La Saint-Valentin, cette fête purement commerciale que chaque année les couples heureux se doivent de célébrer (par tradition et par insistance féminine), est une occasion toute désignée pour une sortie au cinéma. Et la comédie romantique ou le drame sentimental s'avèrent la plupart du temps le choix le plus judicieux et le plus populaire - surtout qu'une semaine plus tôt la douce a sagement écouté le Super Bowl avec son chéri sans ronchonner, c'est donc à son tour de se prêter au jeu; rien n'est gratuit. Le pauvre homme doit donc souffrir 90 minutes de minouchage, de calinage et de gossage amoureux pendant que sa belle rehausse ses espérances romantiques.
Les résultats impressionnants de The Vow au box-office nord-américain la fin de semaine dernière - 41 millions $ - ont prouvé que la classique histoire d'amour - un homme et une femme qui s'aiment éperdument, mais qui doivent affronter des épreuves imprévues pour finalement vaincre dans l'adversité et faire régner l'amour pour l'éternité - est toujours une valeur sûre, et ce, même si la plupart des critiques sont mitigées. This Means War, qui est à l'affiche depuis vendredi, s'est vraisemblablement donné la mission de plaire autant aux hommes qu'aux femmes. Le film a décidé de mélanger une part égale d'action, d'humour (vulgaire, mais approprié) et de romantisme (pas aussi débilitant que celui véhiculé par son opposant). Mais est-ce que les femmes sont prêtes pour des trivialités et des coups de fusil à la Saint-Valentin? Les hommes les convaincront-elles au compromis?
Bien que les A Walk to Remember, Dear John, P.S. I Love You, The Notebook de ce monde (je me limite à quatre, mais je pourrais poursuivre pendant des lignes et des heures) restent des choix tout désignés, ils sont, la plupart du temps, la source d'une souffrance aiguë chez la gent masculine. Les producteurs de This Means War ont compris ce malaise, cette douleur sourde associée aux drames sentimentaux chez les cinéphiles masculins, et ont décidé d'offrir une comédie d'action avec sa part respectable de romance pour que les souvenirs associés à la Saint-Valentin 2012 ne soient pas remplis que de « Je t'aime comme tu es, malgré les obstacles de la vie, les regards d'autrui et l'incompréhension de notre patrie. »
Cette aspiration noble de vouloir plaire aux deux sexes en est une fort louable, certes, mais les scénaristes, réalisateurs et autres artisans ne doivent pas perdre de vue l'essentiel de cette fête - dont le porte-parole est un chérubin en couche (il est toujours bon de se le rappeler) -; l'amour. Il n'a pas besoin d'être rose bonbon ou déchirant, mais il se doit d'être sincère. La chimie entre les acteurs principaux est élémentaire pour parvenir à capter et garder l'attention du public féminin. On peut être vulgaire, violent, choquant, inconséquent même, mais si on décide d'être faux, hypocrite, la partie est perdue d'avance.
Lorsqu'on prend le temps d'analyser les films sentimentaux qui ont pris l'affiche autour de la Saint-Valentin ces dernières années, on remarque rapidement qu'ils sont généralement assez traditionnels. On peut affirmer que Valentine's Day, Hitch, Just Go With It, He's Just Not That Into You, Definitely, Maybe, Sweet November, Message in a Bottle, How to Lose a Guy in 10 Days (ce dernier pourtant excellent) ne possèdent pas une volonté transparente de plaire aux deux instances du couple.
En se fiant à ces résultats des dernières années et aux recettes considérables qu'est parvenu à cumuler The Vow la fin de semaine dernière, il semble bien que le classicisme a toujours préséance sur l'innovation, surtout lors de cette fête tellement ancrée dans les traditions qu'on ne pourrait oser la négliger. Même si This Means War avait de bonnes intentions - plaire aux deux sexes -, il serait surprenant qu'il parvienne à son premier week-end à devancer le drame romantique de Michael Sucsy, déjà un classique de la Saint-Valentin avant même sa première semaine complète en salles.