François Cluzet, qu'on a vu récemment dans Intouchables, 11.6 et Do Not Disturb, tient le haut de l'affiche du film En solitaire, de Christophe Offenstein, qui prend l'affiche au Québec ce vendredi. Il y incarne Yann Kermadec, un skipper qui participe au Vendée Globe, une course du monde en voilier sans escale et sans assistance. Au cours du voyage, un jeune immigré illégal monte sur son bateau, ce qui risque de le faire disqualifier.
Il s'agit d'un rôle physique pour l'acteur de 58 ans, qui se dit habitué aux rôles plus cérébraux. « Quand je rêvais de faire ce métier, en classe, à l'école, je faisais toujours des fausses bagarres, je pensais que le cinéma allait m'offrir que des rôles physiques. Finalement, le cinéma, pendant très longtemps, ne m'a offert que des rôles intellectuels. J'ai quand même toujours pensé, puisque je viens du théâtre, qu'un acteur c'est d'abord un corps. Le jeu n'est pas une histoire de tête, mais une histoire d'organes. »
« Un coup de foudre ne se joue pas cérébralement, il se joue avec le coeur qui bat davantage, avec le souffle qui se coupe, avec quelque chose dans le ventre. Les choses doivent partir du plexus pour atteindre le plexus, et pas de la tête pour atteindre la tête. Les braies émotions sont physiques. »
« J'étais content quand on m'a proposé Ne le dis à personne, où j'avais un rôle très physique, et encore plus avec En solitaire, parce que j'avais peu de texte, tout était une histoire de maniement, d'instruments, de courir à l'avant du bateau, de rapidité, de mobilité. C'était quand même assez surprenant de tourner ce film après Intouchables, qui était physique, pourtant, mais avec un corps immobile. »
« Ce qui m'a rassuré aussi c'est que ce rôle n'est pas le rôle d'un jeune homme, les skippers ont souvent 50 ans et plus, la plupart sont des types très aguerris, très expérimentés, où l'athlétique compte moins que l'intuition. »
Avez-vous ressenti une fascination pour la mer? « J'ai ressenti, peu ou prou, la fascination de l'élément. Je pense qu'on aurait pu faire le film sur le toit du monde, l'Everest, ça aurait été un peu les mêmes conditions, mais j'ai compris cette idée d'être dans une position précaire sur une petite coque de noix au milieu de l'océan, avec cette volonté de faire le tour du globe le plus rapidement possible, cette fascination d'un élément qui nous dépasse. C'est bien ça l'attrait qu'ont ces skippers, de faire face à un élément imprévisible. »
Le tournage s'est déroulé en mer, au large des côtés, dans des conditions nécessaires difficiles. « Tous ceux qui étaient à bord se retrouvaient comme un noyau, on était dix-huit, mais on était qu'un seul, finalement, face à l'élément. On n'était pas compétitif, face à la mer, on dépendait tous des vagues et du vent. »
Ce qui oblige d'autant plus une bonne préparation. « On a tout ce travail en amont, pendant deux ou trois mois, où j'essaie de poser toutes les questions psychologiques sur le personnage, pour essayer de définir avec le metteur en scène les émotions, tout ce qu'il y a dans la partition et tout ce qu'il veut obtenir de moi. Il y a aussi un travail sur les dialogues, le cinéma n'est pas une histoire de dialogue, donc si on peut enlever des dialogues au profit du corps, c'est toujours mieux. C'est beaucoup de travail et de discussion. »
Distribué par Métropole Films, En solitaire prend l'affiche demain.