du silence de la victime et le quatrième du silence de la loi, peut-être. »
Ce sont surtout des histoires tirées de faits divers, dans les journaux... « Je choisis des histoires qui m'ont touché au départ, cette fois c'est une anecdote que quelqu'un m'a racontée. Je ne suis pas à éplucher les journaux à la recherche de sujets, il y a quelque chose qui m'appelle. Il faut que l'histoire me touche assez pour accepter les critiques, recommencer, vivre avec pendant des années... »
Ce tournage était-il très différent de celui du premier film? « J'aime beaucoup les mouvements de caméra, et dans La lâcheté il y en a beaucoup. Le film est entièrement sur rails, d'ailleurs personne ne s'est rendu compte que la caméra bougeait quasi-toujours dans ce film là. La vérité est filmé entièrement à l'épaule. On suit les gens, toujours en mouvement. »
« Cette fois-ci, c'est un tournage plus léger, parce que La lâcheté on l'a tourné en 35mm mais avec un tout petit budget, donc on avait une super grosse caméra, on avait pas le choix d'utiliser les rails, tandis que là on a tourné avec une Red, beaucoup plus légère, on pouvait l'avoir à l'épaule tout le temps. »
Les comédiens ont la tâche de rendre plausibles les dialogues et les situations. Tenez-vous à ce que les dialogues écrits dans le scénario soient respectés? « C'est sûr que moi, ce qui m'intéresse le plus, c'est ce qui se passe à l'écran. C'est bien rare, quand on tourne, que j'écoute que ce que les acteurs disent. Je veux savoir ce qu'ils vivent. Quand la scène est réussie, parfois la scripte me dit qu'il manque un ou deux mots ou une phrase, mais je m'en fous, tant que l'émotion est là. »
Cette émotion apparaît-elle au fil des répétitions? « Les répétitions c'est plutôt pour cerner le personnage que pour le jeu. Moi je n'apprends pas aux acteurs à jouer, je présume qu'ils le savent, c'est leur job. Eux, ils savent jouer, pas moi, alors je ne joue jamais la scène à leur place. »
Y a-t-il toujours de la place pour le cinéma d'auteur dans les salles québécoises? « Je ne sais pas si je fais un film d'auteur, je suis plutôt d'accord avec François Truffaut qui disait qu'il faut regarder les films d'un cinéaste par rapport à l'ensemble de son oeuvre à lui et non par rapport à ce qui sortait cette année-là. Moi, j'en ai juste fait deux, je n'ai pas encore d'oeuvre, donc je ne fais pas de cinéma « d'auteur », je fais le cinéma que moi je fais, et quand j'aurai fait cinq films, il faudrait les voir par rapport aux autres. »
Mais il s'agit encore de rejoindre des spectateurs. « J'ai toujours le sentiment de vouloir faire un film qui va rejoindre le plus large public, comme tout le monde d'ailleurs. Mais je ne fais aucun effort dans ce sens-là, sauf d'essayer que les acteurs soient bons, que les images soient belles et que l'histoire se suive. C'est mon gros effort. »