Dans le cadre de la sortie de Potiche, le plus récent film de François Ozon, nous avons rencontré Judith Godrèche en début d'année à Paris pour parler du film, dans lequel elle donne la réplique à Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu et Karin Viard. L'actrice de 38 ans, qu'on a vue récemment dans Fais-moi plaisir! et qui a des ambitions de réalisatrice, dit qu'elle choisit ses projets selon le réalisateur qui doit la diriger. « Dans mes choix, c'est vraiment le réalisateur qui compte et pas vraiment le scénario. Je trouve qu'il y a des réalisateurs qui vous filment en train de traverser la rue et c'est du cinéma, et d'autres qui vous filment et ça raconte rien. »
« François Ozon, c'est quelqu'un qui est toujours dans une énergie, qui est toujours en mouvement, qui est assez impatient, on le sentiment qu'il veut déjà que ce soit fini alors que ça n'a pas commencé. Sur le plateau, il tient vraiment son plateau, il a un côté très directif, très « capitaine de bateau ». Il a un peu besoin de personne, on se demande même pourquoi il a une équipe. C'est un réalisateur féministe quoi qu'il arrive, puisque c'est un réalisateur qui fait des films sur les femmes. Il n'y en a pas tant que ça, et que sa démarche est naturellement féministe. »
Dans le cas de Potiche, le scénario s'est avéré aussi convaincant. « C'est vraiment très rare de rire en lisant un scénario, parce qu'un scénario c'est assez particulier. Ce n'est pas aussi facile à lire qu'un roman. Même si on arrive à imaginer le film, on ne prend pas beaucoup de plaisir à lire un scénario, c'est plutôt un outil. Et là, le scénario était très drôle. »
Dans un contexte de travail, surtout dans le cas d'une comédie, peut-on s'amuser tout en travaillant? « C'est difficile de ne pas rire avec Gérard Depardieu sur un plateau, très difficile. Alors, de toute façon, s'il y avait pas la place, y'avait pas le choix. Il y avait une ambiance très rieuse et même moi, quand j'arrivais sur le plateau le matin avec mes cheveux, les gens avaient envie de rigoler. »
« C'est mon troisième film avec Gérard et je connaissais déjà très bien Luchini parce qu'il a beaucoup travaillé avec Benoit Jacquot, avec qui moi j'ai vécu. La véritable inconnue pour moi c'était vraiment Catherine Deneuve, et je m'en étais fait vraiment tout un monde, j'étais très impressionnée et inquiète à l'idée de la rencontrer. Il y a peu de gens dont je peux dire ça, mais c'est quelqu'un dont j'admire vraiment la personnalité. Elle a une liberté en tant que femme, une vraie force de vie. C'est quelqu'un de très indépendant, qui dit ce qu'elle pense. Elle n'est pas dans le consensuel, quoi, ni dans la séduction. »
Le film aborde le cas de la libération des femmes dans les années 70. Croyez-vous que la reconstitution d'époque facilite le commentaire social? « En tout cas, le film n'aurait pas été aussi drôle s'il avait été contemporain. Le côté film d'époque, la distance avec ces années-là, d'une certaine façon c'est un film assez militant. Un film qui est drôle à cause du rapport à l'époque. Les femmes y ont vu un film féministe et que ça leur a plu, mais que le public en général y va pour s'amuser. »
Potiche prend l'affiche dès demain.